Une nouvelle médaille vient garnir la collection d’Axel Duriez. Ce jeune Verriérois, qui s’entraîne aux Clayes-sous-Bois, a décroché l’argent lors des championnats d’Europe junior de tumbling, une discipline de gymnastique acrobatique, le 2 mai à Sotchi, en Russie. Vice-champion d’Europe, de quoi être fier mais aussi un peu déçu, car le jeune homme de 16 ans est déjà double champion du monde chez les 13-14 ans. Mais cette fois-ci, il a été devancé par le Russe Dmitrii Shatalov.
« Étant sportif et compétitif, j’aurais voulu finir premier, avoue l’adolescent, lycéen à Villepreux et licencié à l’Union sportive municipale des Clayes-sous-Bois. Les séries que je devais faire, je les ai faites. […] Du coup, j’ai fait ce que j’ai pu. D’un côté, je ne suis pas déçu, mais de l’autre, j’aurais préféré la 1re place, comme tout sportif, je pense. »
« C’est une médaille européenne, commence quant à lui par souligner son entraîneur, René Ebami. Le niveau européen est très haut. […] Mais, à partir du moment où […] Axel a été champion du monde, il est évident que l’on pense à réitérer tout le temps la 1re place […]. Mais on ne peut jamais prévoir, […]. En plus, il a géré la compétition de manière excellente, donc il n’a aucun regret à avoir. Il a fait des séries beaucoup plus belles que celles qu’il faisait à l’entraînement, donc si le Russe était meilleur ce jour-là, le Russe était meilleur. »
Une belle performance malgré tout, d’autant qu’Axel Duriez était blessé à l’épaule. Une blessure survenue un mois avant la compétition, lors d’une sélection… à laquelle le jeune tumbleur aurait même pu ne pas participer, car il était sélectionné d’office en équipe de France junior. « Étant champion du monde en titre, la Fédération ne voulait pas qu’il perde son temps pour préparer une sélection mais plutôt qu’il prépare sa compétition en elle-même, raconte René Ebami. Même s’il n’avait pas à passer la phase des sélections, je l’ai quand même emmené, c’était des tests, pour voir où il en était. »
Diminué par une blessure à l’épaule
Et la blessure a chamboulé sa préparation. « Au bout d’une demi-heure d’entraînement, l’épaule le titillait beaucoup trop, concède l’entraîneur. Je l’ai géré pour ne pas aggraver la blessure mais tout en le maintenant dans un entraînement quotidien […]. Il s’est entraîné avec une douleur quasi quasi permanente. Mais lui, il ne m’a jamais dit : ‘‘Coach, on arrête, j’ai mal’’[…]. C’est moi qui l’observais, je le connais bien, je voyais qu’il avait mal, mais qu’il ne voulait pas le dire. » Le coach ne pense néanmoins pas que cette blessure « aurait changé grand-chose » au résultat final, mais ajoute que peut-être, « le programme aurait été différent, car on avait une autre stratégie ». « J’ai réussi à concourir avec cette épaule blessée, car je suis très compétitif. Quand j’ai mal, je fais ma compétition quand même », affirme, lui, le jeune prodige.
Cette mésaventure n’est cependant pas la seule à avoir perturbé le gymnaste. Le Covid a aussi joué. « Il y avait interdiction de s’entraîner, à part Axel qui était sur une liste de sportifs de haut niveau. Le club […] ne pouvait pas me verser un salaire alors que je n’entraîne qu’une personne sur le club. Ou alors, c’était du bénévolat, mais le bénévolat est interdit, explique René Ebami. Donc ils m’ont limité en termes d’heures. »
Désormais, Axel Duriez doit soigner son épaule, avant de repartir en quête d’autres médailles. Il fera ainsi l’impasse sur les championnats de France élite le mois prochain, et se tourne vers les Mondiaux en Azerbaïdjan en novembre. Pour ce qui sera peut-être sa dernière étape avant un passage chez les seniors. « Dans la cour des grands, ce sont tous des warriors, prévient René Ebami, qui croit néanmoins que son poulain pourra bien figurer à l’étage au-dessus. Je me suis amusé à regarder les points qu’il a faits en finale junior [aux championnats d’Europe] et les points des finalistes en senior. S’il avait été en senior, il aurait été 5e. »
Le jeune homme rêve lui déjà des Jeux mondiaux. « Ce serait la plus belle compétition que je pourrais faire, car pas beaucoup de tumbleurs ont la chance de la faire », confie-t-il. Et René Ebami de préciser : « La France n’a pas réussi à se qualifier. Il faut être dans les 10 premiers, on est 11es. […] Le Belge, qui est 10e […] s’est blessé au tendon d’Achille. Pour revenir, il faut minimum un an, et les Jeux mondiaux sont dans un an. Donc on peut espérer que ce jeune-là ne pourra pas participer, ce qui fait qu’on serait repêchés. »
Le Jeux mondiaux, une compétition internationale pour les disciplines non olympiques. René Ebami se bat pour que le tumbling figure un jour aux JO, pourquoi pas « lors de Paris 2024 », glisse-t-il même. Il estime que c’est un « manque de médiatisation qui nous bloque ». Et rêve de voir Axel Duriez goûter un jour aux joies de l’olympisme.
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