Après le Cojo, le CIO. Le 17 décembre dernier, le Comité international olympique (CIO) a définitivement retenu la colline d’Élancourt comme site hôte des JO 2024. Un feu vert qui ne faisait aucun doute. « On est quand même très optimistes sur cette validation », avait déclaré début octobre, juste après la validation par le Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo), Michel Callot, président de la Fédération française de cyclisme (lire notre édition du 13 octobre 2020).

Ce point culminant de l’Île-de-France, haut de 231 m, accueillera donc bien les épreuves de VTT lors de l’événement, alors qu’il avait un temps été remis en cause pour des raisons environnementales et qu’une candidature de Chamonix était même évoquée à la place. Il vient s’ajouter aux trois autres sites de SQY retenus pour Paris 2024 (voir encadré).

Au sein de l’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, on est bien sûr très heureux de cette nouvelle. « Nous nous réjouissons de cette décision, se félicite Jean-Michel Fourgous (LR), maire d’Élancourt et président de SQY, dans un communiqué de l’Agglomération. C’est une occasion exceptionnelle de valoriser le site de la colline et de faire rayonner le territoire. »

« C’est une fierté, réagit quant à lui Laurent Mazaury (UDI), vice-président de SQY aux sports, contacté par La Gazette. On aurait trouvé ça tellement étrange, étonnant, voire illogique, pour des JO Paris 2024, d’aller faire, même si on aime beaucoup nos amis de Chamonix, les épreuves à la montagne, très loin, [de manière] assez peu écologique aussi compte tenu de tous les déplacements de populations et de spectateurs que ça supposait. […] On est soulagés, et en même temps, je pense que c’était le plus beau site possible dans le cadre d’une candidature parisienne. » Un avis que semble partager le conseil régional d’Île-de-France. « Élancourt […] va devenir un lieu unique pour le VTT en Europe », confiait Vincent Roger, délégué spécial de la Région en charge des Jeux olympiques et paralympiques, le 17 décembre dans les colonnes de L’Équipe.

Avec cette validation de la colline d’Élancourt, SQY s’affirme un peu plus comme une terre de vélo. Laurent Mazaury fait remarquer que « toutes les épreuves de cyclisme, à part les épreuves de cyclisme sur route qui auront lieu en Seine-Saint-Denis, auront lieu sur SQY ». « On a des épreuves de plein air, donc on est dans la volonté verte et bleue de SQY de montrer à la fois qu’on est un territoire d’innovations, qu’on est capables d’accueillir les entreprises les plus technologiques de France chez nous, mais également que l’ensemble de ces collaborateurs, quand ils viennent travailler, ou mieux, habiter chez nous, […] ont un cadre d’accueil extraordinaire, un véritable poumon vert », ajoute celui qui est aussi adjoint à la culture à Élancourt.

Reste donc à aménager la colline. Les aménagements doivent répondre à trois grands aspects. D’abord, « accueillir à la fois les spectateurs et les compétiteurs » en installant des « petites infrastructures », évoque Laurent Mazaury. Ensuite, créer les différentes pistes. « Les tracés ont été communiqués et sont en cours de validation », et ces pistes comprendront la boucle verte de 18 km destinée aux JO, et d’autres « de plusieurs niveaux pour accueillir les épreuves elles-mêmes et, plus tard, des gens qui voudront faire du VTT », fait savoir l’élu. Enfin, troisième aspect, le travail arboré et vert, consistant à « enlever toutes les espèces invasives […] car elles posent des problématiques d’éclairage et de couverture du sol qui font disparaître les espèces rampantes et les petits rongeurs, […] et les remplacer par un ensemble de plantations très important », poursuit-il.

Le calendrier des travaux « est en cours de finalisation, car tant que l’on n’avait pas la confirmation [du CIO], on ne voulait pas avancer plus », indique le vice-président saint-quentinois, qui tient néanmoins à rassurer : « Tout sera bien terminé pour 2024, car, en réalité, les aménagements que l’on a à faire sur la colline d’Élancourt sont beaucoup plus simples et aisés que, par exemple, tous les travaux qui seront faits sur les différents sites du village olympique dans le 93 ». Il ajoute que les autres futurs sites olympiques de SQY, « à quelques petits travaux près, sont déjà prêts ».

Environ 10 millions d’euros seront investis pour transformer la colline d’Élancourt. « C’est la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques, l’organisme en charge de piloter l’ensemble des aménagements des sites et d’en financer une grande partie, Ndlr) qui en a la plus grande part, […] sur tout ce qui touche à la structure sportive et l’accueil pendant les JO », tandis que l’État, la Région, le Département et SQY prennent en charge leur part sur « l’héritage, pour que demain, le site puisse continuer à être ouvert au public ». L’Agglomération a d’ailleurs « pris en responsabilité toute la partie du pilotage de l’aménagement pour le futur et son ouverture au public », détaille Laurent Mazaury.

