Face à la pénurie de médecins généralistes et autres professionnels de santé en France, des initiatives locales se mettent en place pour améliorer l’accès aux soins. C’est le cas aux Clayes-sous-Bois avec l’ouverture récente de sa Maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), nommée Simone Veil (lire notre édition du 26 mars 2024), après un an et demi de travaux. L’un des projets phares du mandat en cours. Attendu depuis de nombreuses années, l’établissement a ouvert ses portes le 31 octobre. La maison de santé est installée à la place de l’ancienne Sécurité sociale, au 31 avenue Jules Ferry, aux Clayes-sous-Bois, dans un bâtiment qui a été entièrement rénové.
D’un montant de 6,3 millions d’euros, la construction de la MSP est financée en partie par la Ville, et via des subventions obtenues par des partenaires comme l’agglomération de SQY (1 million d’euros), le département des Yvelines (900 000 euros) et la Région à hauteur de 250 000 euros. La Gazette s’est rendue sur place le 11 décembre pour découvrir l’établissement en compagnie de Natacha Lavabre, infirmière et coordinatrice au sein de la structure, qui dispose d’un bureau installé au niveau inférieur.
« À la maison de santé, on a trois médecins généralistes, un cardiologue et un ORL, qui est également chirurgien de la face et du cou, et une sage-femme. En janvier, on va avoir une kinésithérapeute et une ostéopathe. Donc ils seront bientôt huit et la structure peut accueillir 20 professionnels, voire plus si les locaux sont partagés », commence-t-elle.
Elle poursuit en expliquant son rôle dans l’établissement. « Moi, je suis infirmière libérale et coordinatrice de la maison de santé. Mon travail, c’est que les professionnels s’occupent essentiellement de leur métier, de leurs patients, et moi je gère l’administratif. Ça me prend 2 à 3 jours par semaine. Je gère, entre autres, les payes des secrétaires, les contrats, les petits soucis du quotidien, les travaux… je fais tout pour soulager les médecins. J’apprends beaucoup. C’est super riche. Je connais quasiment tous les professionnels de santé de la ville », s’enthousiasme-t-elle.
L’objectif principal de la MSP était de faire en sorte que les Clétiens et les habitants des villes environnantes puissent disposer de soins adaptés. « Là, on recrute encore pour pallier le manque de praticiens et ceux qui vont partir à la retraite, en priorité des médecins généralistes et des kinésithérapeutes, mais on reste ouverts à toutes propositions de spécialistes à temps plein ou à temps partiel. Sur la ville, on a quatre généralistes qui sont proches de la retraite. J’ai eu hier un rendez-vous avec une [future] kinésithérapeute qui était très intéressée pour venir. Dès qu’elle aura terminé ses études, elle viendra », précise Natacha Lavabre.
Tous les mois, des réunions de concertation pluridisciplinaire sont organisées
Car même si l’établissement a accueilli trois nouveaux médecins généralistes, deux d’entre eux sont arrivés avec leur patientèle déjà constituée. Concernant la troisième médecin qui s’est installée le 4 novembre, « son agenda professionnel est quasiment complet mais une liste d’attente à été créée. Elle va redébloquer des places dans les semaines et mois qui arrivent », rassure la coordinatrice.
Pour attirer de nouveaux praticiens, la maison de santé et la Ville se démènent. Natacha Lavabre se rend par exemple dans les facultés de médecine. Elle poste également des annonces dans le magazine de l’URPS (Union régionale des professionnels de santé). La mairie, de son côté, a également publié des annonces en ce sens. Elle va même plus loin en offrant 50 % de réduction, pendant trois ans, sur le loyer des nouveaux arrivants.
« Depuis le début, on gère et on travaille en commun avec la mairie. C’est un projet qui a été initié au départ par la mairie et ils ont tout de suite convoqué tous les professionnels de la ville pour travailler ensemble sur ce projet. Ils tiennent compte de notre opinion. Il y a des choses qu’on a fait modifier, par exemple les salles d’attentes, qui n’étaient pas forcément en adéquation avec les professionnels de santé », se réjouit-elle.
