Les Saint-quentinois pourraient voir les premières navettes autonomes circuler dans l’agglomération d’ici quelques mois. Alors que ces véhicules électriques, censés pouvoir se déplacer à terme sur la voie publique sans chauffeur à bord, sont actuellement testés avec plus ou moins de succès dans de nombreuses villes françaises, une expérimentation doit démarrer en début d’année prochaine à Saint-Quentin-en-Yvelines, plus précisément dans le quartier de la gare de Montigny-le-Bretonneux. Comme l’avait annoncé La Gazette dans son édition du 9 juillet, le test va démarrer à « marche blanche », soit sans passager, début 2020 et ce pour quelques mois. Puis si cela s’avère concluant, les Saint-quentinois pourront ensuite l’emprunter.

À l’occasion de la cérémonie des vœux de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 31 janvier dernier, une navette autonome 100 % électrique d’une quinzaine de places avait pour la première fois été testée, sur le parvis du Vélodrome national (voir notre édition du 5 février). Si cette navette circulait ce jour-là sur un parcours de quelques mètres, en dehors de toute circulation, des études étaient déjà en cours pour un test grandeur nature dans le centre de l’agglomération. Test qui, semble-t-il, devrait se concrétiser dès l’année prochaine.

Courant août, Île-de-France mobilités (IDFM, ex-Stif), l’organisme satellite du conseil régional chargé de l’organisation des transports en Île-de-France, a en effet publié un marché public pour la mise en œuvre d’une expérimentation de navettes autonomes à Saint-Quentin-en-Yvelines. Cet appel d’offres s’est clôturé lundi 16 septembre. IDFM va désormais étudier les différents dossiers retenus, et le calendrier prévisionnel prévoit une attribution du marché en janvier 2020. D’après l’appel d’offres, « l’objectif d’IDFM et de Saint-Quentin-en-Yvelines est de lancer la phase de roulage fin 2019/début 2020 (janvier) ».

Pour IDFM, avec qui l’agglomération va travailler sur ce projet, l’expérimentation à Saint-Quentin-en-Yvelines présente plusieurs objectifs. « Elle permet tout d’abord d’apprécier l’acceptation par les usagers de ces nouveaux véhicules, détaille IDFM. Sur le plan technique, elle permet, en accumulant les distances parcourues et la variété des situations rencontrées, de faire apprendre aux algorithmes de conduite des règles de circulation. Et enfin du point de vue du service offert, cette expérimentation doit permettre à Île-de-France Mobilités d’évaluer la pertinence de la mise en place pérenne de ce nouveau moyen de transports. »

L’autorité organisatrice des transports franciliens insiste que cette expérimentation « vise à la mise en service d’un service fiable ». Et d’ajouter l’ambition d’avoir une « démarche itérative » avec une « montée en puissance pour faire progresser ce service de navettes autonomes, notamment au regard de l’ambition des thèmes de recherche proposés : mixité avec la circulation routière, transport à la demande, cohabitation avec des modes actifs ».

« L’objectif d’IDFM et de Saint-Quentin-en-Yvelines est de lancer la phase de roulage fin 2019/début 2020 (janvier) », d’après l’appel d’offres de l’expérimentation. D’autres ont déjà eu lieu, par exemple à La Défense (photo).

IDFM attend donc, entre autres, du candidat « la mise à disposition d’une flotte de navettes autonomes », leur exploitation et la supervision du système, la mise en accessibilité du service aux personnes à mobilité réduite ainsi qu’aux malentendants et aux malvoyants, la mise en place d’une information voyageurs, l’entretien et la maintenance des navettes autonomes, et la définition et le paramétrage des itinéraires.

Dans l’appel d’offres, Île-de-France présente ainsi les deux zones sur lesquelles l’expérimentation de la navette autonome pourrait avoir lieu. Ces deux scénarios sont situés principalement à Montigny-le-Bretonneux, et devront obligatoirement passer par la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines. Le premier scénario prévoit de desservir le quartier du Pas du lac à Montigny-le-Bretonneux. Dans ce scénario, les candidats devront s’efforcer à ce que leur navette autonome passe par le maximum de points d’intérêt, parmi lesquels figurent notamment l’Estaca, le Vélodrome national, les abords des bureaux de Nissan, le siège social de Grand optical, l’école maternelle les Sorbiers ou encore les bureaux autour du siège de Mercedes.

Le deuxième scénario souhaité par IDFM se situe quant à lui dans le quartier Centre de Montigny-le-Bretonneux, avec des dessertes situées également sur le territoire limitrophe de la commune de Guyancourt. Pour ce scénario, les candidats devraient desservir le maximum de points d’intérêt parmi lesquels se trouvent notamment les abords de la Caisse d’allocations familiales (Caf) et du centre des Finances publiques, la faculté de droit, l’École hôtelière de Saint-Quentin-en-Yvelines et le collège des Saules. « Le candidat devra étudier les deux scénarios, précise l’appel d’offres. Île-de-France mobilités pourra commander l’un ou l’autre, ou les deux scénarios. »

L’objectif affiché par IDFM est que les navettes autonomes circulent tous les jours de la semaine, avec « des amplitudes horaires qui s’étendent entre 7 h 30 et 20 h en semaine, et entre 10 h et 19 h les week-ends et jours fériés ». L’appel d’offres attend par ailleurs des candidats qu’ils proposent des fréquences de passage des navettes « en distinguant les périodes de points (en semaine : 7 h 30 – 9 h, 12 h – 14 h, 17 h – 19 h, Ndlr) et les périodes creuses […] avec au minimum une navette toutes les dix minutes en heure de pointe ». En fonction de ces données, ce sera donc au candidat de déterminer la taille de la flotte de navettes.

Dans un premier temps, les navettes autonomes devront circuler dans les rues saint-quentinoises à « marche blanche », donc sans aucun passager à bord, outre évidemment un opérateur. Cette phase, prévue pour « débuter dès la réception de l’autorisation de circulation » d’après l’appel d’offres, devrait durer quelques mois. Viendra ensuite la phase d’exploitation commerciale, avec donc des usagers à bord, qui durerait jusqu’à la fin des deux ans du marché, reconductible deux années supplémentaires. D’après l’appel d’offres, « le service de navette sera proposé de manière gratuite » aux usagers.

L’information pour les voyageurs ne sera également pas laissée de côté puisque elle devra « à minima » permettre « aux usagers d’avoir connaissance à tout moment » du « temps de trajet estimé jusqu’au prochain arrêt » et « de leur position sur le parcours ». Cela devrait être possible notamment grâce à un écran à l’intérieur de la navette et à une information sonore. Pour suivre la flotte de véhicules, un « système de supervision en temps réel » devra être mis en place afin de géolocaliser les véhicules, remonter les informations de pannes et défauts techniques, visualiser l’intérieur des véhicules grâce à une vidéo embarquée, dialoguer avec les occupants du véhicule et suivre la charge des batteries embarquées.

L’appel d’offre prévoit que « l’accord-cadre est passé sans montant minimum et avec un montant maximum de 2,4 millions d’euros HT par période contractuelle (deux ans, Ndlr) », soit 4,8 millions d’euros pour les quatre ans de durée maximale du marché. Sollicitées, ni IDFM ni l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines n’ont pu nous répondre avant la mise sous presse de cette édition.

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