Certains voyageurs empruntant la gare de Plaisir-Grignon ont pu remarquer qu’un nouveau modèle de train circulait désormais sur la ligne N, voire monter à bord. Depuis le 6 avril, quatre nouvelles rames, appelées Regio2N, sont en effet en circulation quotidienne entre Paris-Montparnasse et Dreux. D’ici fin 2022, elles vont progressivement remplacer l’ensemble du matériel roulant de la ligne N, sur tous les axes. Ces nouveaux trains doivent offrir aux voyageurs un meilleur confort, plus de sécurité et une meilleure accessibilité.

Les premiers Regio2N ont commencé à desservir la ligne N depuis le 14 décembre dernier, mais uniquement sur l’axe Paris-Montparnasse–Sèvres-Rive-Gauche. Avec leur arrivée le 6 avril sur l’axe Paris-Montparnasse–Dreux, ils desservent désormais à Saint-Quentin-en-Yvelines la gare de Plaisir-Grignon. « Ces nouvelles rames peuvent circuler grâce à des travaux de grande ampleur menés par SNCF Réseau afin d’adapter les quais, les voies et le faisceau caténaire aux caractéristiques du nouveau matériel pour un montant de 161 millions d’euros (financés à 70 % par la Région Île-de-France dans le cadre du Contrat de plan État-Région) », précisent Île-de-France mobilités (IDFM) et SNCF Transilien dans un communiqué commun.

La mise en service des Regio2N est en effet principalement conditionnée au calendrier de livraison par Alstom (ex-Bombardier) et à l’avancement des travaux d’adaptation nécessaires pour qu’ils puissent rouler sur la ligne et être garés dans les sites terminus. Dont, par exemple, la fin des travaux en gare de Plaisir-Grignon, ou encore la fin à l’été prochain des travaux pour le garage en terminus à Dreux. « Quand on mixe ça avec le calendrier de livraison des rames, ça avait fléché l’axe de Dreux comme étant le deuxième à pouvoir être ouvert », souligne Nicolas Phan-Trong, directeur développement des lignes Transilien N et U.

73 rames à terme sur toute la ligne N

Actuellement, neuf Regio2N ont été réceptionnés pour la ligne N, dont quatre rames sont utilisées quotidiennement pour le service commercial. « Toutes ne circulent pas parce qu’on utilise une partie des rames pour former le personnel de conduite, [ou parce qu’elles] sont encore en processus de prise en main technique », indique Nicolas Phan-Trong. Ce sont donc logiquement encore très majoritairement les anciens modèles quadragénaires de trains, VB2N et Z2N, qui circulent toujours sur la ligne N. Mais l’objectif est bien qu’ils soient tous remplacés petit à petit, et ce, sur tous les axes de la ligne.

« Le parc sera à terme de 73 rames sur la ligne N, financées à 100 % par IDFM, pour un coût de 1,06 milliard d’euros », détaille le communiqué. Déploiement dont le directeur développement des lignes N et U a pu nous livrer un calendrier prévisionnel. Sur les axes omnibus Paris-Montparnasse–Mantes et Paris-Montparnasse–Plaisir-Grignon, la mise en service des Regio2N pourrait commencer vers fin 2021. Des travaux sont en effet en cours pour la création de passages souterrains dans deux gares : Beynes et Maule.

« Ce sont des travaux très lourds qui sont enclenchés, et ça nous amène sur des possibles mises en service sur [les axes] Plaisir et Mantes aux alentours de la fin de l’année, confirme Nicolas Phan-Trong. Mais pour l’instant, on ne peut pas tracer les choses de manière plus précise parce que ça dépend de l’avancement réel des travaux, mais également de la livraison du parc, et de la façon dont on cale finement les déploiements sur les différentes branches. »

Enfin, sur l’axe Paris-Montparnasse–Rambouillet, les premiers Regio2N pourraient arriver au plus tôt en fin d’année, voire à l’automne, même si le conditionnel reste de mise « parce que ça dépend de l’alignement de beaucoup de facteurs », insiste le directeur développement des lignes Transilien N et U. « En revanche, […] on ne pourra pas monter en puissance de manière rapide parce que sur Rambouillet, on attend la réalisation des installations de garage (dont les travaux n’ont pas encore commencé, Ndlr), précise-t-il. Donc il ne faut pas s’attendre à un déploiement massif sur l’axe Rambouillet avant l’année 2022. »

La mise en service des 73 rames pour l’ensemble de la ligne N est actuellement prévue pour « le deuxième semestre 2022 », indique Nicolas Phan-Trong, restant toutefois prudent : « Mais c’est un planning prévisionnel. On a déjà eu des aléas dans les livraisons, on n’est pas l’abri d’en avoir d’autres. » Le remplacement des trains est en tout cas très attendu.

