Elle a profité de la Semaine des achats socialement et écologiquement responsables (SASER) pour ouvrir ses portes, le 21 mai dernier. L’entreprise Yvelines logistique services (YLS) présentait son activité au sein de ses locaux de Trappes. Un entrepôt de 2 300 m²,qu’elle partage avec l’entreprise Yvelines distribution services (YDS), société de dépôt de presse traitant 1,5 million d’exemplaires de presse tous les mois, qui partent en livraison chez des marchands de journaux.
« Mon mari a racheté le dépôt de presse il y a un peu plus de 6 ans, et nous, on s’est dits qu’on aimerait bien créer une entreprise adaptée », explique Claire Aussant, directrice générale d’YLS, qu’elle a créée il y a 3 ans et demi et qu’elle dirige avec son fils Thomas. Nous est venue l’idée de créer une entreprise adaptée spécialisée dans la logistique. Alors bien sûr, pour diversifier nos activités, mais aussi pour créer de l’emploi pour des personnes fragiles. Nous réalisons des activités de logistique et de transport qui vont du stockage à la livraison, en passant par des activités de tri, de conditionnement, de préparation de commande, et aussi des activités point relais. […] Les 1ers salariés d’YLS ont commencé à travailler sur les chaînes invendues, sur le tri des invendus, et sur la livraison du Monde. »
Le Monde, journal du soir et seul journal livré par YLS (via des partenaires transporteurs) et non YDS. Car YLS, entreprise adaptée comptant aujourd’hui une trentaine de salariés, emploie 75% de personnes en situation de handicap. « On se doit d’avoir 55% de personnes en situation de handicap, c’est un agrément d’État », rappelle Claire Aussant, qui est donc bien au-delà de ce seuil chez YLS, et souligne qu’il n’y a que 800 entreprises adaptées en France.
La directrice générale mentionne des handicaps psychique, sensoriel, physique, et « beaucoup de gens cassés par la vie par leur travail d’avant, qui ont eu des métiers durs et on une RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, Ndlr) » parmi ses effectifs. Ainsi, pour ce type de salariés, le reste de la presse posait davantage de difficultés. « C’est compliqué, la livraison ou la nuit ou tôt le matin, on ne pouvait pas mettre des salariés en situation de handicap sur ces activités concède-t-elle. Par contre, Le Monde, c’est très bien car c’est le jour, en début d’après-midi, entre 13 et 15 h 30. »
Parmi les personnes travaillant chez YLS, Emmanuelle, 38 ans, arrivée il y a près de 2 ans après avoir exercé dans de grandes administrations de la fonction publique à Paris. « C’était un autre environnement », avoue cette femme atteinte de handicap psychique, et qui souhaitait changer de secteur d’activité. Je cherchais du travail, et je suis tombée sur cette société [YLS], qui recrutait. » Depuis son embauche, elle a notamment réalisé « beaucoup de tri, scan de colis », parfois « un assemblage de pochettes, [ou encore] des conditionnements », liste-t-elle notamment, assurant se plaire au sein de cette société. Au point de souhaiter l’intégrer en CDI, alors que son contrat actuel (un CDD tremplin de 2 ans) prend fin en septembre.
YLS réalise aussi des activités de livraison, notamment de pharmacies, et aussi de start-ups, comme par exemple via la collaboration avec l’entreprise adaptée Sifu. « Leur marque, c’est Refruiting, et on livre des fruits en entreprise, fait savoir Claire Aussant. On a des tournées le lundi, le mardi et le mercredi, et on va jusqu’au bout du 77 pour aller faire des livraisons en entreprise. » Autre société partenaire : l’entreprise yvelinoise Ma bonne étoile, qui produit des contenants réutilisables. YLS réalise le conditionnement de ces produits.
Des salariés de YLS sont aussi affectés à l’assemblage de pochettes incluant un magazine + un jouet, que l’on peut trouver dans les libraires, les kiosques … « Ce sont des invendus qui ont été triés à un moment donné, comptabilisés, et on va leur donner une 2e vie en les mettant dans une pochette, avec un magazine neuf », précise Claire Aussant.
YLS effectue également de la livraison de pains dans les magasins bios, et assure une fonction de point relais B to B, et dispose de 2 salariés s’occupant de l’entretien du bâtiment et des espaces verts. Un bâtiment qui ne sera bientôt plus le seul puisque YLS va s’étendre sur une partie d’un autre local, situé en face, soit « 500 m² en plus, et on a eu un accord pour faire une percée, pour qu’il y ait une vraie communication entre les bâtiments, et éviter que les gens aient à sortir sur le trottoir », annonce Claire Aussant. Ce qui devrait conduire à faire passer les effectifs à 50 salariés d’ici 2030.