Quelques remous au sein de la majorité municipale d’Élancourt. L’un de ses membres, Jean-Pierre Lefèvre, a décidé de quitter cette dernière pour rejoindre le groupe d’opposition Élancourt, C’est Vous !, jusqu’ici composé de 2 élus au conseil municipal (Michèle Rossi et Hervé Farge). Le maire, Jean-Michel Fourgous (LR), perd ainsi un membre de son équipe, certes conseiller municipal sans délégation, mais élu d’expérience, l’un de ses alliés de la 1re heure, qui était à ses côtés lors de son accession à la tête de la commune en 1996, et fut son adjoint aux travaux jusqu’en 2001.
« Le management du maire, c’est ‘‘‘Tais-toi, écoute, et lève le bras pour dire oui’’, dénonce Jean-Pierre Lefèvre, contacté par La Gazette. Après 30 ans de vie d’élu municipal et communautaire, je connais un peu les ficelles. Quand je vois des choses qui me paraissent de mon point de vue aberrantes, je le dis. Ça ne fait pas plaisir, car il faudrait dire que tout va bien. »
Rappelant qu’aux dernières municipales, le maire l’avait « mis sur sa liste […], mais une fois les élections terminées, il me dit ‘‘Terminé, on n’a plus besoin de toi’’. », Jean-Pierre Lefèvre se dit « pas écouté » au sein de la majorité et assure découvrir certains projets « pratiquement par la presse ». Selon lui, les décisions seraient prises en petit comité par « le directeur des services, le 1er adjoint, le maire, et peut-être la 3e personne ». Pour le désormais ex-membre de la majorité, c’en est trop : « Je veux me promener dans la rue la tête haute, sans être le souffre-douleur d’une politique qu’on ne nous fait pas partager. »
Ainsi, il rejoint le groupe Élancourt, c’est vous !, mené par Michèle Rossi. « C’est de l’UDI, du MoDem, du centre-droit, centre-gauche (Michèle Rossi avait été investie par LREM à l’époque aux municipales de 2020, Ndlr), glisse-t-il. Et l’avantage, c’est que c’est un groupe qui reprend les mêmes principes que ceux qui nous ont fait élire en 1996 : ils veulent s’intéresser à la ville, essayer de répondre aux préoccupations des gens, ils ne sont pas usés par le pouvoir. »
Il assure n’avoir « pas l’ambition de retirer la tête de liste à Mme Rossi ». « Elle est très active, posée, réfléchie, et je verrais d’un bon œil que l’on ait une femme maire à Élancourt. […] Et si elle veut que je l’accompagne, je suis prêt à lui dire oui. » Celui qui préside aussi la Cité des métiers de SQY rejoint ainsi l’opposition, sur les conseils de … Jean-Michel Fourgous. « Il m’avait dit ‘‘Si tu n’es pas content, tu n’as qu’à partir dans l’opposition’’, rapporte-t-il. Voilà, c’est fait. »
« Il sera plus heureux dans l’opposition »
« C’est moi qui lui ai conseillé d’aller dans la liste d’opposition », nous a confié le maire d’Élancourt et président de SQY. Pour le reste, les 2 hommes n’ont pas tout à fait la même version. Jean-Michel Fourgous fait état d’un élu qui « a besoin de s’exprimer, et mes collaborateurs ne souhaitaient plus travailler avec lui ».
« Il était souvent en conflit avec des collègues […], il avait un style un peu direct, pointe-t-il à propos de Jean-Pierre Lefèvre. Il était en conflit avec ma liste, ils m’ont très vite demandé de ne pas le reprendre sur ma liste. Ce que d’ailleurs j’aurais dû faire la dernière fois [en 2020], mais il a insisté, donc je l’ai repris, mais je ne lui ai pas donné de délégation. Et après, il a continué à être très polémique. A Élancourt, il n’y a pas de grands sujets de polémique. »
« Dans une équipe, il faut être dans la solution et pas dans le problème, et en accord avec l’équipe. Il ne l’était pas, il avait du mal à travailler avec l’équipe, affirme Jean-Michel Fourgous. En dehors de ça, il n’est pas antipathique, on a quand même travaillé ensemble. »
L’édile répond aussi à des projets cités par Jean-Pierre Lefèvre qui, dans un communiqué, estimait que « les engagements de campagne tels que les travaux [de doublement] du pont de la Villedieu ne sont pas engagés, la restructuration du quartier des Petits Prés a été lancée trop tardivement pour bénéficier des subventions du Département. ». « Le pont de la Villedieu, c’est un dossier très coûteux, qui coûte plus de 30 millions [initialement], et avec la SNCF qui, depuis le Covid, a quasiment doublé le devis. Les Petits Prés, on a pris du retard car il y a eu un retrait du Département », rappelle Jean-Michel Fourgous, ajoutant que « ça n’a pas grand chose à voir avec son entente avec l’équipe ».
« Vu le nombre de dossiers que vous devez gérer dans une mairie, il faut vraiment avoir une approche bienveillante, positive, constructive », souligne l’édile élancourtois. Il assure ne pas avoir de rancœur envers son ex-compagnon de route : « Ce n’est pas un méchant garçon mais il a son caractère, il rentre trop facilement dans le conflit. » Et de conclure : « Il sera plus heureux dans l’opposition. Je lui souhaite bonne route avec Mme Rossi. »
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