La semaine dernière, le management de McDonald’s a été pointé du doigt dans une large enquête conjointement menée par Mediapart et Streetpress, qui ont recueilli près de 80 témoignages de salariés confirmant des situations de harcèlement. Dans la foulée de la publication de ces articles, le 16 octobre, le collectif McDroits a manifesté devant le siège social de la chaîne de restauration rapide, située à Guyancourt. L’entreprise a quant à elle assuré sa volonté de lutter conte toute discrimination.

Le collectif, qui réunit des salariés et ex-salariés de McDonald’s, souhaite mettre fin aux situations de « harcèlement et de discrimination », subies par des employés et rapportées dans différents restaurants. Le 16 octobre, McDroits a recouvert le siège de l’entreprise de la centaine de témoignages recueillis à ce jour, dont certains ont été lus devant la trentaine de manifestants.

« On a collecté plus de 80 témoignages (pour l’enquête de Mediapart et de Streetpress, Ndlr), on en a 114 aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux où les salariés ont continué de témoigner, explique Myriam, porte-parole du collectif et ancienne salariée de McDonald’s. On s’est rendu compte […] qu’on était plusieurs à avoir subi du harcèlement, ou avoir été agressés, ou en avoir été témoins. Et on s’est rendu compte que c’était vraiment systémique. »

Myriam se réfère aux nombreux témoignages faisant état de « sexisme avec des propos au quotidien sur le physique, des harcèlements, des agressions », mais aussi de « racisme avec une discrimination à l’embauche et des licenciements sélectifs », de « grossophobie avec des remarques sur le poids et la volonté de donner des vêtements qui ne sont pas à la bonne taille », « de l’homophobie, de la lesbophobie, de la transphobie… »

Avec sa mobilisation, le collectif McDroits souhaite obtenir la mise en place « de réelles mesures qui protègent les salariés » : l’instauration d’une cellule d’écoute et de lutte contre les discriminations, des référents dans les restaurants pour échanger avec les victimes, et que le personnel et la direction des restaurants « soient formés sur les questions de discrimination pour mieux accueillir la parole et pouvoir prendre des mesures et des sanctions adaptées ».

Une liste de revendications a été transmise à la direction de McDonald’s. Cette dernière, pendant la mobilisation devant le siège, a justement proposé de recevoir immédiatement deux représentants du collectifs pour échanger. Une proposition déclinée par McDroits qui estime avoir besoin de plus de temps pour préparer cette rencontre et « exige un rendez-vous dans les trois semaines ».

Dans un communiqué publié par McDonald’s après la manifestation, l’entreprise indique justement avoir proposé de recevoir une délégation « pour écouter leurs propositions et l’assurer de [sa] détermination pleine et entière à lutter contre toute manifestation de comportement inapproprié et inadmissible, contre toute discrimination sexuelle, de genre et d’origine ». Et malgré le refus d’une réunion le jour-même, McDonald’s souhaite « réaffirmer [sa] volonté d’échange et d’écoute sur ces enjeux majeurs ».

« Notre vigilance est totale pour lutter efficacement contre des comportements inadmissibles, contre toutes discriminations sexuelles, de genre et d’origine », se défend le communiqué de McDonalds, qui assure avoir « développé des procédures toujours plus efficaces » de gestion des situations particulières et de « formations obligatoires pour l’ensemble des managers travaillant sous enseigne ». L’entreprise concède cependant que « dans une enseigne de 75 000 salariés », des « situations inacceptables peuvent surgir », mais assure agir en conséquence.

« Lors de chaque signalement ou en cas de suspicion, une enquête interne est immédiatement diligentée au niveau de la direction des restaurants, en lien avec les instances représentatives et la médecine du travail, pour faire la lumière sur ces situations toujours uniques et particulières et prendre les mesures qui s’imposent dès lors que des manquements et des comportements non appropriés sont avérés par ces enquêtes », insiste le communiqué, qui mentionne également des sondages internes positifs sur la qualité de vie des salariés.

McDonald’s insiste sur le fait que « conformément » à ses valeurs, « partagées par tous les franchisés français », elle condamne « avec une grande fermeté tout comportement à connotation sexuelle ou sexiste, tout comportement qui porterait atteinte à la dignité des personnes en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, et tout comportement qui créerait une situation intimidante, hostile ou offensante ».