La géothermie, une source d’énergie renouvelable inépuisable, qui consiste à capturer la chaleur présente sous terre pour produire de la chaleur et/ou de l’électricité, intéresse de nombreuses communes à SQY. Certaines ont même déjà mis en place cette technologie à petite échelle, à l’instar de la ville de Montigny qui utilise la géothermie au sein de sa crèche municipale, les Mini-Montains, pour chauffer le bâtiment.
Mais à SQY, on voit les choses en grand. Ainsi, certaines Villes réfléchissent actuellement sur le déploiement d’un réseau de géothermie de bien plus grande envergure. C’est le cas de Montigny, Guyancourt et Voisins, qui souhaitent s’associer pour déployer un réseau de géothermie intercommunal qui alimenterait ces 3 villes.
Catherine Bastoni, 1re adjointe ignymontaine déléguée aux finances, à la transition écologique et à la commande publique, a présenté une délibération au conseil municipal du 26 mai dernier, portant sur la mise en place d’études de faisabilité d’un tel réseau à l’échelle des 3 communes. « Ce n’est pas la 1re fois que l’on parle de ce réseau de chaleur par géothermie dans ce conseil municipal. Dans le cadre de son PCAET (Plan climat-air-énergie territorial), SQY a comme objectif le maintien et le développement de l’activité du territoire face aux changements climatiques », a débuté l’adjointe.
Et de poursuivre : « Les 3 Villes [Montigny, Voisins et Guyancourt donc, Ndlr] et SQY ont pour projet de mener des études de potentialité, d’opportunité et de faisabilité autour de la réalisation d’un réseau de chaleur alimenté majoritairement par des énergies renouvelables ou de récupération, comme l’énergie fatale, sur l’ensemble des territoires des 3 communes ».
Pour rappel, l’énergie fatale est une énergie produite de manière inévitable et non intentionnelle lors d’un processus industriel ou dans le cadre de la production d’énergie, souvent sous forme de chaleur perdue. « Ce bureau d’études pourra apporter un éclairage sur l’opportunité de réaliser un réseau de chaleur par géothermie profonde auquel se raccorderait diffé rents prospects comme des bâtiments collectifs, des copropriétés ou des bâtiments communaux, pour bénéficier d’une chaleur à un minimum de 65 % renouvelable », a enchaîné Catherine Bastoni.
À Montigny et à Guyancourt, des précédentes études ont déjà été réalisées en ce sens dont les résultats « vont pouvoir être utiles à la réalisation de ce réseau de chaleur. Ils seront transmis au bureau d’études qui sera retenu », complète l’adjointe. Ainsi, une analyse des besoins énergétiques pour la ville de Voisins fait partie, entre autres, des objectifs visés. Si les 3 villes se mettent d’accord, la coordination sera confiée à l’agglomération de SQY.
« Les parties ont convenu, au regard des dispositions du code de la commande publique, de constituer un groupement de commandes et d’avoir recours à une convention constitutive entre les parties. Le coût de cette étude conjointe est estimé à 20 000 euros HT. SQY s’engage à en financer 50 % et compte tenu des frais d’études déjà engagés par les villes de Guyancourt et Montigny, la répartition entre les 3 communes sera la suivante : 20 % pour Guyancourt, 5 % pour Montigny et 25 % pour Voisins », a précisé l’adjointe. Une demande de subvention va également être adressée à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
Suite à une question de François André, membre du groupe d’opposition Aimes, posée lors de la délibération, à propos du calendrier global du déploiement de ce réseau de chaleur intercommunal, le maire DVD de Montigny, Lorrain Merckaert, a indiqué : « Si toutes les bonnes planètes étaient alignées, on a un calendrier très optimiste qui mettrait un début de fonctionnement du réseau en 2031. Mais j’y mets vraiment beaucoup de réserves parce qu’on part à 3 communes ».
« On part avec un quartier en construction sur Guyancourt (le quartier des Savoirs, Ndlr), avec des questions sur des partenaires tels que le Technocentre Renault, est ce qu’il fera partie du projet ? Et tout cela ce sont des éléments qui peuvent susciter des discussions et faire passer du temps. Ce qui est lancé là c’est l’étude menée par SQY pour les 3 communes », a ajouté Lorrain Merckaert.
Dans le courant du mois de septembre, les résultats seront déjà connus et permettront de voir si le projet est pertinent ou non. Si c’est le cas, un travail sur plusieurs scénarios pourra débuter. Car une commune a elle seule rencontrerait des difficultés pour déployer un réseau si vaste de géothermie profonde. « En revanche, là où ça semble pertinent, c’est à l’échelle de plusieurs communes comme ce que souhaitent faire les villes de Bois-d’Arcy, Fontenay-le-Fleury et Saint-Cyr-l’École, a donné en exemple l’édile. Pour notre ville, si ce réseau de chaleur est déployé, il concernera le Sud Est de la ville, le centre aquatique du Lac, l’hôtel de ville, le gymnase Colas, et ensuite le centre-ville et la zone d’activités du Pas du Lac », a -t-il conclu.
