Parce que l’Île-de-France est le 1er désert médical du pays, les municipalités se mobilisent pour attirer de nouveaux médecins et lutter contre ce phénomène. Aides financières à l’installation, création de maisons médicales, loyers à tarifs modérés… À SQY notamment, les Villes mettent en place diverses mesures pour tenter de faire venir des praticiens car l’attractivité d’un territoire est un des critères essentiels à leur installation. Nous avions notamment déjà évoqué précédemment le cas de la Maison de santé pluriprofessionnelle Simone Veil aux Clayes-sous-Bois, ouverte depuis près d’un an dans un ex-bâtiment de la sécurité sociale racheté par la commune, ou encore la mise en place par la municipalité de Maurepas d’aides à l’installation (10 000 euros en investissement et 5 000 euros annuels pendant 3 ans en fonctionnement). Plus récemment, d’autres solutions encore ont émergé dans des villes alentours.

À Voisins-le-Bretonneux, le cabinet médical de la Grande Île, auparavant propriété d’un promoteur privé, a été racheté par la municipalité qui espère attirer des médecins généralistes. Jointe par La Gazette, Jeanne Danion, conseillère municipale déléguée à la santé, explique les enjeux de ce rachat.

Le cabinet médical racheté par la commune est situé au 58 avenue de la Grande Île, à Voisins.

« Il y a eu une délibération lors du précédent conseil municipal [du 29 septembre dernier] et la date de l’acquisition par la Ville du cabinet médical de la Grande Île vient de tomber. En principe c’est prévu pour le 12 novembre. Une promesse de vente avait été signée le 11 juillet 2025 », débute-t-elle.

Pour un montant de 390 000 euros, avec des subventions obtenues de la part de la Région (dont le montant n’est pas encore connu, Ndlr) et de l’agglomération de SQY à hauteur de 150 000 euros, la ville de Voisins espère attirer deux médecins généralistes supplémentaires au sein du cabinet dont les locaux sont flambants neufs. Car, en 2023, le cabinet médical comptait deux médecins généralistes mais l’une des deux, Nadège Guillard, a décidé de quitter l’établissement (lire notre édition du 21 octobre). « Nous avons décidé de racheter ce cabinet médical qui a une pharmacie attenante car le promoteur, pour des raisons qui lui sont toutes personnelles, a décidé de le vendre. Cela faisait déjà assez longtemps, plusieurs mois voire plus d’un an, qu’il souhaitait vendre. Donc on s’est positionné sur ce rachat avec l’intention, bien évidemment, d’attirer deux autres médecins généralistes », poursuit la conseillère municipale.

Une mesure qui vient compléter l’aide financière de 5 000 euros, mise en place depuis 2022 pour tout praticien s’installant dans la commune. « Et puis pour toute personne nouvellement installée, on peut les aider sur Voisins dans l’inscription au sein des écoles par exemple », explique-t-elle.

Actuellement, au sein des 3 cabinets médicaux disponibles, seul un médecin exerce. « Il y a déjà un praticien, le docteur Ridha Belkacemi. Mais ce serait bien pour lui et les patients qu’il y ait 2 autres médecins généralistes car il prend encore de nouveaux patients mais il commence à saturer, indique Jeanne Danion. Donc c’est la raison pour laquelle on fait tout ce qui est possible avec nos différents contacts – que ce soit avec la faculté de médecine [de l’UVSQ], avec l’IPS (Institut de promotion de la santé) de SQY, avec nos réseaux – et toutes les personnes avec qui nous pouvons échanger à ce propos pour essayer de faire en sorte d’avoir des médecins, rapidement ».

L’idéal pour la Ville serait que les médecins attendus s’installent avec une patientèle non constituée, même s’il n’est pas possible de refuser un médecin qui a déjà ses propres patients. « Ce que l’on souhaite c’est que les Vicinois soient prioritaires, mais si quelqu’un vient d’une autre ville, le médecin se doit de l’accepter », précise l’élue.

Concrètement, le rachat de ce cabinet médical va permettre à la commune de proposer des loyers à un tarif très avantageux. « Ils étaient beaucoup trop élevés avec le promoteur, donc nous, au niveau de la Ville on propose un loyer moindre, 10 euros par m². Cela fait des loyers qui sont quand même très attractifs », mentionne Jeanne Danion.

Pour l’instant, même si aucun nouveau professionnel de santé n’a encore intégré la structure, la Ville a déjà reçu quelques candidatures. « On a eu une piste, et puis finalement, la personne s’est désistée parce qu’elle venait d’accoucher de son 3e bébé et donc elle n’envisageait pas de reprendre tout de suite une activité », nous livre-t-elle. Mais elle assure que la municipalité avance : « Lors du tout 1er salon de la santé de SQY [organisé le 1er octobre dernier au pavillon Waldeck Rousseau, à Guyancourt], j’ai rencontré une personne ».

