Un casque de réalité virtuelle pour apprendre à sauver des vies. L’entreprise 4D crea, basée à Guyancourt dans le bâtiment de Genaris group, conçoit et commercialise depuis le début d’année 2021 un dispositif intitulé SST VR (Sauveteur secouriste du travail en réalité virtuelle, Ndlr) permettant aux formateurs et centres de formation d’entraîner les salariés des entreprises à effectuer des gestes qui sauvent en les mettant en situation.

« Parfois, les gens pensent que les accidents n’arrivent qu’aux autres, et du coup, on est un peu moins motivés pendant les formations, explique Laurent Koucem, dirigeant de 4D crea, qui a fondé en 2009 cette start-up spécialisée dans la réalisation d’expériences innovantes, immersives et interactives et comptant aujourd’hui sept salariés. On sensibilise les gens, on les emmène dans des situations réalistes, où ils sont confrontés directement à un problème. » L’idée est au départ venue d’un client de l’entreprise, qui travaillait dans l’industrie pharmaceutique et « voulait motiver ses salariés à prendre des cours de secourisme », ajoute-t-il.

« Une petite séquence qui dure trois ou quatre minutes » et « quatre-cinq questions »

4D crea a ainsi réalisé des films, diffusés dans les casques de réalité virtuelle, « avec des caméras à 360 degrés, […] pour filmer vers le haut, vers le bas, et tout autour de la personne », précise Laurent Koucem. « La personne a l’impression d’être au milieu de l’image. Quand elle met son casque, elle est dans l’action, comme dans le réel, décrit-il. On rajoute de l’enjeu, et c’est beaucoup d’enjeu émotionnel. »

« Il y a une petite séquence qui dure trois ou quatre minutes, on répond à quatre-cinq questions, et ça nous permet de savoir quel est notre niveau de compétence, quelles sont nos facilités dans un moment de stress, poursuit l’entrepreneur, citant la cas de figure d’« un salarié qui se tient le cœur et qui s’évanouit : ‘‘Qu’est-ce que je fais ? Est-ce que je vérifie qu’il respire, est-ce que je vérifie qu’il est conscient, est-ce que je regarde si son pouls fonctionne ? Est-ce que je lui fais un massage cardiaque, est-ce que je vais chercher un défibrillateur ?’’ » Et de rappeler qu’une personne subissant ce type d’accident « pourrait mourir devant nous en quelques minutes ». « Il n’y a pas d’endroit où on est à l’abri de tout risque », insiste-t-il.

La Gazette a pu tester le dispositif et, dans notre cas, nous avons eu affaire à un salarié dans un entrepôt, blessé à la jambe par une machine. Il a alors fallu répondre à des questions à choix multiples sur les actions à effectuer et l’ordre des priorités. SST VR propose onze situations-types, parmi lesquelles le malaise cardiaque, la brûlure, la plaie qui saigne abondamment ou peu abondamment, l’étouffement, la personne inconsciente qui respire, celle qui ne respire pas, la douleur empêchant certains mouvements…

Les utilisateurs peuvent donc se retrouver immergés dans ces cas de figure. Le tout sous l’œil d’un formateur. « On ne peut pas […] faire la formation à 100 % grâce au casque, souligne Laurent Koucem. On a toujours besoin d’un formateur professionnel aussi, car c’est la loi. La loi impose qu’un formateur valide les compétences, et il y a beaucoup de compétences qui sont physiques, on doit être capable de faire un massage cardiaque, de mettre quelqu’un en PLS… »

La réalité virtuelle, en revanche, permet de modifier certaines mises en situation. « Actuellement, les formateurs font des mises en situation avec les stagiaires. Ils font des fausses blessures, leur demandent de s’allonger par terre, de faire semblant d’avoir un arrêt cardiaque, de faire des petites saynètes de théâtre avec les stagiaires. Nous, on remplace cet aspect-là. Au lieu de demander au stagiaire d’être acteur, on arrive avec des situations qui sont déjà paramétrées, qui sont déjà intéressantes, partenaires, et vérifiées », avance le fondateur de 4D crea. Autre atout de la réalité virtuelle selon lui, « comme on a le casque devant les yeux, on ne peut pas se retourner et voir ses collègues ou le formateur, […] on est tout seul, comme en vrai. »

500 euros le casque, plus 1 000 euros d’abonnement annuel

Le dispositif est composé d’un casque et de manettes, tandis que le formateur a un retour écran sur son PC. Le casque est vendu au prix de 500 euros, environ, auxquels s’ajoute un abonnement de 1 000 euros par an, permettant de renouveler les scénarios présentés. 4D crea indiquait début octobre en avoir commercialisé une vingtaine. L’entreprise a également d’autres projets liés à la réalité virtuelle, notamment sur la formation des policiers municipaux et l’aide à la personne.