Il reste encore quelques travaux à faire, et des étagères à monter. Dans l’ancien local de l’agence de voyage Selectour, non loin du siège de l’agglomération, la future école Montessori, de son vrai nom association École Montessori main dans la main, a pris ses quartiers en juillet dernier à Trappes. Et elle n’a pas encore fini de s’installer. Pourtant la rentrée scolaire approche. Cette école privée, hors contrat, doit accueillir le 2 septembre, jusqu’à 21 élèves entre 3 et 6 ans, qui seront réunis en une seule classe, mélangeant ainsi les trois années de maternelle.

C’est l’un des rudiments de cette école à la pédagogie alternative. Créée en 1907 par Maria Montessori, cette méthode d’éducation a inspiré les sept parents d’élèves à l’origine de l’ouverture de l’établissement. En mars dernier, ils se sont regroupés en raison de soucis au sein d’autres écoles montessoriennes, à savoir celle de Montigny-le-Bretonneux et celle du Mesnil-Saint-Denis, cette dernière ayant fermé.

Il y avait « des problèmes de direction et de compréhension de la pédagogie », évoque Julien Chidiak, vice-président de l’association École Montessori main dans la main de Trappes. Et Annaële Dehillotte, co-directrice et anciennement éducatrice à l’école du Mesnil-Saint-Denis, d’ajouter qu’elle aurait voulu plus « de bienveillance, et de relations humaines ». C’est pourquoi, cette association de parents a voulu un établissement en accord avec leurs attentes.

Ce n’est pas la première fois que ces écoles rencontrent des problèmes avec les parents d’élèves. Dans une enquête révélée par Franceinfo en mai 2019, deux mères de famille parisiennes ont été déçues au bout de quelques mois. « À les entendre, c’était une atmosphère de cour de récréation permanente », peut on lire sur le site internet du média français.

Alors en quoi consiste une école Montessori ? Contrairement à la maternelle, dite classique, elle diffère dans son organisation. Les enfants n’ont pas de récréation le matin et l’après-midi. À la place, ils doivent consacrer deux fois 2 h 30 à du travail autonome. « Cette longue plage horaire va permettre à l’enfant de se concentrer et de se mettre progressivement dans le travail suivant son rythme », explique Annaële Dehillotte, également éducatrice.

Et à l’inverse des programmes scolaires classiques, « on ne fait pas 1 heure de français puis 1 heure de mathématiques », compare l’éducatrice de Trappes. L’enfant choisit l’atelier, accompagné de son matériel, qu’il a envie de travailler, après que l’enseignant lui ait présenté l’exercice. « C’est un travail autocorrectif », explique-t-elle. Par exemple, pour apprendre à compter, il va solliciter le toucher, pour comprendre ce que représente chaque nombre en quantité. Sur un des matériels, « le chiffre 1 ne fait que quelques centimètres, illustre l’éducatrice. Il va ainsi assimiler en mobilisant tous ses sens. »

Mais lors du passage en CP en école, dite classique, certains parents peuvent avoir peur que leurs enfants aient du mal à s’adapter à une autre méthode d’apprentissage. Annaële Dehillotte a envoyé son fils en école publique après être passé par une école Montessori, elle rassure que « ça s’est très bien passé. [Au sein de ces établissements alternatifs], on apprend aux enfants à s’adapter et à gagner en confiance, témoigne-t-elle. Et quand ils arrivent en primaire, ils savent souvent déjà lire et écrire. »

La pédagogie Montessori se répandrait d’ailleurs de plus en plus dans les écoles publiques, selon le vice-président Julien Chidiak. Il donne en exemple une école maternelle à Trappes, qui aurait intégré la méthode alternative dans son enseignement. Pour autant, les écoles Montessori demeurent toujours hors contrat avec l’État. Même si en 2015, l’association Public Montessori a été créée afin d’aider les enseignants à intégrer cette pédagogie au sein de l’Éducation nationale.

Mais pour l’instant, ce type d’école reste privé et les frais de scolarité de la future école à Trappes peuvent en témoigner. Comptez 6 000 euros l’année pour le premier enfant et 5 100 euros pour le deuxième, selon le vice-président de l’établissement. Un investissement non négligeable, que toutes les familles ne peuvent pas assumer.

Certains parents ont même dénoncé dans l’article de Franceinfo paru en mai « le décalage entre le coût de la scolarité et la prestation offerte ». C’est pourquoi, l’Association Montessori de France demande à ses écoles, adhérant à sa charte, d’avoir au moins un ou une éducatrice diplômée de l’association Montessori International. La future école à Trappes dispose de deux éducatrices diplômées sur six.