En 2024, 6 millions de Français n’avaient pas de médecin traitant, selon le gouvernement, et 87% du territoire était classé en désert médical. Un phénomène qui touche particulièrement l’Île-de-France, considéré comme le 1er désert médical du pays. Et le territoire de SQY n’est pas épargné par ce phénomène. Alors, si la politique de santé relève de la responsabilité de l’État, les Villes se mobilisent pour faire face à cette problématique. Elles mettent ainsi en place diverses mesures (aides financières, création de maisons médicales…). C’est notamment le cas à Maurepas, où le maire, Grégory Garestier (DVD), contacté par La Gazette, nous a expliqué les dispositifs élaborés par la municipalité.
Pour inciter à l’installation de nouveaux médecins la Ville a voté lors du conseil municipal de février dernier, des aides financières complémentaires à celles déjà existantes proposées par l’ARS (Agence régionale de santé). « Nous avons une aide de 10 000 euros à l’installation en investissement (en contrepartie d’un minimum d’installation de 5 ans, Ndlr). C’est-à-dire qu’on aide [les médecins] à financer l’acquisition des outils numériques, une partie des travaux, etc », explique Grégory Garestier.
« Et on propose, en plus, une aide de 5 000 euros par an pendant 3 ans, en fonctionnement, pour aider le médecin quand il s’installe à payer les charges des locaux dans lequel il exerce, ajoute-t-il. Aujourd’hui, on a un médecin généraliste qui vient d’arriver en centre-ville juste au moment où on votait la délibération. Là, il n’y a pas eu besoin du dispositif. »
Mais, selon l’élu, pour faire venir des professionnels de santé, outre le fait de proposer des aides financières incitatives, un point très important à ne pas négliger est l’attractivité d’une commune. Et pour mettre en valeur son territoire, la municipalité a développé des outils de communication consacrés à promouvoir ses atouts auprès des professionnels de santé et les inciter à venir s’y installer.
« Nous sommes en train de terminer une plaquette de communication pour faire connaître le territoire, parce que si on ne fait pas connaître les avantages [que nous avons], les jeunes médecins ne sont pas censés savoir ce qui existe. Il faut faire connaître les atouts de Maurepas en les valorisant (nombre de places en crèche, structures municipales, cadre verdoyant…), car quand vous lisez l’Atlas de la démographie médicale en France (consultable sur le site internet du Conseil national de l’Ordre des médecins, Ndlr), une des premières priorités qui fait venir un médecin sur le territoire, c’est le cadre de vie », argumente l’édile.
Et de préciser : « On a 5 médecins généralistes sur Maurepas aujourd’hui, avec pour objectif d’en attirer davantage. Mais, je le répète, il faut être sincère avec nos habitants, ce ne sont pas les locaux qui nous manquent. Ce qu’il faut, c’est faire venir des médecins. On peut construire tous les locaux qu’on veut, ce n’est pas parce que vous en avez que vous allez les attirer. Vous ne pouvez qu’inciter et non contraindre un médecin à venir s’installer dans une ville. En conclusion, je dirais que ce n’est pas un sujet simple mais il n’y a pas de baguette magique. Le principal c’est d’agir. »
Interrogé dans le magazine municipal du mois de mars 2025, le Dr Alexandre Sobotka, radiologue au centre médical Les Pyramides, situé dans la commune, voit d’un bon œil les dernières mesures mises en place par la municipalité maurepasienne en matière de santé. « Toutes les mesures qui visent à améliorer l’attractivité de notre territoire pour de nouveaux médecins sont à saluer, estime-il. Nous sommes tous conscients du déficit en médecins généralistes sur notre territoire. Nous devrons attendre encore quelques années avant que de jeunes médecins issus de la fin du numerus clausus sortent des facultés. Encore faut-il attirer ces jeunes médecins, et pour cela notre territoire doit rester attractif. Les mesures envisagées par le conseil municipal vont donc clairement dans le bon sens. »
Il rappelle aussi qu’au centre médical où il exerce, « en plus du scanner, nous avons fait l’acquisition d’une IRM grâce à un agrandissement du centre des Pyramides, permis grâce à la mairie par la modification du PLU. » « Une 2de IRM est attendue d’ici la fin de l’année, annonce le praticien. Cela participe largement à l’attrait de notre ville pour tous les praticiens de santé. »
Autre commune, avec une manière de procéder similaire, Voisins avait obtenu l’arrivée de 2 médecins généralistes en 2023 au sein de la maison médicale de la Grande Île, projet porté par un promoteur privé mais impulsé par la municipalité, qui avait voté en décembre 2022 une prime d’installation de 5000 euros. Aux Clayes, la Ville avait fait l’acquisition il y a plusieurs années d’un ex-bâtiment de sécurité sociale, avenue Jules Ferry, afin qu’y soit construit une Maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), ouverte depuis fin octobre et inaugurée le 8 mars dernier, avec en son sein 3 généralistes, un ORL, un cardiologue, une kiné, une ostéopathe, une coordinatrice (infirmière pratique avancée), une sage-femme, et des radiologues.