L’élu insiste d’ailleurs sur l’importance d’assurer la pérennité des lieux. « Tout cet argent d’aménagements que l’on met là-bas, il est aussi et surtout destiné à l’héritage, affirme-t-il. L’objectif que l’on poursuit, c’est que, bien entendu, les athlètes et les épreuves aient lieu dans les meilleures conditions possible et avec une piste de VTT qui soit complètement adaptée aux enjeux de ce niveau de compétition. […] Mais ensuite, ce que l’on veut, ce sont des pistes de VTT pour tous les niveaux, ouvertes à tous les publics, et que ces travaux-là soient des aménagements écologiques pour ouvrir ensuite le site à l’ensemble de la population. »

Ce qui n’est pas le cas actuellement, même si le site accueille déjà chaque année une course VTT francilienne, la Revancharde, et que des promeneurs s’y rendent. « Si, certes, aujourd’hui, […] ça peut être un point de balade, ça reste une colline avec de la végétation qui a poussé plus ou moins toute seule, qui, forcément, n’est pas entretenue, constate Laurent Mazaury. Le but, c’est que demain ce ne soit pas une friche mais un espace arboré, planté, préservé. […] Le but est que ce site soit fréquenté ensuite par tous, à la fois pour y pratiquer un VTT de loisir, mais aussi toujours un VTT de haut niveau – puisqu’il sera susceptible à tout moment d’être reconfiguré très rapidement pour accueillir d’autres épreuves de VTT – mais avant tout ouvert à l’ensemble des Saint-Quentinois qui pourront, au même titre que l’Île de loisirs, venir s’y promener. »

Pour rappel, la colline d’Élancourt est artificielle et constituée en partie de déchets issus d’aménagements de la ville nouvelle de SQY dans les années 1970. La nature y avait ensuite peu à peu poussé et l’impact environnemental de l’organisation de JO sur la colline était critiqué par des associations et certains partis politiques, notamment Les Amis de la Revanche et les représentants locaux d’EELV, qui faisaient état de la présence de déchets toxiques sur les lieux et s’inquiétaient de l’abattage d’arbres. EELV menaçait même d’un recours en justice.

Mais finalement, ils semblent avoir été rassurés sur le projet après une réunion avec des représentants de SQY et de Paris 2024. « Ça nous a surpris qu’il y ait autant de réflexions sur l’environnement. On a eu pour une fois la sensation d’un projet sérieux, qui semble plus s’orienter vers le fait qu’on profite des JO pour donner un aménagement propre et accessible à la colline », nous confie Tristan Péribois, responsable saint-quentinois d’EELV et porte-parole des Amis de la Revanche, qui réclame néanmoins un compte-rendu écrit de la réunion et souligne que « toute procédure n’est pas exclue ». « Ça va dépendre de ce qui va réellement se passer pour ce projet », se méfie-t-il.

Les défenseurs de l’environnement auront aussi sans doute été rassurés par l’abandon des deux structures d’aménagement évoquées en 2019 : la construction d’un dôme ou d’un restaurant panoramique au sommet de la colline. « C’est retourné dans ses cartons », confirme Laurent Mazaury. Pas de construction particulière au point culminant donc, mais un panorama à 360 degrés sur l’Île-de-France, souligne le vice-président de SQY.

Le BMX aura finalement lieu au stadium du Vélodrome

Le stadium de BMX, situé en face du Vélodrome national, à Montigny-le-Bretonneux, accueillera finalement les épreuves olympiques de BMX lors des Jeux de Paris 2024, alors qu’une structure d’accueil temporaire à l’Île de loisirs de SQY était initialement prévue. « Ce qui posait problème, c’était, pour les caméras, le fait qu’il y avait un toit, rappelle Laurent Mazaury (UDI), vice-président de SQY aux sports. Donc on (SQY et le Cojo, Ndlr) travaille sur l’idée que ce toit soit temporairement démonté, ce qui reviendrait moins cher que de construire une nouvelle piste, et aurait l’avantage d’utiliser la structure existante. »

Le stadium de BMX vient donc s’ajouter aux trois autres sites de SQY qui accueilleront des épreuves lors de cette olympiade : le Vélodrome national pour le cyclisme sur piste et les épreuves d’escrime du pentathlon moderne (l’escrime hors pentathlon se déroulant à Paris, Ndlr), la colline d’Élancourt, qui a donc reçu le feu vert du CIO pour le VTT, et le Golf national à Guyancourt, pour le golf. Entre le vélo et le golf, « on aura plus de 15 jours d’activités olympiques sur SQY », annonce Laurent Mazaury.