La ligne 18 du Grand Paris express débattue. Jusqu’au 30 juillet se tient une nouvelle enquête publique sur ce qui est l’un des plus gros projets de mobilité pour Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) et ses environs. Ce temps d’échange est nécessaire en raison d’une modification de la Déclaration d’utilité publique (DUP) du projet pour y faire figurer en particulier deux changements importants : le déplacement de la gare de Saint-Quentin Est à Guyancourt, et le passage au sol de la ligne 18 entre Saclay et Magny-les-Hameaux, initialement prévue en viaduc.

Une longue réunion publique a donc été organisée le 6 juillet à Guyancourt, en présence de la Société du grand Paris (SGP), qui réalise le Grand Paris express, et de l’Établissement public d’aménagement Paris-Saclay (Epaps), qui pilote notamment l’aménagement du futur quartier des Savoirs à Guyancourt, où sera créée la gare Saint-Quentin Est. Une petite cinquantaine de personnes est venue assister aux échanges, dont, logiquement, une large partie d’opposants à la ligne 18.

Pour rappel, la ligne 18 sera une nouvelle ligne de métro automatique, chiffrée à plus de 4,4 milliards d’euros, faisant partie du vaste projet du Grand Paris express. D’une longueur de 35 km, elle permettra de relier en 30 minutes l’aéroport d’Orly à Versailles-chantiers, en s’arrêtant notamment dans les futures gares de Massy, CEA Saint-Aubin, Guyancourt ou encore Satory. Sa mise en service sera progressive à partir de 2026, pour une ouverture du tronçon passant par SQY en 2030.

C’est dans cette partie du tracé, du CEA Saint-Aubin à Versailles, qu’ont lieu les modifications du projet. Il est en effet désormais prévu que le futur métro ne circule plus en viaduc de Villiers-le-Bâcle jusqu’au Sud du Golf national à Magny-les-Hameaux, mais passe au sol (elle est ensuite en souterrain du Golf national à Versailles, Ndlr). Selon la SGP, ce passage au sol permet en premier lieu une économie estimée à « 30 millions d’euros », mais également « d’améliorer l’insertion paysagère » du métro et de réduire de « 20 % » la consommation de terres cultivables.

En résumé, les opposants à la ligne 18 remettent en question l’utilité réelle de cette nouvelle ligne et craignent une urbanisation importante de terres agricoles sur le plateau de Saclay.

La seconde modification du projet est le déplacement de 200 m de l’emplacement de la future gare Saint-Quentin Est. Alors qu’elle devait être construite sur la friche Thales au Sud du rond-point de Villaroy, elle se situera finalement du côté du Technocentre à l’Est de l’actuel rond-point et passera sous la RD91 dévoyée. Pour l’Epaps, cette modification offre la possibilité à la gare « d’avoir des adressages sur toute la ville, donc aussi sur Villaroy et pas seulement sur le futur quartier », et d’avoir « une sortie de gare côté Technocentre ». « Et dans le confort à terme et l’attractivité de la ligne, on a une gare qui va être accessible à -4 mètres au lieu de -30 mètres », ajoute l’Epaps.

Mais, au-delà de ces aspects, les remarques du public ont quasi exclusivement porté sur une critique de la ligne 18. Une vingtaine de membres ou sympathisants du Collectif citoyen contre la ligne 18 étaient d’ailleurs présents, pancartes en main, devant le pavillon Waldeck-Rousseau, avant le début de la réunion publique. En résumé, ils remettent en question l’utilité réelle de cette nouvelle ligne et craignent une urbanisation importante de terres agricoles sur le plateau de Saclay.

