C’est l’un des projets d’aménagement majeurs dans la commune et à Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY). Le secteur de la gare de Coignières sera profondément réaménagé, d’ici une dizaine d’années, afin d’y créer un nouvel écoquartier qui comprendra notamment 550 logements, dont 30 % de logements sociaux.

« Il y a des obligations au niveau du Sdrif (Schéma directeur de la région Île-de-France), c’est de construire là où il y a du transport, a rappelé le maire de Coignières, Didier Fischer (DVG), face à la presse le 24 mars. Donc, l’idée, c’est de construire ces 550 logements là où il y a la gare. » Il ajoute que ce projet va aussi obliger à requalifier les Zones d’activités (ZA) du secteur, car « on va prendre sur la ZA pour construire ». « Ça va nous obliger à faire quelque chose de plus moderne, car on est quand même sur des zones des années 1970-80. Les modes de consommation changent, et si on n’intervient pas maintenant, dans dix ans, il sera trop tard, on n’aura que des friches commerciales et industrielles dans le secteur. »

La vétusté des ZA, datant d’il y a 40 ou 50 ans, fait partie des nombreux inconvénients de ce quartier, pourtant central avant que la N10 ne coupe Coignières en deux. « Et on voit ce qu’elle est devenue aujourd’hui, une quatre voies », regrette le maire. Aujourd’hui, ce quartier est « coupé du centre-ville, enclavé entre la voie ferrée et la N10, c’est sûrement un des quartiers les plus pollués de Coignières. Vous êtes à proximité de la N10, avec beaucoup d’activités commerciales », constate Didier Fischer.

« On ne construira pas un deuxième Coignières »

« C’est aussi une zone […] où, lorsque la N10 est totalement saturée, les gens circulent pour éviter les embouteillages, ajoute-t-il. Aux heures de pointe, vous avez un défilé de véhicules très important (environ 69 000 voitures/jour sur la N10, Ndlr). » Sans oublier les dépôts pétroliers, où sont notamment pratiquées « des activités de concassage de matériaux qui créent une pollution atmosphérique importante », concède l’élu, soulignant d’autre part « qu’il n’y a pas, à part la gare, d’équipement public dans ce secteur ».

« Donc tout ça ne rend pas très qualitatif le quartier. Il y a vraiment une situation très problématique, résume-t-il. Les habitants se sentent relégués. » Environ 600 habitants, et près de 1 000 si on ajoute ceux du Pont de Chevreuse, également situé de ce côté de la N10. Didier Fischer indique qu’ils seront bien sûr consultés dans la construction du futur quartier. Lors du conseil municipal du 29 mars, les élus devaient voter une délibération cadre fixant « notamment la concertation avec les habitants de ces quartiers, pour son évolution, car […] ce n’est pas en claquant des doigts ou en disant ‘‘C’est comme ça que je veux’’ que les choses vont se faire. Il faut quand même que les habitants aient leur mot à dire sur l’évolution de leur quartier. D’autant plus qu’ils nous disent qu’ils se sentent relégués », explique le maire.

La Ville souhaite par ailleurs bien sûr inscrire ce projet de nouveau quartier à la révision de son Plan local d’urbanisme (PLU), au sujet de laquelle une réunion publique avait lieu le 20 avril (voir page 6). Le maire déplore toutefois une participation insuffisante, voire inexistante, des habitants du secteur à l’élaboration du nouveau PLU. « Donc l’idée, c’est d’essayer de préparer cette concertation en amont, et d’inscrire vraiment le phénomène de concertation dans l’évolution du quartier », affirme-t-il.

« C’est un vrai pari, car faire un éco-quartier dans un lieu aussi enclavé, pollué, il y a tout un travail, avant même de construire les premières habitations, qui va consister à essayer d’améliorer le cadre de ce lieu », souligne l’édile. Ainsi, une étude va être lancée par SQY, la municipalité ayant insisté pour que celle-ci prenne en compte la N10. « Jusque-là, il y avait une étude prévue dans le cadre du PLU, mais qui s’arrêtait à la N10, d’après Didier Fischer. C’est un élément essentiel, un élément de fracture, de rupture territoriale. Donc il faut l’englober pour penser la réunification des deux parties de la ville. » Le maire prévient : « On ne construira pas un deuxième Coignières, il faut que ça soit le même, qu’on arrive à réunir la ville. »

Didier Fischer rappelle également que cet aménagement du secteur gare est « un projet à long terme, ça ne va pas se faire demain ». Il parle d’une « évolution à dix ans » minimum et évoque l’importance, avant d’entreprendre la construction des habitations, de « maîtriser le foncier, car on n’a pas forcément envie de faire appel tout de suite à des promoteurs ». L’idée étant d’éviter le bétonnage à outrance.

