Ils sont venus de Rouen, de Lyon, de Paris et de Marseille. Mardi 23 octobre, la McManif, organisée par les salariés de McDonald’s, a rassemblé entre 80 (selon la police) et 150 salariés (selon les organisateurs) venus de toute la France, devant la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines. Revendiquant entre autres le respect des libertés syndicales par McDonald’s et les franchisés, ainsi que la fin de l’évasion fiscale, les manifestants ont ensuite migré vers le siège de McDonald’s, situé rue Gustave Eiffel.

Au milieu de la foule rassemblée sur le parvis de la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines en début de matinée ce mardi 23 octobre, hérissée de drapeaux aux couleurs des différents syndicats, Tony Rodriguez, le délégué syndical Sud-solidaires de McDonald’s à Marseille, affirme haut et fort sa volonté de « porter la lutte à Paris ». Si aucune problématique Saint-quentinoise n’est revendiquée, c’est en effet à Marseille qu’un restaurant de la firme, celui de Saint-Barthélémy, a failli être vendu par son franchisé à une enseigne proposant des produits asiatiques hallal, opération qui aurait masqué, selon les 77 salariés du restaurant, un plan social à moindres frais.

La justice a annulé cette vente début septembre mais cinq autres restaurants marseillais sont encore en passe d’être vendus. « McDonald’s doit surveiller les franchisés et veiller au bon dialogue entre eux et les employés, assène Tony Rodriguez. Il ne peut plus y avoir d’intimidation, de répression des représentants syndicaux. » A ses côtés, des manifestants brandissent des banderoles revendiquant « la fin du temps partiel imposé » mais également l’ « augmentation des salaires ».

« Il y a de mauvaises conditions de travail, affirme ainsi Arnaud, salarié non affilié à un syndicat qui a fait le déplacement depuis Paris. On est tout bonnement exploités, sous-payés et nos droits ne sont pas représentés, il faut que cela cesse. » Il est rejoint dans ses propos par deux manifestants, salariés pour leur part chez Domino’s pizza et La Brioche dorée. « Entre Macdo et nos enseignes, c’est du pareil au même, clament-ils, les entreprises ne respectent pas nos droits. »

Si les manifestants sont là pour revendiquer le respect des salariés et des libertés salariales, ainsi que la fin de l’évasion fiscale, ils viennent aussi se réjouir ensemble de la victoire remportée en janvier par les employés du McDonald’s des Champs Élysées. Menacé de mise en franchise fin 2017, le restaurant a ainsi bénéficié d’une décision de l’inspection du travail, qui a considéré que cette vente visait à entraver l’implantation du syndicat Sud-solidaire, devenu majoritaire sur l’établissement. Elle a ainsi bloqué le transfert des salariés.

« C’est une décision historique, indique Linda Zarif, déléguée du personnel CGT de McDonald’s France. C’est une lueur d’espoir quand on sait que 80 % des restaurants (en France, Ndlr) appartiennent maintenant à des franchisés et que McDonald’s veut augmenter ce chiffre à 95 %. » Arrivé devant le siège de McDonald’s, le cortège s’est arrêté devant les portes fermées à double tour et les manifestants se sont massés sur les marche. « On est là pour crier notre colère, a clamé au micro Massamba Dramé, délégué syndical Sud-solidaire. On veut la cessation des mises en franchises, et des plans sociaux déguisés, on ne va pas se laisser faire ! » Et la foule de crier et d’agiter les banderoles.