Nouvelle étape dans le projet d’aménagement de la colline d’Élancourt en vue des Jeux olympiques de Paris 2024. Retenue comme site olympique pour les épreuves de VTT après validation définitive du CIO le 17 décembre (lire notre édition du 5 janvier), cette colline artificielle – d’abord exploitée comme carrière pour les argiles meulières et issue de remblais d’aménagement de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines dans années 1960 à 2000 – et qui culmine à 231 m, dispose maintenant d’un groupement de maîtres d’œuvres.

Paysagiste, bureau d’études ou encore experts VTT et événementiel

Le 31 mars, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo, dont la mission est de veiller à la livraison des ouvrages et à la réalisation des opérations d’aménagement nécessaires à l’organisation des JO 2024, Ndlr) annonçait en effet que le groupement composé de l’agence D’Ici là (Paysagiste mandataire, Ndlr), du bureau d’études techniques Egis (cotraitant), de l’Atelier d’écologie urbaine (écologue cotraitant), de Bike Solutions (bureau d’études spécialisé dans la réalisation d’espaces destinés à la pratique du VTT, cotraitant) et de Cimes event (expert événementiel, sous-traitant) a été sélectionné pour assurer la maîtrise d’œuvre des aménagements de la colline.

« [Ce groupement] travaillera ainsi avec la Solideo et l’ensemble des parties prenantes pour offrir un nouveau souffle à ce site dans le cadre des Jeux mais surtout de leur héritage, résume la Solideo dans un communiqué.Véritable opportunité pour le territoire et ses usagers, la réception de l’événement et les aménagements prévus doivent permettre à la colline d’Élancourt d’écrire une nouvelle page paysagère de son histoire. »

Car cette dernière doit être aménagée pour permettre à la fois d’accueillir le plus grand événement sportif de la planète mais aussi de pérenniser son utilisation, comme c’est le cas pour tous les futurs sites de l’olympiade. Différents acteurs sont mobilisés : l’État, la Région, le Département, l’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) et la Fédération française de cyclisme, en plus donc de la Solideo et du groupement fraîchement désigné.

Le communiqué de la Solideo rappelle que la colline d’Élancourt a été choisie comme site hôte autour de « trois critères » que sont l’héritage des lieux, ses caractéristiques topographiques et la proximité géographique du lieu avec les autres sites de compétition. Sur ce dernier point, la Solideo avance une distance de 35 km séparant la colline de Paris, « non loin du village des athlètes, et de la plupart des sites de compétition », notamment pour les épreuves cyclistes qui se dérouleront presque toutes à SQY (cyclisme sur piste au Vélodrome national, BMX au stadium du Vélodrome, Ndlr), et ce, alors qu’en 2019, la concurrence de la ville de Chamonix avait été évoquée pour l’accueil du VTT.

La distance de cette dernière de Paris et le bilan carbone engendré par le déplacement des athlètes et des spectateurs avaient d’ailleurs été pointés du doigt par plusieurs élus locaux à SQY. Concernant le critère de l’héritage, la Solideo évoque justement l’importance des aménagements qui « optimiseront l’usage du site sans porter atteinte à la biodiversité présente », alors que la crainte concernant l’abattage d’arbres avait suscité l’hostilité de militants écologistes locaux et un temps menacé la candidature élancourtoise.

Le projet désormais validé se veut un projet « aux ambitions écologiques fortes », assure le communiqué de la Solideo. « Toutes les opérations nécessaires aux épreuves olympiques et à leur héritage ont été pensées dans le souci permanent de respect de la biodiversité du site, précise le communiqué. Ces aménagements reposent sur la préservation de la continuité arborée du plateau de SQY et une réorientation des dynamiques végétales pour diversifier les habitats écologiques et leur richesse spécifique, au profit d’espaces verts connectés. » « Grâce aux JO à SQY, nous gagnons 20 ans en termes d’aménagement sportif et vert pour le plus grand nombre », abonde Laurent Mazaury (UDI), vice-président aux sports à SQY et élu à Élancourt, dans le dossier de presse consacré à l’aménagement de la colline.

