Le groupe Renault a signé, le 17 avril au sein de son Technocentre, à Guyancourt, une convention avec la Garde nationale, en présence du ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Celle-ci vient compléter une précédente convention, ratifiée en 2015, qui permettait 10 jours d’absence par an aux salariés du groupe réservistes au sein de l’armée. Désormais, ce sont 15 jours d’absence qui leur sont autorisés (soit cinq de plus que le seuil légal) afin qu’ils puissent effectuer leurs missions au service de la nation.

« Je fais partie de ceux […] qui considèrent que la relation entre l’armée et la nation est un des ciments les plus solides qu’on puisse imaginer quand il ne reste plus rien d’autre », a commencé par déclarer Jean-Dominique Senard, président du conseil d’administration de Renault, lors des discours inauguraux, rappelant qu’il est lui-même colonel de réserve rattaché au 1er régiment étranger de Cavalerie, et que lorsqu’il dirigeait le groupe Michelin, il avait déjà signé des conventions permettant aux réservistes du groupe de s’engager pendant plus de dix jours.

Ainsi, le patron de la marque au losange, qui compte une trentaine de réservistes, affirme accueillir cette convention « avec bonheur, car elle solidifie tout ce que l’on a créé dans le passé, et elle donne aux réservistes et à ceux qui sont potentiellement candidats une sorte d’assurance, de reconnaissance, et surtout, le sentiment que le groupe les soutient, et qu’ils ne sont pas là que par hasard, de façon un peu craintive, uniquement pour essayer d’affirmer leur incroyable besoin de servir l’intérêt national, mais qu’ils le font en pleine certitude et reconnaissance ». Et de lancer à l’adresse des réservistes : « Ce que vous faites est formidable. Je vous demande de ne pas craindre de rayonner. Témoignez de ce qui s’est passé aujourd’hui, vous me trouverez toujours derrière vous pour vous encourager et encourager les autres. »

Des réservistes qui étaient nombreux à assister à la signature de la convention. Parmi eux, Aristarque De Maleissye, chef de projet à la direction de la transformation dans la logistique après-vente sur le site Renault de Cergy, et membre de l’état-major du CRRFR (Corps de réaction rapide-France), un état-major de l’OTAN de niveau corps d’armée, à Lille. « J’ai un management [chez Renault] qui a été très conciliant, je n’ai eu aucune difficulté pour poser mes jours de réserve. Avant, on avait une convention qui nous permettait dix jours, maintenant c’est 15 jours, donc c’est facilité. Dans le pire des cas, je posais quelque jours de congés supplémentaires, mais moi, ma hiérarchie ne m’aurait pas empêché de poser des congés sans solde par exemple », nous confie-t-il, lui qui travaille pour le constructeur automobile depuis trois ans.

Il estime que « l’un des sujets-clés maintenant, c’est la communication au sein de l’entreprise, pour qu’on ait plus de réservistes […]. Ce n’est pas uniquement un sacrifice de l’entreprise qui participe à l’effort national, l’entreprise est aussi gagnante, avec les valeurs, le management, la prise de décision en situation de stress, la subsidiarité, tout cela, ce sont des valeurs de management extrêmement enrichissantes et qui sont une mine d’or pour une entreprise ».

Le ministre Sébastien Lecornu, a conclu les prises de paroles précédant la signature de la convention : « On a une particularité […], c’est la professionnalisation de [l’] armée [française]. Est-ce que pour autant, la cible de 200 000 militaires d’active peut suffire ? On le voit bien, non. »

Alors que le gouvernement veut doubler le nombre de réservistes opérationnels (la Garde nationale est actuellement composée de 80 000 réservistes, dont 40 000 sont rattachés à l’Armée, les autres dépendant du ministère de l’Intérieur), Sébastien Lecornu en a appelé au « patriotisme du capitalisme français », saluant ainsi la convention signée avec Renault. « C’est une petite révolution culturelle, estime-t-il. Et j’attends énormément des grandes entreprises françaises, de nos administrations aussi, car parfois on s’est aperçus que l’employeur public n’était pas toujours remarquable en la matière. »

Et le ministre de conclure : « Notre vrai enjeu est d’être capables de repérer les bonnes compétences. […] On a besoin de deux types de réservistes : des réservistes […] qui ont un engagement très militarisé dans la réserve opérationnelle, avec des temps de commandement et des vocations à faire des Opex (opérations à l’extérieur de la base, Ndlr) […], mais de plus en plus, on cherchera des experts, qui porteront l’uniforme, qui ne seront pas que officiers […], qui accepteront de s’engager pour peut-être ne servir que 10 jours dans leur vie, mais ce seront les 10 jours qui changeront tout. »