Le Valibout, un futur écoquartier. C’est l’ambition de la municipalité pour l’avenir de ce quartier prioritaire plaisirois. Sa réhabilitation est en cours et elle va durer encore dix ans. Le 19 octobre à la Mosaïque, la maire de Plaisir, Joséphine Kollmannsberger (LR), a présenté le projet de rénovation du Valibout, qui s’inscrit dans le Nouveau projet national de renouvellement urbain (NPNRU). « Nous voulons revaloriser l’habitat, faire un quartier qui soit mieux intégré et l’ouvrir à ceux qui sont extérieurs au quartier », annonce la maire de Plaisir aux habitants. Face à elle et aux différents partenaires du projet, un peu plus de 80 personnes sont venues faire salle comble à la maison des familles, pour découvrir à quoi ressemblerait le Valibout dans quelques années. 

Des changements significatifs les attendent. Le silo 9 va être démoli pour laisser place à une zone commerciale. De nouvelles voies vont être créées pour désenclaver le quartier. Une salle polyvalente va voir le jour pour les habitants et les associations. Un pôle pédagogique va réunir plusieurs écoles maternelles. Puis les jardins partagés, le garage solidaire et les pistes cyclables vont venir donner une conscience écologique à ce nouveau quartier. Titanesque, ce programme avoisine les 65 millions d’euros.

Les Plaisirois présents à cette réunion ont cependant des avis mitigés sur ces annonces. Des habitants apprécient les initiatives écologiques. Mais certains veulent davantage de sécurité dans le quartier, avant même de penser à en faire un écoquartier. D’autres sont mécontents des travaux déjà orchestrés chez eux.

Avec près de 4 000 habitants et un peu plus de 1 000 logements, le Valibout a déjà subi une première vague de réhabilitation entre 2011 et 2012. Celle-ci a ensuite repris en 2015, lorsque ce quartier prioritaire a été retenu par l’État dans le cadre du NPNRU, selon le protocole de préfiguration du nouveau programme de renouvellement urbain. Ainsi, les logements et les parties communes des immeubles des tranches 1, 2 et 3 sont réhabilités ou en cours de réhabilitation.

« Ils sont sur le bon chemin », lance Nzuzi, en réaction aux différentes interventions présentant le projet. Habitant dans l’un des immeubles de la tranche 2 du Valibout, il se réjouit de l’arrivée des jardins partagés. En plus, la vidéo de présentation du programme annonce : « la mise en place du tri sélectif et l’installation de points d’apport (des conteneurs spécifiques pour les déchets, Ndlr). » Plus pessimiste, Assia, une habitante du quartier, essaye d’être réaliste : « Les gens ne vont pas s’impliquer », en faisant référence à l’utilisation du tri sélectif et des points d’apport.

Des changement significatifs les attendent. Le silo 9 va être démoli
pour laisser place à une zone commerciale. De nouvelles voies vont être créées pour désenclaver le quartier.

Le garage solidaire est une autre des annonces phares du projet qui intéresse les Plaisirois. En cours d’installation, selon Joséphine Kollmannsberger, il accueillera des personnes en insertion et devrait réduire le nombre d’épaves dans le quartier. Selon les habitants comme la municipalité, ce garage devrait surtout permettre de lutter contre la mécanique sauvage. « Des gens viennent de l’extérieur et profitent du désordre pour faire de la mécanique sauvage », constate Chino Mukoko, président de l’association Africa Plaisir, qui sensibilise au respect de l’environnement et des résidences. 

Un groupe de mères de famille craint en revanche que cette initiative n’empêche pas ces incivilités. « Les gens préfèrent travailler au noir plutôt qu’utiliser un garage solidaire. […] Ils travaillent au noir dans les boxes (des parkings, Ndlr) », explique la mère de famille Assia. Avec deux autres femmes du Valibout, elles n’excluent pas l’initiative mais souhaitent surtout un accompagnement en termes de sécurité. 

Une étude est prévue à cet effet. Au sein du quartier, celle-ci vise à « associer les forces de sécurité à l’ensemble des projets concernant le quartier avec l’aide de la Direction départementale de la sécurité publique », annonce le protocole de préfiguration du nouveau programme de renouvellement urbain. La maire a déclaré que toutes les études relatives au projet vont bientôt commencer. 

Cette tranquillité, les habitants la veulent aussi autour de leurs immeubles. « On veut avoir plus d’espaces résidentiels pour empêcher que quelqu’un de l’extérieur vienne », lance un habitant du Valibout. Le président de l’association Africa Plaisir renchérit : « Il faut qu’ils fassent comme ils ont fait à Trappes. » Chino Mukoko fait référence aux travaux de réhabilitation et de résidentialisation des quartiers trappistes, comme ceux de la Plaine de Neauphle et des Merisiers.

