Ils ont obtenu gain de cause. Les salariés de La Poste de Magny-les-Hameaux avaient prévu de se mettre en grève le 20 février pour protester contre le projet de restructuration qui prévoyait au départ un transfert du service colis du centre de tri de la commune vers celui de Bois d’Arcy. Un déplacement qui « allait engendrer quatre positions de travail en moins », rappelle Pierre Le Yanou, facteur magnycois et délégué syndical CGT, majoritaire sur la plaque de SQY.

Finalement, les salariés ont eu le dernier mot, puisque le service colis restera bien à Magny-les-Hameaux. « Ce matin (le 20 février, Ndlr), il y a des intervenants de la direction qui sont venus pour essayer de négocier avec nous, relate Pierre Le Yanou. Dans un premier temps, nous n’avons pas accepté ces négociations puisqu’il était juste ‘‘envisagé’’ que les colis restent à Magny-les-Hameaux, et par la suite, il a été écrit formellement que ça allait rester à Magny. Et comme c’était notre principale revendication, nous avons accepté de lever le préavis. »

De son côté, La Poste fait savoir par courriel qu’elle mène « un projet d’évolution d’organisation » qui « visera à améliorer le service rendu à nos clients et à développer les nouveaux services attendus par ces derniers » et assure que « ce projet n’intégrera aucunement une fermeture de site de Magny-les-Hameaux ». « Nous prendrons le temps de bâtir ce projet avec toutes nos parties prenantes internes, notamment les facteurs, afin que ce projet puisse apporter à nos clients le meilleur service, mais aussi améliorer les conditions de travail des facteurs », informe l’entreprise, rappelant que le volume de courrier a « dans les Yvelines […] baissé de 10 % en 2018 », tandis que celui des colis a lui augmenté de « 5 % en 2018 dans les Yvelines ».

Si le soulagement et la satisfaction dominent chez les salariés après l’obtention du maintien de leur activité dans la ville, la méfiance reste de mise. « La direction de La Poste n’en est pas à sa première réorganisation, et il est tout à fait possible qu’ils reviennent à la charge prochainement avec d’autres méthodes pour supprimer notre position de travail, notamment des îlots ou des pauses méridiennes qui nous seraient imposés », souligne Pierre Le Yanou.

Et le délégué syndical d’avertir : « On a gagné une première bataille, mais pas la guerre. Les colis vont rester, mais est-ce qu’ils vont rester encore définitivement ou est-ce qu’ils [la direction] vont revenir à la charge dans deux ans ou quatre ans ? On ne sait pas. »

Même son de cloche du côté de la municipalité magnycoise. Joint par téléphone, le maire Génération.s de Magny-les-Hameaux, Bertrand Houillon, annonce qu’il va rencontrer la direction de La Poste début mars pour « savoir où ils veulent aller à moyen et long terme et m’assurer de la pérennité de ce centre de tri ». L’édile ajoute qu’il souhaiterait « évoquer cette séquence de projet de transfert, de réorganisation du centre de distribution, puisque cette façon de faire m’interpelle, et leur rappeler que l’on tient particulièrement à la présence de services publics sur le secteur ».

La Ville s’était investie sur la question en lançant notamment une distribution de tracts aux habitants et un appel à mobilisation (arrêté après la levée du préavis par les salariés, Ndlr). « C’est une plateforme qui a deux ans, donc à un moment, il faut arrêter ces réorganisations à répétition qui déstabilisent à la fois le territoire de Magny et de la vallée de Chevreuse, et le personnel », peste Bertrand Houillon.

Il précise toutefois que l’« on était uniquement en soutien aux factrices et facteurs de notre secteur, ça n’est pas nous qui organisions les choses ». Mais pour les syndicats, l’engagement de la mairie a été déterminant. « Ils ont été d’un soutien sans précédent, assure Pierre Le Yanou. C’est aussi grâce à ça et aux usagers que l’on a réussi à gagner cette bataille. Ça a fait, je pense, peur à la direction de voir une mobilisation générale de la ville, des usagers, de la mairie et des facteurs. Dans le centre de tri, on allait certainement être à 95 % en grève, du jamais-vu. Du coup, je pense que ça les a fait reculer suite à ça. »

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