« On a vraiment une épée de Damoclès au-dessus de la tête. » Ludovic Jardel, vice-président du SQYlab, le fablab situé à La Verrière, utilise cette expression pour résumer la situation dans laquelle lui et les 300 adhérents se trouvent. Cet atelier collaboratif, le seul du territoire saint-quentinois ouvert au public, est actuellement installé dans des locaux appartenant à l’agglomération et mis à disposition gratuitement par la Ville de La Verrière, mais qui doivent être démolis dans le cadre de l’aménagement du pôle gare de la commune.

Moyennant une adhésion annuelle, n’importe qui peut venir au Sqylab et utiliser des machines telles que des imprimantes 3D, une découpeuse laser, une brodeuse numérique, une machine à coudre et bien d’autres, acquises par des dons ou des achats. Des formations régulières sur des thèmes variés sont dispensées toutes les semaines, ainsi que des ateliers gratuits ou à faible coût, afin d’apprendre aux novices à utiliser les outils dont ils ont besoin, dans les domaines de l’électronique, de l’informatique et du bricolage.

Le tout dans des locaux d’une surface de 200 à 250 m², partagés avec d’autres structures. Des locaux que les adhérents s’apprêtent donc à quitter. « Notre convention d’occupation prend fin d’ici quelques mois », peut-on lire sur le site internet de l’atelier collaboratif. En réalité, « on n’a pas de date, on sait depuis toujours que ce sont des locaux qui n’ont pas vocation à durer, indique Ludovic Jardel. Logiquement, ils vont nous donner un préavis d’un mois. Et encore, ce n’est pas marqué dans la convention, donc ils pourraient très bien nous dire du jour au lendemain que l’on doit partir, et là, on serait mal. On va dire que c’est plutôt de l’ordre d’une petite année. »

« On n’a pas de date, on sait depuis toujours que ce sont des locaux qui n’ont pas vocation à durer », confie Ludovic Jardel, vice-président du Sqylab.

Le Sqylab disposerait donc de moins d’un an pour trouver un nouveau lieu de villégiature. Idéalement, encore prêté gratuitement par une municipalité, car les ressources sont modestes et proviennent principalement des adhésions. « On vit actuellement avec 15 000 euros par an, confie Ludovic Jardel. Des locaux en location, c’est à peu près ce prix-là, donc on pourrait avoir un budget de fonctionnement de 25-30 000 euros. » Il est ainsi prévu d’augmenter prochainement le montant de la cotisation annuelle, de 35 à près de 50 euros, même si le prix resterait de 15 euros pour les étudiants et demandeurs d’emploi.

Différentes pistes sont explorées, comme celle du sponsoring, déjà mis en place dans d’autres Fablab. « On pourrait très bien s’adresser à une grande enseigne de bricolage et être sponsorisés de manière à ce que ça nous paie le loyer, évoque Ludovic Jardel. On pourrait même être hébergés par une grosse entreprise. Par exemple, on a Valeo à côté, on a fait des ateliers pour eux, et c’est le CE qui a organisé ça. »

Et le vice-président d’ajouter : « Il y a énormément de locaux désaffectés, qui sont en mauvais état, et que l’on est prêts à reprendre. On est tous très bricoleurs, même prendre un hangar ne nous fait pas peur. On a même envisagé de monter une SCI (Société civile immobilière, Ndlr) pour acheter un terrain vierge et construire des locaux. C’est peut-être ce que l’on fera. »

Les futurs locaux devront répondre à différents critères, d’ordres économique, mais aussi pratique – une surface de 100 m² étant « le minimum vital » pour pouvoir exercer, estime Ludovic Jardel – et géographique. « On cherche principalement sur l’agglo, car on s’appelle Sqylab, mais si demain, par exemple, la mairie du Mesnil-Saint-Denis nous fait un appel du pied et nous propose des locaux, on bougera. »

C’est d’ailleurs bien dans cette commune que le fablab tient pour l’instant sa seule piste, avec la recyclerie, mais il s’agit d’un « dernier recours », selon son vice-président, pour trois raisons : un bail de seulement six mois, un petit loyer à payer, qui « nous prendrait le prix des cotisations », et une surface de 100 m², donc inférieure à celle occupée actuellement.

Les prospections se poursuivent donc, et la structure accentue sa communication, à la fois sur les réseaux sociaux, mais aussi auprès des collectivités, qu’elle prévoit de contacter prochainement. Ludovic Jardel mentionne notamment un courrier adressé il y a « deux ou trois mois » à Jean-Michel Fourgous, président LR de SQY et maire d’Élancourt. « Pour l’instant, on n’a pas de réponse », affirmait le vice-président du Sqylab le 25 avril. Il souhaite notamment faire passer le message suivant : « On est prêts à prendre des locaux pour une durée pas très longue et en charges, on ne coûte pas cher. »