Le ru de Gally affichera prochainement un tout nouveau visage sur une partie de sa traversée de Villepreux. Le Syndicat mixte d’aménagement et d’entretien du ru de Gally (Smaerg), qui comme son nom l’indique en a la gestion, a prévu de modifier le tracé du cours d’eau au niveau des communes de Villepreux, Rennemoulin et Chavenay. Pour des raisons écologiques et pour limiter les risques d’inondations dans les villes qu’il traverse, un tout nouveau lit va être construit pour le ru sur certaines sections. Une opération à plusieurs millions d’euros.

Cette opération de restauration est divisée en une tranche ferme, entre Rennemoulin et Villepreux le long de la RD 161, et deux tranches optionnelles, l’une au niveau des jardins familiaux à Villepreux et l’autre à Chavenay. Le ru de Gally est une petite rivière de 22 kilomètres de long qui prend sa source au niveau du grand canal du château de Versailles, traverse la plaine de Versailles pour se jeter dans la Mauldre au niveau de Beynes.

Ce cours d’eau passe par Saint-Quentin-en-Yvelines au niveau de la commune de Villepreux. Et c’est sur cette portion villepreusienne que la majeure partie de la restauration du ru aura lieu. Elle devrait débuter en septembre pour durer entre six et sept mois. Concernant cette tranche ferme d’un kilomètre située entre Villepreux et Rennemoulin, l’écoulement du ru de Gally, actuellement en quasi-ligne droite, va être rendu plus sinueux puisque les travaux ont pour but de lui recréer un nouveau lit, situé à quelques mètres de l’actuel tracé. Aussi, l’opération prévoit de retravailler complètement les berges de la rivière.

Le tracé du ru de Gally sera fortement changé après les travaux. L’ancien tracé (en jaune) sera remplacé par un plus sinueux (en bleu ciel).

Yasmine Merleau, ingénieure des milieux aquatiques au Smaerg, souligne que ce projet lie deux problématiques : « inondations et écologie ». Concernant les inondations, elle rappelle que les nombreuses modifications humaines du ru de Gally depuis l’époque de Louis XIV l’ont rendu étroit, et l’ont bloqué entre deux berges hautes. De fait, « quand le cour d’eau monte, il reste coincé dans son lit et ne déborde pas dans les champs, il va donc avoir plutôt tendance à déborder en ville, où les aménagements ne sont pas les mêmes », détaille Yasmine Merleau. Un effet qu’elle précise être également amplifié du fait que « le cours d’eau a été perché sur certains endroits, donc éloigné du fond de vallée ».

C’est pourquoi le Smaerg, présidé par Denis Flamant (également maire de Chavenay, Ndlr), souhaite « remettre le cours d’eau en fond de vallée et lui créer des méandres pour diversifier son écoulement », indique Yasmine Merleau. La pente des berges va quant à elle être rendue « plus douce ». Et l’ingénieure des milieux aquatiques de résumer : « Le projet est de recréer une zone d’extension de crue, en redonnant de la place au cours d’eau dans les zones agricoles, où il y a moins de risques d’inondations qu’en milieu urbain. »

En pratique, la partie du ru qui va être refaite entre Rennemoulin et Villepreux est jalonnée de ponts, dont certains sont classés, et ne peuvent ainsi être déplacés. La restructuration du cours d’eau se fera donc tronçon par tronçon, entre chaque pont, sous lesquels la rivière continuera de passer après les travaux. Au départ d’un pont, le nouveau lit sera creusé à côté de l’actuel et une fois qu’il sera fini, le ru sera dévié vers cette nouvelle portion jusqu’au pont suivant. Où la même opération sera faite, et ainsi de suite.

« Les cours d’eau sont souvent modifiés, mais là, c’est un projet « pharaonique » car on remodèle complètement le fonctionnement du cours d’eau », insiste Yasmine Merleau.

Ce projet comporte également « un gros travail sur le paysage et la diversité écologique, insiste Yasmine Merleau. On prévoit de planter énormément d’arbres isolés, d’arbustes, de bosquets (sur la section villepreusienne, le cour d’eau est actuellement surtout bordé de rangées de peupliers, Ndlr). Parce que toute cette végétation fait partie du fonctionnement naturel d’un cours d’eau. Elle permet l’auto-épuration des cours d’eau, de traiter et absorber certaines pollutions. »

Alors que Yasmine Merleau souligne que des poissons ont depuis peu commencé à réinvestir la rivière depuis l’amélioration de la qualité de son eau due à la mise aux normes des stations d’épurations, et que la dépollution de l’eau va être améliorée par le projet, elle espère que les « populations de poissons et d’insectes » vont encore se « diversifier ». Les plantations devraient également « permettre de revaloriser le paysage de la plaine » et « redonner une visibilité au cours d’eau », actuellement difficilement distinguable, détaille l’ingénieure. La création d’un chemin de promenade le long du ru de Gally est d’ailleurs inclus dans le projet.

Ce projet, estimé à quelques millions d’euros, est subventionné par la Région et l’Agence de l’eau Seine-Normandie. « Les cours d’eau sont souvent modifiés, mais là, c’est un projet « pharaonique » car on remodèle complètement le fonctionnement du cours d’eau », insiste Yasmine Merleau. Outre cette tranche ferme située entre Villepreux et Rennemoulin, le projet de restauration du ru comprend deux tranches optionnelles : l’une sur une portion de 1,7 kilomètre à Chavenay, où le lit devrait également être déplacé, et l’autre au niveau des jardins familiaux de Villepreux, où seules les berges doivent être revues. L’avancement de ces tranches optionnelles, espérées pour 2019 et 2020, dépend des accords fonciers : pour intervenir, le Smaerg doit être propriétaire des terrains ou passer des conventions avec les actuels propriétaires.

CREDIT PHOTO : SMAERG