V.ingt-deux hectares sur une ancienne friche industrielle. Le projet du futur quartier des Savoirs, qui doit voir le jour dans les cinq à dix prochaines années au Sud de Guyancourt, sur l’ancien site délaissé par Thalès depuis 2005, s’apprête à être enclenché. Ce samedi 13 mars, à 10 h, une réunion publique en ligne marque le coup d’envoi de la grande concertation qui doit durer trois ans. « Sur le site, rien n’a commencé, et il est fort rare que l’on commence une concertation au moment où on part d’un immense terrain vague », a d’ailleurs souligné le maire de Guyancourt, François Morton (DVG), lors d’une conférence de presse le 3 mars.

Cette concertation doit permettre aux habitants de se prononcer et d’apporter leur pierre à l’édifice sur ce projet qui devrait inclure toutes les composantes d’un nouveau quartier en termes d’infrastructures. Néanmoins, « nous ne partons pas d’une page blanche, un certain nombre d’éléments sont d’ores et déjà actés », a précisé le maire. À commencer par la ligne 18 du métro du Grand Paris express, prévue à l’horizon 2030 et à laquelle est lié le projet. François Morton rappelle que, en 2010, quand la loi du Grand Paris a été votée, le département des Yvelines était au départ exclu du projet, puis finalement concerné, « et on voit arriver une gare au milieu des champs, à l’Est de la RD 91 ». Ainsi, cette gare, pour laquelle les JO 2024 ont été un accélérateur, sera positionnée à l’angle Nord-Est du quartier.

« La position, elle est fixée, elle ne bougera plus, indique l’élu. Ce qui est également fixé, d’un point de vue technique, ce sont les ouvrages annexes qui sont nécessaires au fonctionnement de la ligne de métro. » Et notamment le fait que le métro sera enterré. « La municipalité s’est battue pour faire enterrer ce métro sur la partie urbanisée de Guyancourt, souligne-t-il. À l’époque, il y avait des piliers de 12 m de haut [qui étaient prévus]. Aujourd’hui, on sait qu’il arrivera en extérieur, probablement au sol […]. Il plongera en souterrain à Guyancourt et le restera (en souterrain, Ndlr) jusqu’à Versailles. Ce qui a été retenu, d’un point de vue technique, c’est une tranchée couverte. Le métro sera à – 10 m sous terre et circulera globalement le long de la RD 91, pour minimiser les nuisances pour les habitations. »

Autre aspect acté, bien sûr, le périmètre du futur quartier. Le terrain de l’ancienne friche Thalès sur une surface de 22 hectares donc, à l’Ouest de la RD 91 et du Technocentre, et au Sud du quartier de l’Europe. Cette surface correspond à la « forme géométrique du quartier des Savoirs », mais « après, vous avez des franges le long des voiries », indique François Morton, qui ajoute que d’autres espaces viendront s’ajouter, car « le Technocentre est en pourparlers pour essayer de s’ouvrir (à d’autres entités, Ndlr) ». Au total, donc, la surface pourrait monter à une cinquantaine d’hectares.

1 800 à 2 000 logements, dont 50 % de logements sociaux

Par ailleurs, la municipalité a, « depuis l’origine du projet, […] indiqué un certain nombre » d’impératifs, affirme l’édile guyancourtois. Notamment que la future gare porte le nom de « Guyancourt – Saint-Quentin-en-Yvelines », et non « Saint-Quentin Est » comme mentionné dans les documents techniques du projet. Elle réclame aussi le dévoiement de la RD 91, « pour ne pas couper le quartier du reste de la ville, […] notamment car le parcours de cette RD 91 est actuellement sur l’avenue Léon Blum (l’actuelle RD 91 arrive du Nord et continue au Nord de la parcelle, au Sud du quartier de l’Europe, Ndlr) et qu’elle devra être un axe plus clairement Nord-Sud », justifie le maire, estimant que « ce quartier doit être sans rupture physique ou lié à une infrastructure, […], ça doit être un quartier accessible et praticable pour tous les habitants de la ville ». « Nous avons un accord de principe sur ce dévoiement », ajoute-t-il.

La Ville souhaite aussi conserver des éléments de patrimoine, comme la tour de visée, identifiée comme bâtiment remarquable, ou la halle conçue par l’architecte italien Renzo Piano, connu pour avoir notamment réalisé le centre Beaubourg à Paris, et ses fameux tuyaux colorés. C’est la seule halle conservée parmi toutes celles de Thalès. D’une surface de 6 000 à 8 000 m², elle donnera lieu à « un atelier spécifique » pour évoquer son devenir et « savoir quel type d’activité on veut accueillir », informe François Morton. « La volonté, c’est qu’elle reste, même après l’arrivée du métro, détaille-t-il. Ça peut être à vocation artistique, associatif, du service public, un emplacement pour une ressourcerie, du loisir… »

Le maire annonce que l’« on devrait voir les premiers bâtiments sortir de terre aux alentours de 2025 », mais que « ça continuera à s’aménager par tranches jusqu’à après 2030 ».