Des annonces et des communications sont faites par la commune. « Nous sommes bien au fait de la difficulté, que l’on essaie de travailler le plus possible, matin, midi et soir, pour que cette acquisition réponde bien à un besoin identifié en matière d’accès aux soins pour la commune », mentionne l’élue.

Pour rappel, à Voisins, un médecin généraliste exerce dans le quartier de la Bretonnière, ainsi que trois autres dans le quartier du centre village. Malgré cela, la municipalité doit trouver des personnes intéressées pour intégrer le cabinet médical de la Grande Île car « on a un médecin qui exerçait sur le centre d’affaires Actipôle (situé avenue Joseph Kessel, à la limite avec la commune de Montigny, Ndlr) qui vient d’annoncer son départ », conclut-elle.

À Montigny-le-Bretonneux, la Maison de santé pluriprofessionnelle universitaire (MSPU) Jacques Prévert, existant depuis 2020, s’étend afin de permettre l’accueil de 3 professionnels de santé supplémentaire en 2026, dont un médecin généraliste. « La création de 2 nouveaux cabinets permettra les installations d’un nouveau médecin généraliste ouvert à une nouvelle patientèle, d’un interne de médecine générale en dernière année d’études qui ne pourra pas encore se déclarer médecin traitant, et d’une sage-femme supplémentaire, précisait la commune fin août sur son site internet. Ces créations interviendront dans un contexte particulier concernant la formation des médecins généralistes. Leur durée d’internat passant de 3 à 4 années en 2026, aucun nouveau médecin généraliste ne sera diplômé l’an prochain. »

La MSPU de Montigny accueillera en 2026 « un nouveau médecin généraliste ouvert à une nouvelle patientèle » et « un interne de médecine générale », ainsi qu’une sage-femme supplémentaire.

Ces nouveaux praticiens viendront s’ajouter à une équipe déjà composée de 11 professionnels de santé dont 8 généralistes, selon le site Doctolib. Une délibération concernant cette MSPU avait été votée en conseil municipal le 30 juin dernier, actant une demande de subvention de 83 000 euros à l’agglomération de SQY, sur un coût total de 235 000 euros pour les travaux d’extension. Suite à une question de l’élu d’opposition François André, du groupes Aimes, le maire DVD, Lorrain Merckaert, a assuré que « ce sont bien 2 médecins supplémentaires qui vont venir dans la maison de santé », et « pas un déplacement » de praticiens exerçant déjà dans la ville. Et l’édile de souligner que Montigny est « dans les villes les moins carencées de SQY ».

Et cette MSPU y est pour quelque chose puisqu’elle absorbe tout de même 15 000 patients, pour une commune d’un peu plus de 32 000 habitants. Eric-Alain Junes, adjoint ignymontain à la citoyenneté et à la sécurité et lui-même médecin généraliste à Montigny (il est membre de l’AM3V, l’Association des médecins des 3 villages, à l’initiative de la création de la MSPU) a rappelé lors de ce même conseil l’importance qu’a cette MSPU depuis 5 ans pour apporter une réponse au besoin d’étoffer l’offre de soins.

« Lorsque l’on a commencé à réfléchir à l’offre de soins et à la pérennité de l’offre de soins sur la ville, on savait très bien qu’il faudrait du sang neuf, et les médecins qui ont mis en place cette structure savaient qu’ils prendraient leur retraite dans les années qui suivraient son ouverture, a-t-il affirmé. Donc la congruence qu’il y a entre cette maison de santé et l’université (l’UVSQ, Ndlr) permet de récupérer des étudiants qui sont devenus nos internes, et ensuite de les sédentariser dans des cabinets. C’est ce qui se passe à chaque fois qu’un médecin prend sa retraite, un jeune prend sa place, car c’est une filiation, ce sont nos étudiants qu’on suit et qu’ensuite on installe […] ».

« Montigny fait vraiment exception dans les différentes maisons médicales, loue-t-il. Il y a une certaine carence aujourd’hui dans l’offre de soins aujourd’hui qui est liée à des politiques en matière de formation des médecins qui sont calamiteuses. […] On a donné il y a 20 ans ce qu’on appelait le Mica (Mécanisme d’incitation à la cessation d’activité, Ndlr). On donnait un pactole aux médecins : un départ à 58 ans et une retraite à taux plein, et ils s’engageaient à ne plus jamais faire une ordonnance. […] Aujourd’hui, la sécurité sociale me supplie de rester quelques années de plus et est prête à m’aider à recruter du personnel pour ce faire. »

Et de poursuivre : « Moi, ma file active de patients c’est 1 600 patients. Un médecin, c’est 1 600 patients aujourd’hui, et on nous demande de faire plus. […] Heureusement qu’il y a l’université qui permet d’avoir ce vivier. On avait dit à l’époque ‘‘Ce sera une pouponnière à docteurs cette maison de santé’’. Je crois qu’aujourd’hui, on peut dire que le contrat est rempli. »