Des manifestations contre le projet de loi sur la « sécurité globale », et en particulier contre son article 24, ont eu lieu dans toute la France le samedi 28 novembre. L’une d’entre elles a eu lieu à 11 h, devant le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines (TSQY) à Montigny-le-Bretonneux, où se sont réunis plus de 400 personnes selon les organisateurs.

Pour rappel, l’article 24 de la loi sur la « sécurité globale », prévoit de pénaliser la diffusion d’images de policiers et gendarmes, si l’intention du diffuseur est jugée malveillante. Auquel cas le diffuseur risquerait jusqu’à un an de prison et 45 000 euros d’amende. Un projet de loi contesté par de nombreuses sociétés de journalistes et organisations de défense de droits de l’homme. D’autant que viennent s’ajouter à ce contexte l’agression du producteur Michel Zecler par trois policiers ou encore l’évacuation musclée de migrants sur la place de la République, deux affaires devenues virales suite à la diffusion de vidéos.

L’idée qu’une manifestation soit organisée à Saint-Quentin-en-Yvelines ce samedi 28 novembre, avant celle prévue à Paris le même jour, a germé en milieu de semaine dernière. Elle a rapidement abouti à l’appel à manifester de nombreuses organisations locales. Dans la foule étaient ainsi réunis plusieurs associations de défense des droits de l’homme, associations écologistes, partis politiques de gauche, syndicats, des conseillers municipaux, des associations de circuits courts, quelques gilets jaunes, etc., et bon nombre de Saint-Quentinois.

Dos au TSQY, les représentants de différentes organisations ont enchaîné les discours contre le projet de loi sur la « sécurité globale », jugée « liberticide » par presque tous les intervenants. « Les gens sont inquiets de la tournure que prennent les choses et en colère contre ces lois, estime Christine d’Amnesty international, satisfaite de la rapide organisation de cette mobilisation locale. Ils ont bien compris qu’il commençait à y avoir une atteinte aux libertés fondamentales. »

« En plus, les événements, malheureusement, nous ont donné raison avec les trois vidéos virales qui ont tourné. […] On se rend compte qu’en effet, quand des gens prennent des vidéos, ils permettent qu’au moins on prenne en compte la violence policière, les abus », poursuit-elle en référence à la vidéo de la violente interpellation de Michel Zecler à Paris. Christine estime qu’une telle diffusion « ne serait plus possible si l’article 24 passe » car le diffuseur « pourrait avoir 45 000 euros d’amende ».

« Pour moi, ce projet de loi est une attaque à nos libertés, tranche Antonin, l’un des initiateurs du rassemblement. Il y a deux choses qui m’inquiètent le plus : la répression des mouvements sociaux, en ne pouvant pas diffuser les images des manifestations comme on le souhaite, et la systématisation de la vidéosurveillance et de la reconnaissance faciale. » Dans la foule de manifestants, tous semblaient partager cet avis, à l’image d’Emmanuel, venu « pour essayer de défendre nos libertés » et pour « éviter que cette loi passe, surtout l’article 24 » : « Il faut pouvoir filmer la police et informer. »

Les différentes organisations ayant pris part à cette mobilisation se sont par ailleurs satisfaites d’avoir réussi à réunir aussi largement. « Ça prouve qu’il y a un mouvement citoyen à Saint-Quentin-en-Yvelines », apprécie Christine d’Amnesty international. Et le représentant de la Ligue des droits de l’Homme d’adresser à la foule : « Quelle joie de vous voir tous réunis ici pour défendre la liberté et la démocratie. »