Comme d’autres équipementiers automobiles, Valeo, géant dans ce secteur, prévoit un plan social. Celui-ci, annoncé en janvier, prévoit 1 150 suppressions d’emplois dans le monde, dont plusieurs centaines en France, où sont employées 13 000 personnes. Trois sites franciliens du groupe sont concernés : Cergy, Créteil et La Verrière. Ce dernier est particulièrement touché, puisque 207 des 617 postes du site (soit environ 30 % des effectifs) font partie du Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) du groupe, contre 27 % des effectifs à Créteil et 21 % à Cergy.
Un plan lié à la fusion entre deux branches d’activité du groupe
« C’est un massacre », lâche une source syndicale, qui a préféré rester anonyme, en évoquant le site verriérois. « On parle ici de cadres de la R et D (recherche et développement, Ndlr). On soupçonne que ce soit juste une course derrière le cash », ajoute la source.
La Verrière abrite les activités liées aux systèmes thermiques de Valeo, tandis que Cergy et Créteil sont des implantations consacrées aux activités propulsion. En réalité, les trois sites appartiennent à trois sociétés juridiques différentes, et Valeo prévoit de fusionner ses divisions systèmes thermiques et systèmes de propulsion, « pour pouvoir faire du gain sur les aspects management, […] RH, achats et même R et D », selon le délégué syndical contacté.
Sollicité, le groupe Valeo n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, se contentant de confirmer toutefois qu’il y a « un projet qui vise à réorganiser et regrouper au sein d’une même entité opérationnelle des activités ». Dans un article de L’Usine nouvelle datant du 18 janvier dernier, une porte-parole du groupe avait expliqué que « dans le cadre de l’électrification, ces activités [de systèmes thermiques et systèmes de propulsion] vont ensemble », ajoutant que l’objectif est « de continuer à être performant et compétitif sur un marché concurrentiel ».
Du côté du personnel, les sentiments semblent osciller entre surprise, déception et colère. « Il y a des gens qui ont parlé de trahison, rapporte notre source syndicale. Et surtout, il y a des gens qui sont là depuis un certain temps, et ils ont le sentiment d’être une variable d’ajustement, du jour au lendemain on supprime les postes. Les gens ne s’attendaient vraiment pas à ça. » Selon ce syndicaliste, « le dernier plan social chez Valeo date de 2009 […], et il n’était pas aussi important ».
D’après lui, 414 emplois sont touchés en France, dont… la moitié donc à La Verrière. Pourtant, dans différents articles publiés par plusieurs médias sur le sujet, le chiffre de 235 postes menacés au niveau national est avancé. Une donnée qui s’explique par le fait que Valeo fasse « de la suppression et de la création » d’emplois, selon le représentant du personnel contacté par La Gazette. « Ils suppriment 207 [emlois] à La Verrière, 207 dans les autres sites, mais ils parlent de créer [des postes]. À l’initial, ils voulaient créer 180 postes, cela fait 234 et peut-être 235. » Car les chiffres bougent, poursuit l’élu syndical. « Ils parlaient de créer 180 postes, maintenant ils parlent de créer 212. Ça a bougé entre-temps. »
Ainsi, les postes créés seraient retranchés du décompte au moment des annonces finales. « Mais ça n’empêche que les postes supprimés sont supprimés, conteste le responsable syndical. Ceux qui sont créés, est-ce que les gens dont les postes sont supprimés, on va les accepter dans leurs nouveaux postes ? Est-ce que ça va être à La Verrière ou ailleurs ? Ce n’est pas parce que des postes sont créés que ça va être automatiquement ceux dont les postes sont supprimés qui vont y aller. Ça peut aussi être une façon de se débarrasser des anciens, de ceux qui ont les salaires les plus hauts, et d’embaucher des jeunes. Ils (Valeo, Ndlr) parlent de créer des postes dans une nouvelle société juridique […] dont les contours ne sont pas assez clairement définis. »
Lui et d’autres négocient actuellement le PSE avec la direction. Avec comme demandes principales que Valeo « revoie sa copie sur le nombre de suppressions de postes », et « qu’il faudra accompagner les gens qui vont partir, donc la négociation se fait aussi sur les mesures d’accompagnement auprès des salariés qui vont partir, ou qui vont être reclassés ». « Même ceux qui vont être reclassés en interne, il faut les accompagner », glisse-t-il. Ce qu’avait assuré la direction à l’AFP en janvier.