C’est un ouf de soulagement pour Saint-Quentin-en-Yvelines. Le 30 septembre, le Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo) a confirmé que la colline d’Élancourt accueillerait bien les épreuves de VTT aux Jeux olympiques de Paris 2024. Si le président de l’Agglomération et maire d’Élancourt, Jean-Michel Fourgous (LR), se montrait récemment confiant dans nos colonnes, cette annonce officielle est « une première victoire » d’après SQY. Reste désormais à attendre le 17 décembre, pour que le Comité international olympique valide définitivement cette décision. Par contre, le projet de création d’une structure au sommet de la colline est abandonné par l’Agglomération.

Pour mémoire, la colline d’Élancourt, aussi appelée colline de la Revanche, est une colline artificielle constituée de déchets, notamment d’excavation pour l’aménagement de la ville nouvelle, sur lesquels la nature a ensuite repris ses droits. Elle est désormais le point culminant de l’Île-de-France. Figurant pourtant au dossier initial de Paris 2024 pour accueillir le VTT, ce site avait été remis en question l’année dernière pour des raisons environnementales. Fin octobre 2019, des rumeurs insistantes avaient ensuite prêté à Chamonix (Haute-Savoie) l’intention de ravir ces épreuves, au grand dam de Saint-Quentin-en-Yvelines. Mais, en juin dernier, le journal L’Équipe avait révélé qu’Élancourt était toujours en pôle position.

Ce qu’a donc confirmé le conseil d’administration de Paris 2024, réuni le 30 septembre. Dans un communiqué publié le même jour, le Cojo souligne qu’en raison d’un « contexte exceptionnel marqué par une forte incertitude », il a fallu « dégager des marges de manœuvre budgétaires ». Mais la colline d’Élancourt a résisté à ces coupes budgétaires puisque le Cojo a annoncé « la confirmation du site » pour l’accueil des épreuves de VTT.

Un choix dont s’est réjouie la Fédération française de cyclisme (FFC), qui insiste sur le travail mené de concert notamment avec l’Agglomération de SQY pour influer sur cette décision mais aussi envisager l’avenir du site. « On considère, à la Fédération, que c’est le site qui apporte le plus de garanties en matière d’héritage des Jeux 2024, tout simplement parce que l’Île-de-France manque de sites de pratique de VTT, qui soient capables d’associer de la pratique pour le plus grand nombre jusqu’à de la pratique pour l’élite, souligne Michel Callot, président de la FFC. Avec le site d’Élancourt qui résultera des JO, on va pouvoir disposer en Île-de-France d’un lieu qui devrait devenir un haut lieu du VTT français, et francilien en particulier. »

La décision a logiquement été saluée également par Saint-Quentin-en-Yvelines. « C’est une belle victoire, parce qu’en plus il y a eu une espèce de compétition [avec Chamonix] », se satisfait Jean-Michel Fourgous, regrettant « une certaine perte de temps » en attendant la validation définitive. On a dû fournir un complément d’études, de moyens aussi, on a fait venir des experts sur cette colline. » Selon lui, la colline d’Élancourt disposait d’un certain nombre d’atouts, que le Cojo a pu constater lors d’une visite sur place : la proximité avec Paris, les usages de la colline après les JO, la réunion à Saint-Quentin-en-Yvelines de trois sites olympiques de vélo, la vue depuis la colline sur des espaces verts et sur la tour Eiffel, tout un symbole.

« Puis surtout, ils ont vérifié beaucoup de points critiques évoqués, pour essayer de prendre cette attribution, par d’autres […], avance le président de Saint-Quentin-en-Yvelines, faisant ici référence aux questions environnementales et notamment à l’abattage d’arbres. Ils ont bien vu que beaucoup d’arguments étaient très fantaisistes, que les quelques arbres qui allaient être coupés ne sont pas forcément en bonne santé et vont être remplacés. Il y a un projet de plantation sur site qui est dix fois supérieur en fin de JO. »

« Il y aura un réaménagement très important de la colline, en respectant une sorte d’identité écologique qui existe sur cette colline, mais aussi en pouvant l’adapter à un projet comme les JO, poursuit Jean-Michel Fourgous. Et que, bien sûr, ce site puisse être exploité après pour les balades familiales, les joggeurs, les gens qui font du VTT, il y un aspect de transmission après les JO qui aussi a joué positivement. »

Cet engagement environnemental est confirmé par le conseil départemental, qui accompagne le projet d’aménagement de la colline notamment au travers de Biodif, son opérateur en charge de la compensation écologique. « Biodif a pris en considération l’évolution du site et son état actuel pour proposer la meilleure intégration des travaux d’aménagement des équipements cyclables et des aires d’accueil du public, tout en assurant une évolution ultérieure du site qui favorise la biodiversité, s’engage le Département. Les habitats naturels les plus sensibles seront évités, les espèces végétales patrimoniales seront protégées et la réouverture pour le public d’espaces enfrichés permettra de développer la biodiversité. »

Si la validation d’Élancourt pour les épreuves de VTT est une première grande étape, il faudra cependant attendre le 17 décembre, et la décision définitive du Comité international olympique (CIO). « On est quand même très optimistes sur cette validation, parce qu’elle s’appuiera sur l’avis de l’Union cycliste internationale (UCI), souligne le président de la FFC. Depuis le début de ce dossier, je reste en étroite relation avec l’UCI [et] on a eu un écrit du président de l’UCI qui appuie le projet d’Élancourt […]. »

Cependant, le déroulement des épreuves de VTT sur la colline d’Élancourt ne réjouit pas les représentants saint-quentinois d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). « Nous avons eu bon espoir que le projet soit abandonné lorsque Paris 2024 a hésité en comprenant que l’aménagement de la colline pour une telle épreuve nécessite un abattage considérable : 10 hectares de forêt selon Le Monde, indique EELV dans un communiqué. Et pourtant, la machine semble repartir sans qu’aucune précision ne soit donnée aux habitants et habitantes sur le plan d’aménagement. […] Rappelons-nous que le sommet de l’Île-de-France est une colline artificielle qui résulte de 50 ans d’enfouissement de déchets dont la nature n’a jamais été complètement rendue publique. »

Estimant qu’entreprendre un « aménagement urbain à cet endroit est une folie environnementale », EELV indique qu’il « n’hésitera pas à déposer un recours en justice contre Élancourt, SQY et Paris 2024 qui, en connaissance de cause, orchestrent un projet mettant en péril notre territoire » et invite même « le public à manifester lors de l’épreuve si elle a lieu ».

EELV pourrait cependant être rassuré sur un point : le projet voulu initialement par SQY de construire un ouvrage au sommet de la colline est abandonné. L’an dernier, sept projets de construction avaient été présentés suite à l’appel à projets de l’Agglomération, dont deux semblaient tenir la corde : celui d’un dôme au sommet de la colline et celui d’y construire un restaurant offrant un panorama à 360°. Mais, depuis la remise en question d’Élancourt pour l’accueil du VTT, plus rien n’avait filtré à ce sujet, jusqu’à aujourd’hui.

« Le seul projet qui existe aujourd’hui pour la colline d’Élancourt, c’est celui des JO, tout simplement parce que c’est un projet qui est nécessaire aux Jeux, et c’est un véritable projet d’héritage pour le territoire : un héritage sportif, environnemental, et sociétal, nous confirme-t-on dans l’entourage du président de SQY. Les projets de bâtiment au sommet de la colline, aujourd’hui, ce n’est pas d’actualité. » Et Jean-Michel Fourgous d’ajouter : « Ils sont au frigidaire, voire au congélateur. »

CREDIT PHOTOS : ARCHIVES