Depuis quelques semaines, certains Ignymontains ont pu observer d’étranges petites navettes circuler dans le quartier du Pas du lac. Dès le 22 mars, des premiers voyageurs ont même pu monter à bord et les utiliser. Il s’agit de la première ligne de bus d’Île-de-France entièrement opérée par des navettes autonomes électriques en circulation réelle. Elle a été inaugurée le 31 mars.

En cohabitation avec les autres usagers de la route

Cette nouvelle ligne, la 490, est parcourue par trois navettes autonomes, donc sans chauffeur. Elle effectue une boucle de 1,6 kilomètre, faisant l’aller-retour entre la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines et le rond-point du croisement des avenues Newton et Niépce, avec un arrêt au niveau du siège de la Banque populaire. Les navettes peuvent transporter jusqu’à 11 personnes assises, en plus de l’opérateur de sécurité qui est systématiquement à bord, « afin de pouvoir intervenir à tout moment conformément à la législation », précise Île-de-France mobilités (IDFM) dans un communiqué.

La ligne 490, qui est gratuite, circule de 7 h 30 à 20 h, du lundi au vendredi, avec un bus toutes les huit minutes en heures de pointe, et toutes les 17 minutes en heures creuses. Lors de la première semaine d’exploitation, environ 200 personnes l’auraient déjà utilisée quotidiennement.

Pour IDFM, qui finance ce projet estimé à 2,4 millions d’euros, il s’agit de continuer de développer ce nouveau type de mobilité. Après les expérimentations peu concluantes à La Défense et Vincennes, c’est la première en cohabitation avec les autres usagers de la route.

« Les autres étaient sur des voies dédiées ou sur l’esplanade de La Défense où il n’y avait pas de voitures. Là, [la navette autonome] va devoir traverser trois ronds-points, croiser une route départementale qui voit passer de l’ordre de 10 000 véhicules par jour, et elle va devoir franchir un carrefour en interagissant avec de la signalisation et des feux, souligne, lors de l’inauguration, Valérie Pécresse (Libres!), la présidente de la Région et d’IDFM. Et ça, je crois que c’est une première en France. »

Une véritable nouvelle ligne de bus

Une nouveauté saluée par Jean-Michel Fourgous (LR), président de Saint-Quentin-en-Yvelines, l’Agglomération ayant financé les 130 000 euros nécessaires à la réalisation des aménagements routiers permettant à la navette de circuler. « Ce territoire incarne une volonté […] permanente d’innovation, d’expérimentation, de dynamisme, insiste-t-il lors de l’inauguration. Le dynamisme, c’est celui des équipes d’IDFM et de SQY, qui ont fait en sorte que soit mise en place sur notre territoire l’une des premières expérimentations en Île-de-France d’un service régulier de transport en commun réalisé uniquement avec des navettes autonomes qui s’insèrent dans la circulation générale. »

L’autre particularité est que cette ligne 490, opérée par Keolis, va avoir « des engagements de qualité de service semblables à ceux que les bus ont en exploitation », précise Valérie Pécresse : « Ça veut dire respect des fréquences comme les bus, des engagements de régularité et des engagements de vitesse. Donc ce n’est pas juste une navette qui promène des touristes, c’est vraiment une navette commerciale. » L’ambition est que cette nouvelle ligne vienne en complément de l’offre de transports existante, et serve aux habitants et aux 2 500 salariés du Pas du lac pour faire le dernier kilomètre entre la gare et leur domicile ou leur travail. Au lieu d’utiliser leur véhicule personnel.

Pour l’instant, ces navettes autonomes circulent à une vitesse moyenne de 8 à 9 km/h, mais peuvent atteindre 20 km/h. « La vitesse de la navette reste quand même très faible, parce qu’on ne peut pas prendre le risque d’un accident, confirme Valérie Pécresse. La prochaine [étape à franchir] sera évidemment la vitesse d’exploitation, qu’il va falloir progressivement augmenter pour pouvoir convaincre de ce nouveau service. »

L’expérimentation de ces navettes doit durer deux ans, renouvelables une fois. « Mais on a bon espoir qu’à la fin de l’expérimentation, ce que l’on appelle aujourd’hui ‘‘expérimentation’’ soit devenu courant », tranche la présidente de Région.