La nuit du 10 au 11 mai derniers a été marquée par de fortes pluies s’étant abattues sur une bonne partie de la France. Le territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines n’a pas échappé au déluge. Notamment à Villepreux, où le ru de Gally, dont les travaux de renaturation se sont terminés depuis fin avril, est sorti de son lit au niveau de la ferme de la Faisanderie, sur la route menant à Rennemoulin, inondant certaines parcelles avoisinantes.

Une crue qui a provoqué la vive réaction du maire SE de Villepreux, Stéphane Mirambeau. Dans un long message publié sur Facebook, l’édile pointe notamment du doigt « la hauteur des berges » et « l’affleurement du cours d’eau » qui « laissait imaginer que celui-ci sortirait, très, trop, rapidement de son lit dès les premières pluies ».

Selon l’élu, si les précipitations étaient fortes, il ne s’agissait pas non plus « d’une pluie centennale ou décennale et ni d’un orage ultra-violent mais d’une pluie continue tout simplement ». Il estime qu’« il aura suffi en effet de quelques gouttes pour que le ru sorte de son lit ». Il met en cause le Syndicat mixte d’aménagement et d’entretien du ru de Gally (Smaerg) : « Les élus de Villepreux firent part de leurs doutes et de leurs craintes dès le conseil syndical suivant (après la fin des travaux). Ils ne furent malheureusement pas entendus, l’exécutif et les administratifs préférant confirmer les analyses et les résultats du cabinet d’étude Egis en charge du projet », écrit le maire, annonçant qu’en réponse, les élus villepreusiens ne seront pas présents lors de l’inauguration de la première phase de renaturation du ru de Gally, le 25 mai.

Les critiques sont également perceptibles chez certains agriculteurs touchés, comme Florence Morlière, exploitant en location l’une des parcelles inondées. « Comparé avec juin 2016, où il y a eu la même chose, alors que les travaux du ru de Gally n’avaient pas été faits, l’eau n’était pas montée si haut », confie-t-elle, contactée par La Gazette. Elle estime qu’« il y a un problème de conception de ce ruisseau » et qu’« il ne pleut pas plus que les autres années ».

« J’étais très choquée, car c’est ultra rapide, raconte l’agricultrice. Je suis arrivée à 9 h du matin le samedi, j’avais de l’eau jusqu’aux cuisses. Je suis allée sauver mes abeilles comme j’ai pu […] mais normalement, je ne devais pas avoir de l’eau si haut. » Elle déplore des pertes au niveau de ses ruches, mentionnant « deux reines noyées ». « Je ne vais pas avoir trop de récoltes de miel, car les abeilles ont été bien traumatisées », regrette-elle. Concernant ses cultures de fruits rouges, elle redoute une pollution aux nitrates. « J’ai de l’eau qui est montée jusqu’à trois, quatre voire cinq plants, rapporte Florence Morlière. Et ce n’est pas forcément de l’eau propre. […] Je suis en agriculture biologique, donc il y a aussi des conséquences par rapport à ça. »

Mais du côté du Smaerg, on tente de recontextualiser les choses. « On n’est pas du tout sur une pluie classique, affirme son président, Denis Flamant (SE), également maire de Chavenay. Dans certains endroits, il est tombé, en 15 heures, l’équivalent de ce qu’il tombe habituellement tout au long du mois du mai. Selon les chiffres de la station météo de Trappes, la plus proche, cet événement pluvieux a représenté 80 % de ce qui tombe habituellement sur tout le mois de mai. »

Et de poursuivre : « Une pluie d’orage d’une demi-heure ou d’une heure, ça se passe très bien, sur un événement pluvieux relativement long et intense, c’est ce qu’il y a de pire, car on a un bassin, qui se trouve à Rennemoulin et joue un rôle d’amortisseur. Il a un débit de fuite de 2,7 m³ par seconde lorsqu’il n’est pas plein. Mais avec ces fortes pluies, en deux heures et demie, il se remplit complètement, et une fois rempli, il y a des surverses pour éviter que l’eau submerge la digue. Lorsque les deux surverses se mettent en service, on passe de 2,7 à 12,5 m³ par seconde. »