La ligne 18, elle, devra être en interconnexion « avec les autres réseaux de transport existants, je pense aux TCSP, au RER et aux circulations douces », et « visible, belle, fonctionnelle, et qu’elle soit repérée très facilement », insiste le maire, qui souhaite plus généralement que le quartier « soit un quartier exemplaire » et fait savoir qu’un architecte de renom travaille autour de la conception de cette gare.

Enfin, la Ville demande qu’il n’y ait aucun logement construit à l’Est de la RD 91. « C’est une vraie barrière (la RD 91, Ndlr), explique François Morton. Les enfants vont devoir aller à l’école ou au collège, et ce n’est pas la politique de la Ville que de faire traverser des barrières importantes pour aller à l’école par exemple. »

Les logements, justement, devraient être au nombre de 1 800 à 2000. « Ils seront à 50 % en accession libre, et à 50 % dans le logement social, qu’il soit locatif ou en accession. Cela est impératif et a été accepté par SQY et par la présidente de la Région », détaille François Morton. « Sur Guyancourt, c’est une politique que nous menons depuis très longtemps, en continuant à construire du logement social, mais en permettant aussi aux habitants d’avoir un parcours résidentiel », poursuit-il, jugeant que « Guyancourt est exemplaire dans la mixité sociale » et « est la preuve qu’on peut vivre dans une ville avec 50 % de logements sociaux, et y vivre bien ». « Donc on n’a pas tellement de raisons de changer notre approche des choses », assure-t-il, en dépit « des pressions de toutes parts » qu’il confie subir à ce sujet.

Avec ces nouvelles constructions, la ville devrait passer le cap des 30 000 habitants, et même peut-être atteindre les 31 000, voire 32 000, mais « ça restera une ville dans laquelle il fait bon vivre », rassure l’élu, qui rappelle également que le nombre de logements prévus au tout début du projet s’élevait à 10 000 et avance d’autre part que « ce quartier devra répondre à une mixité fonctionnelle qui nous est extrêmement chère », avec, outre les logements, des commerces, des entreprises, des espaces verts, des services publics.

Parmi ces derniers, on comptera notamment un groupe scolaire (école maternelle et élémentaire, Ndlr) dans le futur quartier. « A priori, il n’y a pas de nécessité d’avoir un nouveau collège », les collèges déjà existants à Guyancourt pouvant accueillir les futurs élèves issus du quartier, ajoute le maire, qui annonce aussi la construction d’équipements sportifs, comme un gymnase, voire « probablement » d’un complexe sportif, mais également d’un nouvel espace aquatique. Une crèche et des locaux associatifs devraient aussi voir le jour.

Si un certain nombre d’éléments et d’impératifs sont donc actés, « le champ des possibles est totalement ouvert », martèle l’édile, qui s’apprête donc à lancer la concertation. Elle sera ouverte aux Guyancourtois, mais probablement au-delà, car « on aimerait bien avoir des points de vue des gens qui n’habitent pas la ville mais qui seraient intéressés pour venir y habiter », précise-t-il, évoquant notamment un déménagement de Guyancourtois venus d’autres quartiers mais aussi une « migration de la petite couronne vers chez nous » en ce qui concerne le profil des futurs résidents.

La concertation a d’ailleurs déjà en quelque sorte commencé il y a plus d’un an puisque le nom de « quartier des Savoirs », avait été choisi par les habitants à l’automne 2019 suite à un sondage. Désormais, ateliers thématiques, balades urbaines, ou encore registre dématérialisé, alimenteront la participation citoyenne autour du projet. Sans oublier, bien sûr, les réunions publiques et donc celle du 13 mars en visio (inscriptions sur le site internet de la Ville, Ndlr), à laquelle seront conviés habitants et partenaires.

Plusieurs « centaines de millions d’euros »

Des partenaires qui sont très nombreux autour de la Ville de Guyancourt. L’Établissement public d’aménagement Paris-Saclay (Epaps) sera l’aménageur, tandis que le groupement Marniquet et Aubouin est chargé de réaliser le projet urbain. SQY, le Département, l’ Établissement public foncier d’Île-de-France (Epfif) sont aussi dans la boucle. Ce dernier portait précédemment financièrement et foncièrement le terrain. C’est désormais l’Epaps qui a acquis la moitié de la parcelle, doit encore acquérir l’autre moitié et prendra en charge le coût d’aménagement. Un montant s’élevant à plusieurs « centaines de millions d’euros », selon François Morton, qui ne peut donner plus de précisions à ce stade. Des subventions publiques, par exemple du Département pour le dévoiement de la RD 91, sont prévues.

Le calendrier, lui, est « en cours de construction », d’après le maire, qui annonce que l’« on devrait voir les premiers bâtiments sortir de terre aux alentours de 2025 », mais que « ça continuera à s’aménager par tranches jusqu’à après 2030 ». Et l’élu de résumer au sujet de l’aménagement du quartier : « C’est notre défi des dix prochaines années, peut-être même au-delà. »

CREDIT PHOTO : VILLE DE GUYANCOURT