Justement, le NPNRU du Valibout prévoit de délimiter les espaces privés et publics en construisant des murets, l’objectif étant de créer un espace résidentiel sécurisant. Les parkings seront également rénovés pour être réservés aux résidents. Ces objectifs rassurent les habitants.

Concernant la rénovation de leurs immeubles, ils sont moins convaincus. Les logements et les parties communes de la tranche 1 ont été finis en 2012. Celles de la tranche 2 ont également été refaites et les parties de la tranche 3 seront finies à la fin de l’année, selon Arnaud Legros, le président du bailleur social Les Résidences Yvelines-Essonne, chargé de la réhabilitation. Quant à l’intérieur des logements pour la tranche 3, il sera rénové à partir de janvier 2020, suivi de celui de la tranche 2 en juin 2020.

Concrètement, « on refait les pièces humides, cuisine, salle de bain, précise Arnaud Legros. Les chambres, salon et séjour sont remis aux normes électriques et on peut aussi être amenés à refaire les peintures selon les logements. » L’un de ses objectifs est la performance énergétique, en d’autres termes, l’isolation. « On veut éviter la déperdition de chauffage, l’humidité. Par exemple on fait des joints autour des fenêtres », explique-t-il. 

Avec près de 4 000 habitants et un peu plus de 1 000 logements, le Valibout a déjà subi une première vague de réhabilitation entre 2011 et 2012. Celle-ci a ensuite repris en 2015.

Ces déclarations ne font pas l’unanimité auprès des habitants, surtout ceux dont le logement où les parties communes ont déjà été rénovés à une époque où ils étaient dans le parc immobilier de l’Opievoy. Ils pointent la mauvaise qualité des matériaux utilisés. « Les travaux c’est n’importe quoi, se révolte Wassila, une habitante d’un immeuble de la tranche 2. Ils ont enlevé des matériaux solides et les ont remplacés par des matériaux fragiles. » Menana, du Vieux Valibout, précise que chez elle « le sol des escaliers se décolle. »

Arnaud Legros le reconnaît : « Ça s’appelle du travail mal fait, et on se souviendra de ces entreprises. » Le bailleur du parc social a eu vent de ces désagréments et confirme que l’entreprise en charge de la réhabilitation n’a pas choisi « les meilleurs matériaux ». Il annonce donc que pour les travaux des parties communes de la tranche 3, les matériaux seront mieux choisis. « On leur demandera de ne pas utiliser des dalles en PVC mais du carrelage », illustre-t-il et d’ajouter : « Il s’agit aussi de prendre soin de ses parties communes et que chacun y mette du sien. »

Au-delà de la rénovation, le programme de renouvellement urbain prévoit qu’une cinquantaine de logements issus de la tranche 1 seront démolis ainsi que le Silo 9. Ce dernier, en cours de démolition, devrait disparaître en décembre 2019. Sous l’approbation de l’assistance, Arnaud Legros tempère : « Si nous n’avons pas d’aléas administratifs d’ici là. »

Des logements en accès à la propriété seront en revanche construits au Nord du quartier. Encore une fois, les habitants restent sceptiques à l’idée d’acquérir un logement. « Ils l’ont déjà fait et les prix étaient exorbitants », regrette Chino Mukoko. 

Toutes ces revendications, les habitants vont pouvoir les communiquer. À la fin de la présentation du projet, la maire de Plaisir a invité les Plaisirois à se joindre à eux dans la mise en place de ce programme, qui se veut collaboratif. En préambule de ce dernier, des marches exploratrices avaient déjà été organisées avec des femmes, pour connaître leur vision du quartier. Désormais, des consultations publiques vont avoir lieu dans les semaines à venir, pour discuter du programme et lui apporter les améliorations attendues par les habitants.

Un pôle pédagogique au Valibout

Le Nouveau projet national de renouvellement urbain du Valibout, présenté le 19 octobre à la Mozaïque à Plaisir, a annoncé la mise en place d’un pôle pédagogique. Ce dernier vise à réunir plusieurs écoles du quartier. L’école Louise Michel va être déplacée à l’école Danièle Casanova, qui va être agrandie. En plus, une nouvelle cantine ouvrira ses portes courant 2020 juste à côté, comme l’assure la maire de Plaisir, Joséphine Kollmannsberger (LR). L’école Pierre Brossolette se situant également à côté, cet ensemble formera un pôle pédagogique, bénéficiant également de la création d’un jardin partagé.

Article mis à jour le 30/10/2019 à 10h30 : Des précisions ont été apportées à l’article concernant le pôle pédagogique et les dates des travaux de rénovations des logements tranches 2 et 3. La cinquantaine de logements qui seront démolis ne sont pas dans la tranche 2 mais dans la tranche 1. Il ne s’agit pas d’une nouvelle cuisine centrale qui va être construite, mais d’une cantine.

CREDIT PHOTO PLANS : VILLE DE PLAISIR