Pour ce faire, la Ville utilise l’arme de la création d’une zone d’aménagement différé. « Ça permet de refuser des permis de construire, explique le maire. Pendant une douzaine d’années, on est tranquilles, car c’est parfois compliqué de refuser des permis de construire. Quand tout colle, le maire est obligé [d’accepter]. Si on refuse, on est attaqués, et, à ce moment-là, ils ont gain de cause. […] Si on arrive à retarder l’opération de plus de deux ans, comme, eux, ils (les promoteurs, Ndlr) ont des capitaux à placer, ils vont voir ailleurs. » La Ville s’est entourée de l’Établissement public foncier d’Île-de-France (Epfif) et a passé convention avec le Département. « Cela nous donne une force de frappe d’une quarantaine de millions d’euros pour racheter des terrains, et préempter du foncier », confie Didier Fischer, ajoutant que l’ « on commence à préempter ». « Ce n’est pas encore suffisant pour faire notre quartier, mais ça va le devenir », assure-t-il.

Créer « un urbanisme transitoire » en attendant

En attendant de voir le quartier sortir de terre, l’édile met en avant l’idée « d’avancer sur un urbanisme transitoire dans les années qui viennent, d’essayer de proposer à la population des premiers équipements ». La commune a déjà préempté dans cette zone quelques biens qui pourraient être rapidement utilisés. Le maire cite l’exemple d’une petite propriété de 150 m² rue du four à Chaux. Il évoque la possibilité d’y mettre en place « une activité solidaire ». « Ça pourrait être une première étape pour y faire un premier jardin d’insertion notamment, avec une maison qui pourrait être utilisée pour différents types d’activités, notamment en intérieur. On prévoit ça dès cette année », précise-t-il, évoquant aussi l’arrivée dans le quartier des Restos du cœur ou bien de la coopérative d’entrepreneurs La Forge, ou encore l’éventualité d’aménager des espaces de coworking et un square pour enfants.

Tout ceci irait dans le sens de ce que doit être un écoquartier, selon le maire. À savoir, « pas seulement des bâtiments construits selon des normes très précises d’économie d’énergie et […] quelques arbres là où il n’y a que de minéral », mais aussi « un état d’esprit, faire appel à la participation des habitants, de la concertation, […] une implication plus forte de la population dans l’évolution du quartier. Tout ça doit créer une dynamique sur la ville ». Ainsi, il l’affirme, ces premiers aménagements commenceraient « à faire évoluer un peu le quartier, avant une évolution beaucoup plus forte d’ici une dizaine d’années ».


Vers un rétrécissement de la N10 à l’entrée du quartier ?

Le projet du futur quartier de la gare, à Coignières, pourrait s’accompagner d’une requalification de la N10 en plusieurs points, notamment à l’entrée du quartier, au croisement avec l’avenue de la Gare. C’est en tout cas ce que souhaite et ce qu’a évoqué le maire de Coignières, Didier Fischer (DVG), lors d’un point presse le 24 mars. « On est montés au créneau auprès de toutes les autorités pour que l’on prenne en compte notamment au sein du CPER (Contrat de plan État-Région, document permettant une convergence des financements entre l’État et les régions en faveur de projets structurants pour l’aménagement du territoire, Ndlr) cette requalification de la N10 », a-t-il indiqué.

Néanmoins, cette requalification ne serait pas forcément synonyme d’enfouissement, « car ça paraît très compliqué à cet endroit-là. Il faudrait au moins faire en sorte qu’on puisse traverser beaucoup plus simplement, qu’il n’y ait pas cette rupture », explique Didier Fischer. Après consultation d’architectes, la Ville a semblé retenir la solution d’un boulevard urbain. « On limiterait la vitesse à 50 km/h (contre 70 km/h actuellement, Ndlr) ; On rétrécirait les voies et on y adjoindrait peut-être une passerelle pour la mobilité douce. On végétaliserait, de façon à […] ce que cette coupure ne soit plus la coupure [d’]aujourd’hui, que l’on puisse plus facilement traverser », énumère-t-il, assurant que « c’est des choses qui ont été faites dans d’autres villes, et qui fonctionnent plutôt bien ».

Au départ, la Mairie avait réclamé deux points d’enfouissement, avec deux passages couverts. Si cela reste toujours envisageable au carrefour des Fontaines, cette solution apparaît plus compliquée au croisement du futur quartier. « Par exemple, sur la rue du four à Chaux, c’est relativement étroit et quasiment pas faisable, sinon il faut abattre toutes les maisons autour. Or, on a des constructions du XVIIIe ou XIXe, ce serait dommage de détruire ce patrimoine », justifie Didier Fischer. « Donc une mixité serait possible pour relier les deux Coignières, et permettre un peu moins de pollution », conclut-il.