On les avait quittées il y a quelques année. Les navettes autonomes en ville, déjà expérimentées de 2021 à 2024, font leur retour à SQY mais à plus grande échelle et de manière différente et beaucoup plus développée. À l’époque, il s’agissait d’une ligne de bus, opérée sur un tout petit périmètre de 1,6 km dans le quartier du Pas du lac, à Montigny-le-Bretonneux.

« Cette navette autonome, ça fait un moment qu’on en parle, reconnaît Jean-Baptiste Hamonic (MoDem), vice-président de SQY aux transports et mobilités durables et maire de Villepreux. SQY […] avait déjà expérimenté une certaine forme de navette autonome, avec la navette Navia, à l’époque, exploitée par Keolis avec Île-de-France Mobilités. C’est une expérimentation qui s’est avérée intéressante, fructueuse sur bien des aspects : la question de la data, la compréhension des enjeux d’innovation sur ce type de véhicules. Mais il restait un petit écueil […], c’est celui de la vitesse, notamment la vitesse commerciale. »

En effet, la navette Navia n’excédait pas les 6 ou 7 km/h. « On ne concurrençait ni les transports en commun, ni la voiture, on concurrençait plus la marche à pied, plaisante Jean-Baptiste Hamonic. On n’arrivait pas à avoir cette vitesse commerciale qui aurait rendu cette expérimentation vraiment d’utilité publique pour le territoire. » 2e écueil, les aménagements routiers « que nous avons dû mettre en œuvre », selon l’élu, ajoutant toutefois que cette 1re expérimentation « avait été intéressante en termes d’appréhension de la technologie, d’emmagasiner des données, et ça a permis à d’autres industriels et constructeurs français, […] de proposer des solutions plus performantes sur l’aspect de la vitesse et de la circulation en route ouverte ».

En l’occurrence ici, Milla, entreprise choisie par l’Agglomération pour déployer le nouveau service de navettes autonomes, SQY Flex, lancé officiellement le 14 novembre. Cette fois, il est question de 50 km/h de vitesse maximale et d’un parcours de 20 km cumulés pour ces véhicules. « On n’est plus dans la navette autonome qui fait quelques centaines de mètres à des vitesses limitées, dans un environnement très contraint. Ici, on est dans la vraie vie. Ça veut dire des piétons, une densité de circulation importante, des feux, des rondpoints », souligne Frédéric Mathis, président de Milla.

« C’est tout ça qu’on va démontrer ici à SQY, car notre objectif est bien de proposer un service public, qui va permettre de rapprocher […] les habitants de SQY de zones d’activités, des hubs de mobilités, poursuit-il. C’est bien ça l’enjeu de la navette autonome, ce n’est pas juste un gadget où on veut juste démontrer la technologie. On veut démontrer un service, et démontrer que les navettes autonomes, c’est une vraie solution pour remplacer le véhicule individuel. »

Au total, 2 de ces navettes autonomes, ressemblant à des minibus, circulent sur le territoire saint-quentinois. Pouvant accueillir chacune jusqu’à 15 passagers, elles sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, et capables de circuler sans chauffeur, même si « on va commencer avec un hôte de supervision dans la navette (qui n’actionnera des commandes que si besoin, Ndlr) […] pour les 1ers trajets », nous confie Jean-Baptiste Hamonic. « Tant qu’il y a de la reprise en main, on n’enlève pas le chauffeur. A partir du moment où on commence à cumuler des km sans reprise en main, on enlève le chauffeur, et on passe dans un 2e mode où on mettra quelqu’un à l’intérieur, et quand tout fonctionne bien, on enlève complètement, et c’est la supervision [à distance] qui prend le relais », précise Stéphane Boutonnet, directeur commercial de Milla.

Ces navettes circulent du lundi au vendredi de 11 h 30 à 14 h 30. Elles permettent de relier la gare de SQY aux quartiers d’affaires de Montigny et Guyancourt, avec 20 arrêts (Pas du lac, Vélodrome, Hypercentre, en utilisant des arrêts pour la plupart déjà existants pour des lignes de bus, pour d’autres nouvellement créés) et un fonctionnement en transport à la demande. Les usagers doivent réserver un trajet depuis l’application SQY Flex. « Ça va fonctionner comme si vous appeliez un VTC : vous allez appeler la navette, qui va venir vous chercher, et vous aurez à décider, parmi les 20 arrêts, où vous voulez vous arrêter », illustre Jean-Baptiste Hamonic. L’ensemble du service (application et trajet) est gratuit.