Autres communes de SQY souhaitant s’associer : Les Clayes, Villepreux et Plaisir. « On a lancé une initiative sur la géothermie il y a déjà 2 ou 3 ans », nous a confié le maire DVD des Clayes, Philippe Guiguen, rappelant qu’il y a notamment, « un projet qui avait été lancé sur Versailles Grand Parc » et « un projet à Trappes ». « Nous, il y a le nôtre avec Villepreux et Plaisir, poursuit-il. On a déjà eu des réunions en préfecture, pour essayer de faire en sorte de voir comment on va pouvoir travailler à l’implantation de ce réseau. Mais, ça fait partie des mes objectifs. »

Mais il concède que ces projets dans le cadre intercommunal risquent de prendre du temps : « Il va falloir se mettre d’accord sur un schéma pour les différents demandeurs de la géothermie, valider par la préfecture et, après, il va falloir mettre ça en place avec les appels d’offres. […] Toute la phase d’initialisation, c’est plusieurs années, mais je pense qu’il va y avoir des décisions qui démontreront que c’est réalisable pour les différentes communes assez vite. »
Pour l’instant, des avis négatifs ont été votés dans des conseils municipaux sur certains aspects du projet. Comme à Villepreux, lors du conseil du 26 mai dernier. Les élus s’étaient prononcés dans le sens d’un avis défavorable sur une demande d’autorisation de recherches de gîtes géothermiques, dit ‘‘permis de Bois-d’Arcy’’, présentée par la société Engie énergie services. « Si nous ne donnons pas un avis négatif à cette demande d’autorisation que l’on souhaite transmettre en préfecture, nous aurons un veto, nous ne pourrons pas développer nos propres projets » , avait expliqué Eva Roussel, adjointe chargée notamment de l’énergie, au moment de présenter la délibération.
« Il est utile et important que l’État prenne la main et puisse définir des règles du jeu qui s’appliqueront à tous. Nous, nous avons des études qui sont en cours, portées par SQY, sur le périmètre des Clayes, Plaisir et Villepreux, et l’ensemble des communes [Villepreux, Les Clayes et Plaisir] ont émis un avis défavorable au projet ‘‘de Bois-d’Arcy’’, a abondé le maire MoDem, Jean-Baptiste Hamonic. Ça ne veut pas dire que ce projet ne se fera pas, mais c’est juste pour qu’il puisse y avoir une coordination et que chacun puisse être en mesure d’avancer sur cette transition énergétique aussi sur sa commune. »
Également dans la boucle, Plaisir a aussi bien avancé sur ses propres projets. La Ville avait inauguré en septembre 2023 l’extension du Resop (lire notre édition du 12 septembre 2023), le réseau de chaleur urbain, en compagnie de Dalkia. Cette dernière, filiale d’EDF, poursuit d’ailleurs actuellement les travaux d’extension. Des travaux sont notamment en cours depuis juillet et jusqu’à la fin du mois aux alentours de la gare Plaisir-Grignon (avenue du 19 mars 1962, rues Guyet et Sevestre) et dans le quartier du Valibout. « Objectif ? Étendre le réseau pour raccorder de nouveaux bâtiments, publics comme résidentiels, et préparer l’extension du Resop sur la partie Est de la ville en 2026 », indique le site internet de la commune.
« On est dans une continuité de ce qu’on avait démarré, affirme la maire LR, Joséphine Kollmannsberger. On est à plus de 10 km de réseau sur la ville, on chauffe plus de 8 000 logements sur la ville actuellement, et donc, tout ce qu’on peut raccorder, on le fait. Quand il y a des nouvelles constructions, des équipements publics que l’on peut rallier, on le fait. Actuellement, on termine toute la zone de la gare, on est aussi dans le quartier du Valibout. Je pense que, bien sûr, notre but, c’est d’aller le plus loin possible, dans la mesure de ce que peut supporter l’usine d’incinération. »
Elle rappelle que les Plaisirois « font entre 30 et 40% d’économies [avec le réseau de chaleur] par rapport au gaz » et que « ça ne coûte rien à la Ville, c’est Dalkia qui fait les travaux, et après, se met en lien avec les structures privées, de façon à se récupérer sur la distribution du réseau de chaleur et sur le paiement des factures du réseau de chaleur. » À noter que Plaisir prévoit aussi d’avoir recours à la géothermie pour son projet en cours de restauration du château, via des sondes enterrées sous le parking du site.
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