Pour certains, les fêtes de fin d’année risquent d’avoir un goût amer. Le centre R&D Valeo de La Verrière emploie 390 personnes, un chiffre déjà drastiquement en baisse depuis un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) début 2024 ayant touché environ 125 postes. Et ces 390 salariés ont appris depuis le 27 novembre dernier que leur site allait fermer. Un site qui était déjà en vente depuis juillet dernier, mais l’équipementier automobile n’a pas trouvé de repreneur.

Valeo parlait alors de 868 postes sur plusieurs usines en France, dont « seulement » 25 à La Verrière. Mais pour FO, la réalité est bien différente. « Ce que dit Valeo concernant le site de La Verrière, c’est que c’est juste un déménagement (à Cergy et Créteil, deux autres sites franciliens du groupe, Ndlr). Mais dans la réalité, ce n’est pas comme ça que ça se traite, évoque, contacté par La Gazette, Bertrand Bellanger, coordinateur FO Valeo France. Vous avez déjà 25 postes qui vont être supprimés, puisque c’est des administratifs qui ont des postes communs avec Cergy et Créteil, donc sur les 390, ça ne fait plus que 365. Et les 365 qui restent, leurs postes sont supprimés à La Verrière, et créés à Cergy et Créteil. »

« Est-ce que les postes seront exactement identiques, et est-ce que les salaires seront les mêmes », s’interroge aussi le représentant syndical, avant d’arriver au point qui pourrait s’avérer crucial quant au futur de nombreux salariés du site verriérois : la situation géographique. « Quand vous voyez où est située La Verrière par rapport à Créteil et Cergy, quand vous n’êtes pas du bon côté, vous vous rallongez, donc c’est mort. Nous? ce qu’on avait regardé quand il y avait eu le 1er PSE – dans les possibilités qu’il y avait, c’était de la mobilité -, et on avait regardé comment était située la population à La Verrière. On est à peu près 50% côté Cergy et Créteil, et les autres 50% de l’autre côté. Donc on estime qu’aujourd’hui, 50% vont dire ‘’Non’’ [au reclassement] », affirme Bertrand Bellanger, espérant toutefois arriver « peut-être à 200 postes sauvés ».

Concernant le calendrier des négociations, actuellement en cours, il indiquait la semaine dernière que FO était, dans les discussions d’un accord de méthodes, « c’est-à-dire les moyens qu’ont à disposition les négociateurs et l’agenda de la négociation ». Celui-ci devait se terminer le 9 décembre, et une position de signature devait donc émerger cette semaine en cas de compromis. « S’il n’y pas de compromis, ça veut dire que c’est une position unilatérale et qu’on va aller au crash », ajoute Bertrand Bellanger. La 2e étape, la négociation du PSE, devrait elle « s’étaler entre 3 et 4 mois », poursuit le coordinateur FO. « Après, vous avez le préavis, donc les départs, ce ne sera pas avant fin mai-début juin, voire fin juin », estime-t-il.

Il tient à souligner que « chez FO métaux, […] notre ADN, c’est la négociation. On négocie. Après, si on ne trouve pas de solutions, là on pourra engager des actions. » Place donc pour l’instant aux pourparlers. « On va vraiment rentrer dans le dur au début de l’année. Selon comment ça se passera, si les propositions d’indemnisation sont lamentables forcément que ça va mal se passer », prévient-il, annonçant qu’il ne devrait pas y avoir du nouveau avant mi-janvier.

Mais à l’arrivée, c’est donc plus d’une centaine de salariés qui risque de payer aux prix fort les conséquences de la crise du secteur automobile et de son électrification. « Et La Verrière, on n’est pas, malheureusement, dans le plus dramatique », concède Bertrand Bellanger, en référence notamment au site de La Suze-sur-Sarthe (Sarthe), qui doit lui aussi fermer en 2025, laissant l’avenir de ses 270 salariés en suspens.

Du côté de la commune de La Verrière, on regrette aussi ce futur départ de Valeo. « On est hyper triste de les perdre, c’est un crève-cœur, confie, interrogé par la presse, le maire LR de La Verrière, Nicolas Dainville. Même si peu de Verriérois travaillaient chez Valeo, c’est une entreprise avec laquelle on avait plaisir à travailler, notamment sur le mentorat. »

Également vice-président de SQY en charge notamment de l’emploi, il fait état de « presque 600 000 euros de fiscalité en moins » pour l’Agglomération. « C’est un lieu hyper stratégique, qui est une pépite, au bord de la N10, à équidistance de Rambouillet et de Versailles, et à 5 minutes de la gare, rappelle-t-il, espérant voir « une entreprise de haute valeur ajoutée » s’implanter sur le site. Sollicité, Valeo ne nous a pas répondu avant la mise sous presse de notre édition.

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