Florentin est venu décontracté dans le bus de l’association La cravate solidaire, garé sur le parking de la Cité des métiers à Trappes. Le 12 décembre, ce jeune Ignymontain, bonnet enfoncé sur la tête, doit participer à l’atelier Coup de pouce mobile. Celui-ci vise à lui donner des conseils sur la tenue vestimentaire à adopter en entretien d’embauche. S’en suivra ensuite une simulation d’entretien avec sa nouvelle tenue, pendant laquelle il recevra des conseils. L’objectif étant d’améliorer sa posture verbale, non verbale et de lui redonner confiance en lui.

À l’origine, cette association est née d’un constat, établi par trois étudiants en école de commerce à La Défense. « Ils se sont rendus compte que ce n’était pas donné à tout le monde de se payer des vêtements professionnels, explique Mathilde Pichan, chargée de mission pour l’association. L’apparence favorise l’employabilité et ce n’est pas inné de maîtriser les codes de l’entretien d’embauche en entreprise. » Les fondateurs ont alors constitué en 2012 un large dressing dans le 13e arrondissement de Paris, grâce à des dons de vêtements. Et depuis six mois, leur équipe sillonne l’Île-de-France pour réaliser leurs ateliers Coup de pouce mobile. Un accompagnement qu’ils proposent déjà dans leurs locaux à Paris.

Envoyé par sa conseillère Pôle emploi, Florentin a commencé son atelier dans le bus. Graphiste, il échange avec Mathilde Pichan, qui commence par faire l’état des lieux de sa situation professionnelle. En recherche d’emploi depuis un an et demi, le jeune Ignymontain ne comprend pas pourquoi il n’est jamais pris à l’issue de ses entretiens. « À chaque fois, ça se passe bien, je suis pas stressé. [… J’y vais assez décontracté, parfois je mets une petite chemise », constate-t-il.

Selon Mathilde Pichan, il n’a pas besoin d’être en costume pour un poste de graphiste. Elle lui propose alors une chemise grise, avec une veste blazer bleu marine et des chaussures fines bleues. Devant le miroir, Florentin est ravi de sa nouvelle tenue, qu’il pourra garder pour lui, un service garanti par l’association.

Vient ensuite l’entretien avec les coaches en Ressources humaines (RH). Un moment attendu par Florentin. « Je veux connaître mes points forts et mes points faibles », affirme-t-il, déterminé à réussir à décrocher enfin un emploi. Sachant qu’il passe un entretien pour un poste de graphiste la semaine prochaine.

L’une des problématiques qui peut les affecter à force d’enchaîner les entretiens sans succès, est le manque de retours des employeurs, qui ne sont pas systématiques. « Souvent, ils ne savent pas pourquoi ça ne passe pas, car on ne le dit pas aux candidats », affirme Françoise Congourdeau, responsable d’une équipe commerciale et coach RH.

Cette situation semble participer à leur perte de confiance en eux. « Ils arrivent souvent ici avec une confiance abîmée. Ils n’ont plus conscience des choses à valoriser », explique Mathilde Pichan. L’objectif de ces entretiens Coup de pouce est justement de les aider à « faire ressortir dans leur expérience, les atouts qu’ils vont pouvoir mettre en avant face à un employeur », explique Florence Congourdeau. Par exemple, dans son CV, Florentin ne mentionne pas toutes ses expériences professionnelles. Avant d’être graphiste, il était commercial, mais l’information n’y figure pas et cela pourrait être un frein à l’embauche. « Ce qui nous interroge, c’est les trous dans un CV. C’est jamais top », confie la coach RH.

Après 45 minutes d’échange et de simulation d’entretien avec les deux coach RH, Florentin semble confiant pour la suite. « Elles m’ont dit que je parlais bien et que ça devrait bien se passer pour la semaine prochaine », raconte-t-il le sourire aux lèvres. Des pistes d’amélioration ? « Il faut que je retravaille mon introduction quand j’explique mon parcours. Il faut que je l’écrive pour que les mots sortent plus facilement, que ça soit plus fluide », poursuit-il. L’association a prévu de le contacter dans trois mois pour prendre de ses nouvelles.