« Il faut que ces artisans et ces personnes de l’extérieur arrêtent de penser que nos quartiers sont des poubelles ». Ce témoignage d’un habitant du Valibout résume bien le ras-le-bol qui règne dans ce quartier populaire de voir des entreprises venir se débarrasser de leurs déchets de chantier au pied des immeubles, plutôt que dans les déchetteries prévues à cet effet. Une problématique que la municipalité a également décidé de prendre à bras le corps, demandant aux habitants de l’aider à identifier les contrevenants.
Sur les réseaux sociaux, tout est parti le 12 février d’une publication sur le groupe Facebook « Tu sais que tu viens de Plaisir quand … ». Dans un long message, un habitant du Valibout relate une altercation qu’a eue sa mère avec un artisan peu scrupuleux jetant « ses déchets de chantier dans les encombrants en face de notre immeuble », indique son message. « Nous, habitants du Valibout, dénonçons ce type d’attitude, poursuit-il. Nous refusons que notre quartier serve de déchetterie pour les artisans irresponsables et irrespectueux. » Une publication qui a déclenché une flopée de commentaires indignés.
Joint par téléphone en fin de semaine dernière, l’auteur du message témoigne d’un véritable ras-le-bol dans le quartier. « Là, on en a vraiment marre, c’est trop fréquent que des artisans viennent pour déposer leurs déchets en plein milieu du quartier, en toute impunité, nous explique-t-il, regrettant une situation qui dure depuis trop longtemps. On ne sait même pas ce qu’ils jettent comme déchets… et des enfants passent à côté. » D’après lui, des particuliers aussi viendraient se débarrasser de leurs ordures dans le Valibout, même si « ce n’est pas la majorité ».
Après un énième dépôt d’une entreprise, malgré plusieurs « tentatives de dialogue » avec elles, et alors qu’il raconte que certaines situations ont déjà failli dégénérer entre habitants et artisans, ce Plaisirois a donc fait appel aux réseaux sociaux : « J’ai fait cette publication pour qu’on mène un combat, le respect doit revenir. » En parallèle de sa publication sur Facebook, l’auteur du message a également contacté la mairie de Plaisir, qui s’est empressée de réagir.
La maire de Plaisir, Joséphine Kollmannsberger (LR), s’est en effet rapidement rendue sur place et a également exprimé son mécontentement sur les réseaux sociaux. « Insupportable ! La ville n’est pas une poubelle, écrit la maire sur sa page Facebook. Je dénonce les entreprises malveillantes qui n’utilisent pas les déchetteries et déversent en ville ou dans les forêts les résidus de chantier. Nous serons intraitables pour le respect des habitants. »
Contactée, Joséphine Kollmannsberger, confirme une « recrudescence » de tels agissements dans plusieurs quartiers de la ville, mais égale-
ment sur Saint-Quentin-en-Yvelines. « J’en ai ras-le-bol parce qu’il y a une espèce de cristallisation concernant les quartiers dits ‘‘populaires’’, et j’ai l’impression que c’est un total manque de respect, regrette-t-elle. Je ne l’accepterai pas, je ne vais pas laisser faire. »
La maire souligne que la Ville va donc désormais intensifier son action. Avec l’installation, dans un premier temps au Valibout, de banderoles indiquant que le quartier « n’est pas une poubelle » et que les entreprises peuvent recevoir une contravention « de 1 500 euros ».
La commune en appelle également aux Plaisirois pour l’aider à identifier les responsables de dépôts sauvages, dans le Valibout mais également dans tous les autres quartiers, et mobilise pour cela sa police municipale. « On va mener une opération en partenariat avec les habitants, souligne-t-on dans l’entourage de la maire, parce que ce qu’il se passe pour les dépôts sauvages, c’est que si on n’a pas de flagrant délit, les entreprises ne peuvent pas être sanctionnées. »
La municipalité invite, dans une publication Facebook, tous les témoins de tels agissement à « téléphoner immédiatement à la police municipale » : « Nos policiers seront mobilisés pour constater un flagrant délit. » Une première intervention aurait eu lieu dès vendredi. Elle conseille aussi aux Plaisirois de prendre « des photos du véhicule des contrevenants » et à les transférer par mail à plaisiravotreecoute@ville-plaisir.fr, « en précisant le lieu, l’heure, la date du dépôt sauvage ainsi que vos coordonnées ».
Une action que l’auteur de la publication initiale sur Facebook voit d’un bon œil. « Maintenant lorsqu’on verra des personnes le faire, on va les dénoncer, les prendre en photo ou en vidéo, et on va faire remonter l’information pour que ces personnes répondent de leurs actes. Et ça donnera l’exemple aux autres », prévient cet habitant du Valibout, estimant que « toute forme d’incivilité doit être éradiquée » de la commune.
Damien Guimier