C’est une réforme qui a et va continuer à soulever un fort vent de contestation dans de nombreux établissements de France, et ceux de SQY ne font pas exception à la règle. Au collège Dumas, à Maurepas, c’est cette fois à l’initiative des fédérations de parents d’élèves qu’une journée « collège mort » contre le choc des savoirs se tenait, le 30 avril. Autrement dit, les parents étaient invités à ne pas laisser ce jour-là leurs enfants en cours. Ça a été le cas dans 85% des cas dans cet établissement d’environ 630 élèves, mais les professeurs étaient présents pour accueillir les 15% de collégiens qui sont tout de même venus en cours.
« Les professeurs n’étaient pas en grève. Le mouvement, on l’a organisé en concertation avec eux[…]. Mais eux étaient présents », précise Séverine Vialle, tête de liste FCPE du collège. « C’est nous qui organisons, avec une demande de solidarité des autres parents de ne pas envoyer leurs enfants, car cette réforme n’a ni queue ni tête », ajoute Laetitia Gendron tête de liste Unaape du collège.
Le choc des savoirs, voulu par le gouvernement et devant entrer en vigueur à la rentrée 2024, se caractérise entre autres par des groupes de niveaux en français et maths en 6e et 5e (et même en 4e et 3e à partir de la rentrée 2025). Très contestée par les enseignants, cette réforme l’est aussi par les fédérations de parents d’élèves, qui estiment qu’elle va complexifier la vie de l’établissement. « Ça ne rentre pas avec le fait qu’il faille, pour les groupes de niveaux, aligner tous les cours de français et de maths de 6e et de 5e au niveau configuration d’emploi du temps, sinon ça voudrait dire laisser les gamins jusqu’à 18 h au collège ou avoir un trou dans leur emploi du temps, donc ça complique la situation et ça empêche des enfants d’avancer dans leur parcours scolaire et de cumuler deux options qui étaient possibles jusqu’à maintenant », estime Laetitia Gendron.
à cela, s’ajoute la stigmatisation dénoncée par les enseignants et pointée aussi par les représentantes de parents d’élèves rencontrées. « On laisse des moins bons ensemble toute l’année, et ils ne pourront pas changer de niveau, même si là, on nous dit que ça va pouvoir se faire, pratiquement, ce n’est pas possible », redoute Séverine Vialle. « Tout ça ne va pas forcément aider ceux qui sont en réelle difficulté et qui ont envie de s’en sortir, complète Laetitia Gendron. Et puis, pardon, mais le pauvre enseignant qui va avoir ce groupe-là toute l’année, je pense que ça va être beaucoup plus usant et fatiguant comme boulot que celui qui va avoir le groupe des meilleurs et va pouvoir avancer, carburer, faire des projets. »
Les deux têtes de liste de fédérations de parents d’élèves rappellent aussi les actions déjà mises en place au sein du collège pour aider les élèves en difficulté. Et qui porteraient leurs fruits. « Il a été prouvé qu’il y avait des progrès en maths et en français, sur des enfants qui sont maintenant en 4e et en 3e, qui ont bénéficié de devoirs faits, le renfort du midi avec une personne à disposition pendant 2 h pour aider les enfants aux devoirs… », assure Lætitia Gendron.
Les deux représentantes de parents d’élèves espèrent bien que les divers mouvements partout dans le pays contribueront à faire encore reculer le gouvernement, sans trop se faire d’illusions sur la finalité. « Il ne faut pas se leurrer, c’est une grosse machine, ils ont décidé que, confie Laetitia Gendron. Mais si on dit ‘‘C’est désespéré, donc tout le monde se tait’’, ils ont l’impression que ça va bien. Donc même s’ils ne reculent pas, ils auront au moins vu qu’on n’est pas d’’accord et qu’on n’est pas contents, et que l’année prochaine, si ça se met vraiment en place et que la réforme, c’est une catastrophe dans tous les collèges, peut-être qu’ils reviendront en arrière. »