« La redistribution ! – C’est la solution ! – Le 49.3 ! – On n’en veut pas ! – De cette société-là ! – On n’en veut pas ! », scande plus d’une centaine de manifestants à la Clef de Saint-Pierre à élancourt, le 3 mars. Pour la première fois dans la commune, tous les syndicats locaux de Thales, Airbus et CRMA battent le pavé ensemble contre la réforme des retraites, et l’utilisation du 49.3, annoncé la veille par le gouvernement, mais pas seulement.
Ces derniers manifestent aussi pour leurs conditions de travail, qu’ils jugent menacées. Les syndicats d’Airbus Defense and Space, eux par exemple, s’insurgent contre un plan de suppression de postes européens, qui va concerner « 92 salariés à Élancourt », annonce Pascal Jaugeas, délégué syndical CGT chez le constructeur aéronautique spécialisé dans le militaire.
Les syndicats des trois entreprises demandent également une augmentation décente de leurs salaires, au vu de la hausse des bénéfices de leurs entreprises. « On a des augmentations très limitées par rapport aux résultats des entreprises, témoigne Patrice Havez, délégué syndical de Supper, un syndicat affilié à Solidaires chez Thales Land and Air Systems. Contre 11 % de rentabilité, on vous propose 2 % d’augmentation et c’est comme ça depuis des années. »
De même à CRMA, la société de construction et de réparation du matériel aéronautique, une filiale d’Air France KLM, où « on veut une meilleure augmentation générale avant que celle-ci soit individuelle », souhaite Radjiou Vinoth, délégué syndical à la CGT.
Les cadres sont également dans la rue. Ils sont représentés par le syndicat de l’encadrement, CFE-CGC. « C’est rare que les cadres manifestent », avoue Jean-Louis Huot, administrateur du syndicat. Mais cette fois-ci, ils scandent les slogans aux côtés des autres syndicats CGT, FSU, FO, Sud, et Supper. « On manifeste pour défendre nos salaires qui sont en baisse par rapport aux années précédentes et par rapport aux bénéfices », atteste Stéphane Hussein, délégué syndical CFE-CGC chez Thales.
Les négociations en cours sur la convention collective de la métallurgie font aussi partie de leurs inquiétudes. En discussion entre les partenaires sociaux, dont le Medef et les syndicats, depuis quatre ans, selon Antony Lecointe, délégué syndical CGT chez Thales, leur ancienneté et leur 13e mois seraient menacés. Chez Airbus Defense and Space, on craint « l’augmentation du temps de travail et du coût de la protection sociale », rapporte Pascal Jaugeas, délégué syndical CGT chez le constructeur aéronautique spécialisé dans le militaire. D’autres parlent de la remise en cause, voire de la disparition du statut cadre. Mais tout ceci ne serait que des prédictions et les négociations devraient bientôt arriver à leur fin.
Enfin, le plan de suppression de postes à l’échelle européenne, engagé par Airbus Defense and Space est également à l’ordre du jour de la manifestation. Sur les 2 362 suppressions prévues en Europe, 404 devraient avoir lieu en France, dont 92 à Élancourt. La CGT a demandé haut et fort le retrait de ce plan, devant le siège de l’entreprise aéronautique. Pascal Jaugeas ne comprend pas : « On a des augmentations de dividendes d’un côté et des suppressions de postes de l’autre. »