Le président du Smaerg considère que l’opération de renaturation a complètement joué son rôle. « Il n’y a pas de maison inondée, pas de victime, l’eau s’est étalée dans les champs, qui sont bien repérés comme zone inondable, souligne-t-il. On est tout proche de l’événement pluvieux référence, qui est celui de juillet 2001, qui avait vu des maisons inondées à Villepreux, Rennemoulin et Chavenay. Là, aucune maison n’a été inondée. Et dès le dimanche, le ru était retourné dans son lit. »

La ferme de la Faisanderie a également été touchée. Son propriétaire, Benjamin Develay, n’a pas souhaité s’exprimer. Pointant la responsabilité des agriculteurs sur l’installation en zone inondable en connaissance de cause, Denis Flamant assure néanmoins qu’ils seront indemnisés. Quant aux jardins familiaux, eux aussi inondés, il fait savoir que sont prévues « des conventions pour la surinondation de leur terrain ».

Le maire de Chavenay se montre en revanche beaucoup plus offensif avec son homologue villepreusien. « M. Mirambeau est premier vice-président du syndicat du ru, il a participé à toutes les réunions et en aucune manière, il s’est opposé à ce projet (d’aménagement du ru de Gally, Ndlr), il y a toujours été favorable. »

Outre Villepreux et le ru de Gally, les fortes précipitations ont eu des conséquences dans d’autres communes de SQY, comme à Plaisir, où l’étang du bois de la Cranne a débordé. à Maurepas, le parking du supermarché Auchan a été partiellement inondé (voir encadré) et le run and bike, prévu le 11 mai a dû être annulé. « Le parcours en forêt n’était pas adéquat, c’était glissant, justifie le maire LR de Maurepas, Grégory Garestier. En plus, comme la météo était capricieuse et que l’on n’avait pas trop de visibilité, savoir si les précipitations allaient retomber ou pas, j’ai préféré, car c’est ma responsabilité et par mesure de sécurité pour protéger les coureurs, ne pas engager la manifestation. »

Quand le parking d’Auchan Maurepas se transforme en piscine

De nombreux clichés ont circulé sur les réseaux sociaux et étaient assez impressionnants. Durant le week-end des 11 et 12 mai, une partie du parking du centre commercial Auchan, situé dans la zone d’activités Pariwest à Maurepas, a été inondée suite aux fortes précipitations, engendrant sa fermeture en certains points. « Il ne manque plus que les transats et les maillots », a commenté une internaute pour accompagner sa publication montrant le parking sous les flots. « C’est la piscine promise par le maire ? », a plaisanté un autre.

Mais pour Benoît Herault, le directeur d’Auchan Maurepas, « c’est un non-événement ». « Il est tombé l’équivalent d’un mois de précipitations en trois jours, rappelle-t-il, joint par La Gazette. Il y a une problématique au niveau des réseaux, qui sont en V, ce qui fait que quand il pleut sans discontinuer pendant deux jours, y compris la nuit, les réseaux ne sont pas en capacité d’absorber. Ce n’est pas le parking en lui-même, mais les réseaux qui sont dimensionnés de telle manière à ce qu’il peut y avoir une difficulté. »

« C’est un phénomène qui arrive régulièrement en temps de fortes pluies, il y a un problème d’imperméabilité des sols », a de son côté indiqué le maire LR de Maurepas, Grégory Garestier. Le 14 mai, Benoît Hérault assurait néanmoins que « tout est résorbé », que « dès dimanche matin (le 12 mai, Ndlr), une partie du parking a pu rouvrir » et que depuis, il n’y avait « plus aucun problème ». Il précise que « même pas 10 % » du parking a été touché. Et d’ajouter : « C’est le cas aussi sur d’autres zones en région parisienne. à partir du moment où on a eu quasiment un mois de précipitations en l’espace de 36 heures, à un moment, les réseaux ne sont pas en capacité d’absorber. » Il rejette néanmoins l’hypothèse d’un réaménagement du parking qui nécessiterait de « tout casser, y compris ce qu’il y a en-dessous, donc ça coûte un peu d’argent ».