« La colline d’Élancourt restera un site de loisirs accessible à tous »

Le communiqué de la Solideo évoque aussi des « aménagements au service des usagers de la colline ». « Après les travaux et les Jeux de Paris 2024, la colline d’Élancourt restera un site de loisirs accessible à tous, peut-on y lire. Les amateurs de VTT, de marche et de course à pied pourront croiser les familles en promenade. Ces aménagements sont une opportunité pour l’attractivité sportive du territoire. »

Car si les épreuves olympiques mobiliseront notamment une piste avec une boucle verte de 18 km, les aménagements devront aussi bénéficier à l’après-JO. « Les Jeux laisseront notamment en héritage : un redéveloppement des parcours VTT à partir des chemins existants, permettant à la suite des Jeux d’accueillir des compétitions et championnats (pour l’instant, seule la Revancharde, une compétition VTT à l’échelle francilienne, s’y déroule, Ndlr), la création d’équipements complémentaires à destination des habitants, un retravail des accès à la colline pour faciliter les flux et améliorer la connexion du site au territoire alentour », énumère le communiqué.

Autant d’impératifs auxquels devront répondre les entreprises lauréates pour aménager ce point culminant d’Île-de-France s’étendant sur un terrain de 52 hectares appartenant à l’Agglomération et situé au cœur du territoire de SQY, près du quartier élancourtois de la Clef de Saint-Pierre. Un cahier des charges avec deux mots d’ordre affirmés : sobriété et ambition.

« L’aménagement de cette colline concrétise nos ambitions dans le cadre des Jeux et notamment en matière d’héritage. Les Jeux de Paris 2024 sont l’opportunité de développer des projets aux multiples aspects. À Élancourt, il ne s’agit pas seulement de créer une piste pour une épreuve sportive, le projet s’inscrit dans une logique globale et de long terme. Nous allons transformer ce site, cette friche aujourd’hui peu entretenue, et en faire non seulement un équipement sportif, mais aussi un site de loisirs et un espace naturel revalorisé. Cette ancienne carrière, va devenir un réservoir de biodiversité connecté au paysage », résume Nicolas Ferrand, directeur général exécutif de la Solideo.

Du côté des différentes collectivités, on se réjouit aussi de l’arrivée du VTT olympique sur cette colline. « Ce site va bénéficier de nouveaux aménagements qui constitueront un véritable héritage olympique, se félicite Valérie Pécresse (Libres), présidente de la Région Île-de-France, dans des propos relayés par le communiqué de la Solideo. Cet héritage à la fois sportif, sociétal et environnemental fort permettra d’offrir au plus grand nombre un formidable lieu de détente, de loisirs et de pratiques sportives, tant amateurs que de haut niveau. Il y a une vraie cohérence entre la colline d’Élancourt, l’Île de loisirs régionale de SQY et le Vélodrome national, qui répond à la fois aux attentes et besoins d’un territoire et représentera une vitrine exceptionnelle pour la pratique du vélo. »

De son côté, le président du conseil départemental, Pierre Bédier (LR), salue « l’héritage et l’aménagement durable de la colline » qui « ont guidé l’implication du Département ». « Avec notre opérateur public interdépartemental Seine et Yvelines Environnement – ex Biodif – nous mobilisons les moyens nécessaires à la préservation et au développement de la biodiversité sur ce site », affirme-t-il.

Début des travaux « dès la fin d’année 2022 »

« Le projet mené par la Solideo avec la communauté d’agglomération, préservera le milieu écologique existant et offrira un nouveau cadre exceptionnel pour les habitants, confirme le président de SQY et maire d’Élancourt, Jean-Michel Fourgous (LR). C’est une opportunité exceptionnelle de valoriser ce site et de faire rayonner le territoire. […] À SQY, nous sommes capables d’accueillir les plus belles entreprises de France et du monde et d’offrir un cadre de vie et de loisirs remarquable pour tous. C’est aussi cela un territoire d’innovation ! »

Les collectivités participeront notamment à la partie liée à l’héritage du site, tandis que la Solideo investit dans tout ce qui a trait aux structures sportives et à l’accueil des JO. Au total, le budget global pour aménager la colline s’élève à environ 10 millions d’euros. La Solideo annonce la tenue d’une réunion publique d’information début juillet « afin de présenter le projet et échanger avec le public avant le démarrage des travaux ». Ce dernier est prévu « dès la fin d’année 2022 », fait savoir le maître d’ouvrage. La livraison est, elle, attendue au premier trimestre 2024.

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