La MSP comporte quatre niveaux, dont les trois premiers appartiennent à la maison de santé alors que le dernier étage, réservé à la radiologie, sera indépendant. Au rez-de-chaussée, sont regroupés les médecins généralistes, tandis que le 1er étage est consacré à la médecine spécialisée. Au sous-sol, qui se situe au niveau -1, on trouve tout un espace dédié au personnel et aux praticiens (vestiaires homme-femme, salle de restauration, salle de réunion…). Enfin, le deuxième étage sera pour le service de radiologie. Encore en travaux lors de notre visite, ce service ouvrira dans le courant du premier trimestre de 2025. « Il regroupera différents services : radiologie, échographie, mammographie, IRM et scanner », liste la coordinatrice.
Le point névralgique du niveau -1 est la salle de réunion, qui est modulable. « Cet espace est très important pour l’ARS (Agence régionale de santé) et la Sécurité sociale, puisque le but d’une maison de santé, contrairement à un centre médical traditionnel, c’est de pouvoir collaborer ensemble. On s’est rendu compte que chaque professionnel de santé travaille dans son coin et les informations ne sont pas souvent regroupées. Or, les maisons de santé ont pour but de se réunir. Ici, on fait ce qu’on appelle des RCP (Réunions de concertation pluridisciplinaire), qui améliorent la communication et la coordination entre les différents professionnels autour d’un patient », mentionne Natacha Lavabre.
Concrètement, comment ça marche ? « Pendant une heure généralement, on s’installe et on parle des cas entre nous pour trouver des solutions pour une meilleure prise en charge. On fait des réunions tous les mois, pas forcément avec tout le monde, des fois je prends un médecin généraliste et puis l’ORL, et on fait des dossiers en commun. Ce sont les médecins ou moi qui choisissons les dossiers des patients dont on veut discuter. On se voit donc régulièrement pour faire le point sur un certain nombre de dossiers », renseigne-t-elle. Au sein de cette salle de réunion, la MSP envisage d’y organiser également des colloques thématiques.
L’établissement a été construit en respectant les dernières normes en vigueur. Dans toutes les salles du bâtiment, des lumières LED s’allument et s’éteignent automatiquement. Le chauffage de la MSP est assuré par une climatisation réversible qui procure un confort thermique toute l’année. Des panneaux solaires, qui permettent notamment de réaliser des économies pour le chauffage de l’eau, ont été installés sur le toit. Bien entendu, toute la maison de santé est adaptée aux PMR, avec des barres de maintien installées partout et la présence de deux ascenseurs.
Un parking intérieur est réservé aux professionnels de santé. Il dispose d’une vingtaine de places. Pour les visiteurs, « même si l’on est en centre-ville, la mairie a fait les choses biens. Des places de stationnement ont été créées dans deux rues (la rue Paul Langevin et la rue Jean Jaurès, Ndlr) avec un stationnement en zone bleue, ce qui permet de s’y garer gratuitement pendant 1 h 30 », ajoute l’infirmière.
Mais ce n’est pas tout, le bâtiment est doté de plusieurs connexions à Internet. La première est un réseau fibre en interne. Comme solution de repli, la structure peut basculer sur la fibre du secteur. « Enfin en troisième option, nous avons l’informaticien qui va installer Starlink (un fournisseur d’accès à Internet développé par l’entreprise SpaceX du milliardaire américain Elon Musk, Ndlr), qui octroie une connexion Internet, par satellite, à très haut débit ».
Autre atout non négligeable de la MSP, le fait que le bâtiment ait été pensé pour faire face à toutes les éventualités, y compris le retour d’une épidémie comme le Covid-19. « Au départ, ce n’était pas prévu, mais nous avons des douches. On ne sait jamais si par exemple un patient malade vient, on peut se laver facilement. Nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle épidémie », argumente-t-elle. Par ailleurs, même la structure de la maison de santé a été étudiée pour être viable en cas d’épidémie. Ainsi une entrée, une sortie, et des escaliers des deux côtés, permettent une circulation sans que personne ne se croise. « On a retenu le problème du Covid », conclut Natacha Lavabre.
Pour prendre rendez-vous à la maison de santé Simone Veil, contacter le secrétariat au 01 30 56 35 36, du lundi au vendredi de 8 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 19 h. Et le samedi de 8 h à 13 h. Certains praticiens, pas tous, proposent également des prises de rendez-vous sur Doctolib.