Pour l’instant, dans les gares de Saint-Quentin-en-Yvelines, seule celle de Plaisir-Grignon est desservie par le Regio2N. Ils vont progressivement circuler sur tous les axes de la ligne N.

« L’arrivée d’un nouveau matériel, c’est quelque chose qui arrive tous les 40 à 50 ans, et on a vraiment la chance de, nous tous, vivre ça, apprécie Nicolas Phan-Trong. C’est accompagné d’un programme assez colossal d’investissements sur les installations fixes – les gares, les quais et les installations de garage -, mais aussi les installations de maintenance. Donc c’est vraiment une nouvelle ligne N qui va être mise au service des clients une fois que l’ensemble du parc sera déployé. »

Ces nouveaux trains, construits par Bombardier (racheté depuis par Alstom), doivent en effet améliorer le quotidien des voyageurs, qui utilisent actuellement des trains datant des années 70 : principalement les VB2N, pour Voiture de banlieue à deux niveaux, les fameux trains bleus bien connus de tous les usagers de la ligne N. Les nouvelles rames doivent apporter des améliorations en matière de confort, de sécurité ou de capacité.

Les Regio2N, en version longue donc composée de 16 voitures, peuvent accueillir 2 108 personnes, dont 1 048 en places assises. « C’est 20 % de plus que dans les VB2N », relève le communiqué d’IDFM et de SNCF Transilien. Un gain de place rendu possible par les progrès réalisés dans l’aménagement des rames. « Il y a aussi plus d’espace, ajoute Nicolas Phan-Trong. Ça peut paraître paradoxal puisqu’on emporte plus de monde, mais l’aménagement intérieur fait qu’on a plus d’espace, quand on est par exemple assis en vis-à-vis. » L’éclairage, la climatisation et le chauffage sont également présentés comme plus performants.

Les wagons disposent par ailleurs de prises électriques entre les sièges, estimées à environ six prises pour dix sièges. Toujours dans des aspects de confort de voyage, le directeur développement des lignes N et U met en avant le « silence à bord » : « Quand on est dans les trains bleus à deux étages, on sent qu’on est dans un train, ça bouge un petit peu. Là, avec les Régio2N, on a vraiment une différence très nette de confort acoustique et de confort de vibration. »

L’information voyageur à l’intérieur des trains a de plus été revue, avec la présence de nombreux écrans qui indiquent le plan de ligne et désormais le temps restant jusqu’au prochain arrêt. Des capteurs permettent également de compter le nombre de voyageurs montant et descendant, pour leur permettre de choisir les voitures les moins occupées. « Un outil deux en un qui améliore le confort de déplacement des voyageurs et participe à une meilleure ponctualité en fluidifiant les échanges entre le train et le quai », précisent IDFM et SNCF transilien dans leur communiqué

Aussi, pour « assurer la sécurité des voyageurs », voire servir dans le cadre d’enquêtes, « chaque rame Regio2N embarque 25 caméras de surveillance », indique le communiqué. Le dernier avantage des nouvelles rames, et non des moindres, concerne l’accessibilité.

Suite aux travaux réalisés ou programmés dans les gares de la ligne, les quais se retrouvent normalement quasiment à la même hauteur que le plancher des Regio2N. « Il n’y a plus de marche à monter lorsqu’on monte dans le wagon ou à la descente, souligne Nicolas Phan-Trong. C’est aussi un avantage pour les utilisateurs de fauteuils roulants parce que ça permettra à terme d’accéder vraiment de plain-pied dans les trains. » Des Regio2N auxquels les usagers de l’axe Paris-Montparnasse–Dreux vont commencer à progressivement s’habituer, avant que l’ensemble des rames de la ligne N ne soient donc remplacées d’ici fin 2022.