À l’échelle de SQY, l’Agglomération exerce sa compétence santé dans le cadre du Contrat local de santé (CLS, Ndlr), nous a rappelé François Morton (DVG), vice-président de SQY à la santé et maire de Guyancourt, joint par La Gazette. Ce CLS porte sur 3 axes de travail, dont le 3e sur l’offre de soins et l’innovation. C’est dans le cadre de celui-ci qu’entre l’attrait de médecins et l’aménagement de maisons médicales. « Historiquement, SQY a toujours soutenu les communes qui étaient porteuses d’un projet de MSP, qui étaient labellisées par l’ARS, affirme François Morton. À ce titre, depuis que SQY s’occupe de la santé, 4 MSP ont été ouvertes : une à Guyancourt, qui a été la 1re, une à Trappes, une à Montigny (qui est même une Maison de santé pluridisciplinaire universitaire, ouverte depuis 2020 et qui doit accueillir 2 nouveaux médecins cette année, Ndlr), et une aux Clayes-sous-Bois (celle évoquée plus haut, Ndlr). »
« Et il y a plusieurs projets encore à venir, à Villepreux autour d’un ancien centre médical, et à Trappes, un projet privé en rez-de-chaussée de la future résidence intergénérationnelle, qui sera livré début 2026 », fait-il savoir. L’élu mentionne aussi « l’accompagnement de 2 projets de cabinets médicaux (des médecins qui se regroupent pour exercer) » à Plaisir et Voisins.Il souligne aussi l’important soutien de SQY en matière est santé, citant l’exemple de la MSP des Clayes, où l’Agglomération a investi 1 million d’euros.

Mais ces structures ne règlent pas forcément le problème de l’accès aux soins, dans la mesure où, dans un certain nombre d’entre elles, on constate que les médecins s’y installent avec une patientèle déjà constituée et qu’il est alors encore difficile pour de nouveaux patients d’accéder à des consultations. « Le fait de créer des regroupements de médecins au travers de ces structures, c’est important, puisque l’on sait très bien que les modalités de travail des médecins de maintenant ne sont pas du tout celles d’il y a 10 ou 20 ans. Les médecins ont besoin d’être à plusieurs, avec un certain nombre de professions différentes, médicales ou paramédicales […]. Mais ça ne suffit pas, car ce que l’on a observé sur ces 1res MSP, c’est que ce sont déjà des médecins du territoire qui arrivaient dans ces lieux, avec leur patientèle, donc on n’augmentait pas forcément l’offre de soins », confirme François Morton.
Ainsi, SQY doit « prendre la chose très en amont », préconise-t-il, en s’appuyant sur la fac de médecine de l’UVSQ, à Montigny. « On a potentiellement un vivier important de nouveaux médecins qui pourraient s’installer sur le territoire, affirme l’élu. Donc ça veut dire qu’il faut qu’on puisse être en contacts quasiment déjà au moment des 1ers temps de formation, des 1res années d’études de médecine. »
« Comment fait-on ? Déjà, s’assurer qu’on a des gens du territoire qui se forment aux études de médecine, continue-t-il. Ce n’est pas forcément le cas, puisque lorsque l’on prend les chiffres objectifs des étudiants en médecine à SQY, on a une très faible proportion de jeunes issus de notre territoire. Ça, c’est un vrai problème, puisque l’on sait qu’un médecin, il va plutôt avoir tendance à s’installer là où il a grandi, où il a ses attaches familiales. Donc on a tout intérêt à avoir des jeunes de notre territoire, en tout cas en plus grande proportion, dans les études de médecine. C’est ce que nous travaillons à l’heure actuelle avec le président de l’université, Loïc Josseran, ex-doyen de la fac de médecine, donc très sensible à ces questions. »
Et de poursuivre : « Nous sommes en train d’essayer de concentrer l’action de SQY sur les besoins identifiés des jeunes du territoire. Ça veut dire de les accompagner dès leurs 1res années d’études de médecine, ensuite de leur trouver des lieux de stage donc des maîtres de stage dans le territoire, et puis, d’une manière plus générale, de leur faire découvrir le territoire et leur montrer à quel point il est attractif en dehors de l’exercice même de leur profession, c’est-à-dire de s’assurer qu’il y a une offre de logement, de mode de garde pour les enfants par exemple, de loisirs, de sport, de culture … Et c’est là-dessus que SQY doit pouvoir exercer sa compétence. »
À Maurepas, Grégory Garestier évoque lui aussi « un partenariat avec la faculté de médecine de SQY, qui est en cours de discussion […], avec l’objectif de permettre à des étudiants en internat de bénéficier d’une bourse d’étude en contrepartie de venir s’installer à l’issue de leurs études, à Maurepas. » L’UVSQ, fleuron du territoire et vraie source d’espoir pour l’avenir de l’offre de soins à SQY.
CREDIT PHOTO 1 : ILLUSTRATION
CREDIT PHOTO 2 : ARCHIVES