« J’aurais aimé savoir quels sont les chiffres de fréquentation, revus avec la période Covid […]. Autre élément, on a un réseau qui a besoin d’investissements. D’abord, faites-nous les lignes du transport du quotidien, et après, potentiellement, on pourra envisager s’il y a un intérêt, insiste une participante. Personne n’a besoin de cette ligne, alors pourquoi vous voulez absolument nous pourrir la vie avec cette ligne qui n’apporte rien à SQY ? » Une autre membre du collectif contre la ligne 18 estime que les besoins de déplacement des Franciliens sont sur un axe Nord/Sud, et non Est/Ouest comme le tracé du métro le prévoit.

« Quand on regarde le besoin de transport, on est aujourd’hui à 19 000 voyageurs à l’heure de pointe du matin (sur l’ensemble de la ligne 18, Ndlr), répond la SGP, avançant que seul un métro automatique peut répondre à ces enjeux de trafic, de vitesse et de régularité. Les études de prise en compte du Covid montrent qu’il ne va pas y avoir d’effet sensible à long terme, et s’il y en avait, ce serait de l’ordre de 20 % maximum, donc ça ne change pas l’ordre de grandeur. »

Et un autre représentant de la SGP d’estimer qu’il « faut voir le Grand Paris express comme un ensemble », qui va permettre un meilleur maillage en transports et donc le « soulagement des lignes existantes », mais aussi rendre plus rapides les trajets entre SQY et Massy et Orly. « Ce n’est pas contradictoire avec l’amélioration du réseau existant, c’est quelque chose que fait en parallèle Île-de-France mobilités. » Mais aucun argument n’a semblé convaincre les opposants à la ligne 18.

« Nous voulons que les terres nourricières à côté de chez nous ne soient pas détruites pour un ouvrage qui est totalement inutile pour les Saint-Quentinois, a par exemple clamé une habitante de l’agglomération, soulignant la qualité des terres du plateau de Saclay. Avez-vous réellement évalué la bétonisation que tout cela entraîne ? »

Selon la SGP, « l’empreinte » du projet de ligne 18, couplé avec le doublement de la RD36 sur sa partie essonnienne, sera « de 20 ha de terres cultivables sur toute la partie de Saclay à Magny », en comptant la diminution de 4 ha obtenue grâce au passage au sol de cette partie du tracé. La question des continuités agricoles, et du franchissement de la ligne 18, tant par les automobilistes que par les engins agricoles ou les animaux, a également été soulevée. Sur ce point, la SGP a assuré que des ouvrages permettant le franchissement étaient à l’étude, notamment travaillés avec les exploitants agricoles du plateau de Saclay.

Pendant les échanges avec la salle, une seule voix s’est exprimée en faveur du projet. Elle est venue des élus de Voisins-le-Bretonneux, qui sont cependant inquiets des conséquences pour la circulation. « Nous, on est plutôt pour la ligne 18, […] parce que ça fait partie de l’attractivité de notre territoire, et nos entreprises sont très en attente de cette ligne, avance Alexandra Rosetti (UDI), maire de Voisins-le-Bretonneux. Ne pas l’avoir pourrait être désastreux pour SQY parce que tout le reste de la région parisienne serait raccordé sauf nous. »

Mais pour les élus vicinois, une crainte réside dans le dévoiement prévu de l’actuelle RD91 et dans la suppression du mini-tunnel qui permet de passer sous le rond-point de Villaroy. « Aujourd’hui, on propose de dévier [la RD91] vers le Sud (en suivant donc l’avenue de l’Europe, Ndlr), pour ensuite avoir des tournes à droite et rajouter deux feux rouges, résume Alain Caffin, élu vicinois aux mobilités. Tout ça va compliquer le trafic pour tout le monde. »

La Ville de Voisins a justement mis en ligne une lettre ouverte contre cet aspect du projet. « La fermeture du mini-tunnel sur la RD91 (Place de Villaroy) à Guyancourt entraînerait de forts embouteillages autour de la nouvelle gare, et un accroissement de ceux déjà rencontrés dans Voisins, estime cette lettre ouverte. Cela pénaliserait donc aussi les communes riveraines, y compris celles de la vallée de Chevreuse. » Les élus vicinois souhaitent qu’eux et leurs homologues de la vallée de Chevreuse, soient associés aux discussions.