Par le déploiement de cette innovation, SQY entend « répondre aux besoins des salariés et des entreprises du territoire, notamment avec la zone d’activités du Pas du lac mais aussi aux alentours, qui ont des besoins de déplacements en heures creuses, où les trains et les bus circulent un peu moins », affirme Jean-Baptiste Hamonic. « On touche un public de salariés qui vient le matin et part le soir souvent en transports en commun, ce qui veut dire que sur leur pause méridienne, ils n’ont pas la voiture, explique le vice-président aux mobilités. Or, il y a aussi des besoins, dans cette question de vitalité économique du territoire, de faire en sorte que les restaurants, les zones d’activités, soient fréquentés aussi par les salariés sur la pause méridienne. C’est aussi la possibilité, pour un certain nombre d’entre eux, d’aller effectuer des rendez-vous médicaux ou autres, sur cette pause-là. »

La Gazette a testé un trajet dans ce type de navette, pendant quelques minutes, sur une boucle partant de la gare de SQY, en passant devant le centre commercial SQY Ouest, longeant la place Étienne Marcel, avant de revenir vers l’Hypercentre et d’emprunter l’avenue du Centre, côté Montigny d’abord, puis Guyancourt ensuite, pour retourner vers la gare. Sur ce trajet, une personne était présente, installée comme un chauffeur de bus ordinaire, pour reprendre les commandes si nécessaire. Mais guère besoin, la technologie semble au point et détecte bien les différents obstacles, feux et autres intersections. Il faut dire que l’engin est équipé de 6 lasers, 2 caméras et 1 radar.

« Ce système voit absolument tout », assure Frédéric Mathis. Et le principal ressenti que l’on peut avoir, c’est qu’au moindre obstacle, la navette freine fort (heureusement, les sièges sont équipes de ceintures de sécurité). « Il y a 2 boucles de perception. Une qui est le comportement nominal et une 2e qu’on appelle bulle de sécurité, qui va réagir plus vite à des comportements non prévus, et dont le but est d’évier la collision, détaille le président de Milla. Donc un véhicule comme ça freine beaucoup plus fort qu’un bus. » Le tout sous l’œil du centre de supervision, situé à Buc, qui sera d’autant plus indispensable au cours de la phase 2 de l’expérimentation, lorsque les trajets s’effectueront sans superviseur humain à bord.

L’expérimentation, au total, doit durer 1 an. Et ensuite ? « On va aller au bout de l’expérimentation, on en tirera un bilan, et si les conditions sont réunies pour avoir un déploiement plus large, évidemment qu’on essaiera de le faire », glisse Jean-Baptiste Hamonic.

L’envie est en tout cas là du côté de l’Agglomération et de son président, Jean-Michel Fourgous (LR). « Comme à chaque fois, nous souhaitons innover au service des usagers, affirme-t-il. Ainsi, SQY Flex va permettre de se déplacer dans l’Hypercentre sur le temps du midi et répond donc aux besoins des habitants et des salariés de SQY. C’est une bonne nouvelle pour l’attractivité des commerces, des restaurants … C’est une solution innovante, voire futuriste, qui émerge, et la prochaine étape, j’espère, sera Paris. »

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Clap de fin pour les capsules autonomes à l’Île de loisirs

Elles avaient notamment été l’une des curiosités durant l’été olympique à SQY. Les capsules autonomes sur rail de la société Urbanloop, qui circulaient depuis juillet 2024 à l’Île de loisirs, sur une boucle de 2 km entre le relais des Canardières et le parking de l’espace événementiel, ont cessé leur fonctionnement depuis le 2 novembre. Une fin attendue, qui correspond à l’arrivée à son terme de la période d’expérimentation de 18 mois.

« Ça n’avait pas vocation [à aller au-delà de l’expérimentation], justifie Jean-Baptiste Hamonic (MoDem), vice-président de SQY chargé des transports et mobilités durables. Nous sommes allés au terme des 18 mois d’expérimentation, avec évidemment une période où on a eu un service qui a très bien fonctionné, c’est la quinzaine olympique, avec des pics, notamment la journée où on a accueilli à l’Île de loisirs la triplé médaillé (plus de 1 000 passagers le jour de la venue de Joris Daudet, Sylvain André et Romain Mahieu, les 3 Français respectivement médaillés d’or, d’argent et de bronze de l’épreuve olympique de BMX racing 2 jours plus tôt au Stadium de BMX de SQY, Ndlr). »

Au total, 70 000 personnes ont emprunté ces capsules durant cette année et demi. Un chiffre « très prometteur », estime Jean-Baptiste Hamonic, évoquant aussi « un taux de satisfaction qui avoisine la note de 5 sur 5 ». « [Mais] aujourd’hui, la solution va se déployer ailleurs, poursuit-il. Urbanloop reste un transport sur rail , et au regard de la typologie du territoire de SQY, très routier avec des coupures urbaines importantes, le transport ferré tel que proposé par Urbanloop est quand même assez contraint pour nous. […] L’expérimentation était un démonstrateur, SQY a été territoire pilote pour démontrer que la technologie marchait, l’objectif de l’expérimentation était là. Pour le moment, il n’est pas prévu qu’il y ait de suite, mais dès l’origine du projet on évoquait la possibilité d’aller jusqu’au Vélodrome ou des choses comme ça, c’est des choses qui pourront peut-être être rediscutées, mais ce n’est pas la priorité du moment. »