L’enquête publique se poursuit jusqu’au 30 juillet. Le dossier peut être consulté, et des avis déposés, sur ouestligne18.enquetepublique.net.

Dans le futur quartier des Savoirs, la réhabilitation de la halle Piano se prépare

Une réhabilitation de la halle Piano en vue de sa réouverture dès 2023. C’est l’objectif que s’est fixé l’Établissement public d’aménagement Paris-Saclay (Epaps) avec le lancement d’une consultation de maîtrise d’œuvre pour la réhabilitation de cette halle et de la tour de visée. Une opération présentée comme « l’un des premiers jalons » de l’aménagement de la Zone d’aménagement concerté (Zac) Gare Guyancourt-Saint-Quentin, qui sera le futur quartier des Savoirs à Guyancourt, desservi en 2030 par la ligne 18 du Grand Paris express.

« Au sein de ce secteur, le site industriel réalisé entre 1988 et 1991 par l’architecte Renzo Piano et laissé vacant après le départ de l’entreprise Thales après 20 ans d’exploitation, présente un intérêt patrimonial certain, rappelle l’Epaps dans un communiqué. […] Le choix est fait de préserver la frange Sud des halles (environ 8 800 m²) ainsi que la tour de visée qui servait autrefois à tester les instruments développés dans l’usine. Outre ce patrimoine bâti, il est prévu de conserver le parc Sud (environ 5 ha) et de l’ouvrir au public. »

L’Epaps, en lien avec Guyancourt et Saint-Quentin-en-Yvelines, vient donc de lancer « un accord-cadre de maîtrise d’œuvre » dont les missions sont en trois phases. La première sera « la réhabilitation sommaire des bâtiments afin de permettre leur réouverture à brève échéance et à un coût maîtrisé », détaille le communiqué. La deuxième phase devra permettre « l’aménagement intérieur et l’accompagnement à l’installation des futurs preneur(s)/gestionnaire(s) afin d’encourager, durant les premières années d’exploitation, des appropriations cohérentes de ces lieux vis-à-vis des travaux réalisés ». L’objectif affiché est que « les futurs preneur(s) et gestionnaire(s) de la halle Piano » soient sélectionnés l’année prochaine, pour « ouvrir au public le parc et les travées Sud de la halle Piano d’ici 2023 ».

Enfin, une troisième phase consistera à complètement réhabiliter les bâtiments « en fonction des besoins identifiés lors de la première phase d’exploitation ». L’Epaps souhaite que, avant même l’ouverture de la gare de la ligne 18, la halle et son parc deviennent « un espace singulier à la programmation mixte permettant un brassage de populations et une grande diversité d’usages ».

Il est ainsi envisagé que la halle et la tour de visée proposent « des espaces de travail pour les créateurs d’entreprise éprouvant des difficultés à se loger dans le parc immobilier traditionnel », indique l’Epaps. Une partie de la halle pourrait aussi accueillir des activités liées à l’économie sociale et solidaire ou des « associations, entreprises d’insertion, espaces de coworking, fablabs… » La halle et la tour devraient aussi « offrir des espaces qualitatifs dédiés aux loisirs et à la convivialité », et l’implantation d’un équipement public est également à l’étude.

« Enfin, ce lieu pourrait accueillir une maison du projet, lieu privilégié d’échanges et de coconstruction du projet urbain avec les habitants, ainsi qu’un espace dédié à la culture », poursuit le communiqué. Le marché de maîtrise d’œuvre « a donc vocation à accompagner les évolutions successives de la halle Piano ; de l’activation du Sud du site Thales avec la réhabilitation sommaire jusqu’à la pérennisation des activités au sein du futur quartier des Savoirs », conclut l’Epaps.

CREDIT PHOTO ENCADRE : EPA Paris-Saclay – AltiClic