La Pointe à l’ange. Tel est le nom de ce quartier de Villepreux limitrophe avec la commune voisine des Clayes-sous-Bois. Un quartier qui va être rénové et dont l’offre de logements et de commerces sera repensée d’ici les quatre à cinq prochaines années. « Il (ce projet, Ndlr) est né d’une réflexion qu’on a portée pendant l’élection municipale : le projet Central Park qui était souhaité par mon prédécesseur, rappelle le maire de Villepreux, Jean-Baptiste Hamonic (Modem), joint par La Gazette. Évidemment, c’est un peu en lien avec la révision du PLU qu’on opère en ce moment […]. On dresse le constat que l’évolution démographique et urbaine de la ville, où on a gagné 25 % d’habitants en plus en quelques années, fait que, aujourd’hui, on ne peut plus continuer sur ce rythme-là. »

Et d’ajouter : « Alors, certes, on a des impératifs, que ce soit liés au Sdrif (Schéma directeur de la région Île-de-France, Ndlr) avec des objectifs de densification, ou avec la loi SRU, mais, aujourd’hui, on veut préserver à la fois notre patrimoine environnemental, naturel et évidemment on veut aussi maîtriser l’évolution de la population, […] , car on ne serait pas aujourd’hui en capacité d’accueillir de nouveaux Villepreusiens et même de garantir une qualité de services, notamment dans nos accueils (différentes salles associatives, gymnases …). Donc, sans dire ‘‘la ville n’évoluera plus’’, car une ville doit évoluer, l’idée, c’est de dire ‘‘comment on évolue vers la ville de demain, plus durable et qui garantit une qualité de services publics à sa population’’. »

L’édile a alors décidé d’enterrer Central Park qui « ne nous convenait pas », et a envisagé d’autres projets de rénovation urbaine. « Ce qui était intéressant dans la réflexion, c’était la partie sur la Pointe à l’ange, c’était de dire : ‘‘Comment on travaille sur cette entrée de ville ?’’ […] pour la rendre plus qualitative et pour répondre à certaines exigences », expose-t-il. Une entrée de ville qu’il souhaite ainsi rendre « plus attractive ». En premier lieu, en réhabilitant les 134 logements existants du quartier, répartis sur cinq barres d’immeubles.

« Tous sont des logements sociaux, et tous sont des constructions datant des années 70 », précise Jean-Baptiste Hamonic, qui évoque des soucis de ce patrimoine appartenant au bailleur Logirep. « Il y a des problèmes d’infiltration, les conditions de vie des habitants se dégradent, détaille le maire. à tel point que sur le contingent de logements sociaux qui est réparti entre plusieurs acteurs, Logirep demande à la Ville de trouver des familles, car eux ont du mal à trouver preneurs, et nous, sur notre contingent à nous, dans ces mêmes résidences, on a du mal aussi à trouver des familles, car le premier réflexe c’est ‘‘non, pas la Pointe à l’ange’’. Pourtant, avec une demande sociale qui explose, notamment à Villepreux, et […] renforcée depuis la crise sanitaire. »

Ainsi, les immeubles vont être rénovés de fond en comble, au niveau des parties privées comme communes. « Ça va jusqu’au remplacement du système de chauffage, la mise en conformité pour l’électricité, les salles de bain vont pouvoir être refaites, les cuisines aussi, il va y avoir un travail sur les canalisations, et pour ce qui est des parties communes, les halls, l’éclairage, les boîtes aux lettres, les portes des halls avec des systèmes de contrôle d’accès, et puis toutes les parties communes extérieures, énumère l’élu. La résidentialisation sera aussi importante, avec des travaux de végétalisation, éventuellement un parking vélos …Tout ça reste encore à détailler, mais il faut vraiment travailler sur ça. »

La réhabilitation des 134 logements existants et la construction des 20 logements sociaux supplémentaires auront lieu de 2023 à 2025, tandis que l’édification des 34 logements en BRS s’étalera elle de 2025 à 2026.

Il mentionne également « des portes d’immeubles à sécuriser », illustrant « un objectif de sécurité et de bonnes conditions de vie dans le quartier ». Ce qui rappelle aussi que la Pointe à l’ange est parfois en proie à plusieurs problèmes d’incivilités, voire d’insécurité. Jean-Baptiste Hamonic évoque ainsi « toutes proportions gardées, […] des dégradations, quelques trafics qui ont pu être démantelés par la police nationale ces dernières années ».

« On a été confrontés à plusieurs actes, [comme] énormément de squats, et ce ne sont pas des habitants ni des jeunes de la résidence, souvent ils viennent d’ailleurs, ajoute-t-il. Donc je crois que réhabiliter cette résidence pour en faire un lieu de vie qualitatif pour les habitants sera aussi une réponse qui permettra de baisser ce sentiment d’insécurité et d’incivilités. »

Une réhabilitation « sans avoir à délocaliser les familles pendant les travaux »

Il indique par ailleurs que la Municipalité dispose d’une caméra dans le secteur, en attendant de passer, « pendant le mandat », en Centre de supervision urbain (CSU) avec d’autres collectivités. Logirep en compte lui plusieurs, mais certaines « avaient été dégradées » et « un travail […] va être fait sur la réparation de caméras qui appartiennent à Logirep », selon le maire. « Logirep a voté un budget qui permettra de renforcer la présence humaine à la Pointe à l’ange », rapporte-t-il aussi, précisant que le type de présence n’est pas encore défini.

Cette réhabilitation des logements sociaux constitue la première phase du projet de transformation de la Pointe à l’ange. Son montant de huit millions d’euros va être financé par Logirep, d’après Jean-Baptiste Hamonic. « Personne aujourd’hui n’avait réussi à débloquer ces fonds pour réhabiliter un quartier qui était devenu le parent pauvre de la ville, avec un sentiment presque d’abandon, souligne-t-il. C’est [Logirep] qui fer[a] toutes les opérations. Il n’y a pas de promoteur, ils feront ça en interne. » Le maire assure que le bailleur « sait faire ces travaux de réhabilitation sans avoir à délocaliser les familles pendant les travaux » et qu’il « n’y aura pas de relogement, tout le monde pourra rester dans son logement ».

Cette première phase sera aussi marquée par la réhabilitation des commerces. En l’occurrence, des sept locaux commerciaux du quartier. « Ça va de la boulangerie au tabac-presse, la fleuriste, l’auto-école », cite notamment Jean-Baptiste Hamonic. Ils seront amenés à déménager en rez-de-chaussée d’un futur immeuble de 20 logements locatifs sociaux qui sera construit dans le quartier, mais « l’activité commerciale ne doit pas s’interrompre pendant cette phase de travaux », tient à rassurer l’édile.

« Dès fin 2022, on va commencer par une démolition d’un local associatif qui est propriété du bailleur, et c’est sur cette parcelle-là que va être construit le nouveau programme, développe le maire. Ce programme aura en rez-de-chaussée les locaux commerciaux, permettant de relocaliser les sept commerces, et au-dessus des sept commerces, vous aurez des logements sociaux, avec du stationnement en sous-sol pour les habitants. Parmi les logements sociaux, il y aura différents types de logements, du T 2 au T 4, et les commerçants auront aussi des places attitrées. »

Le déménagement des commerces est prévu fin 2024. C’est alors que s’enclenchera la démolition des commerces existants, et, par la même occasion, la deuxième phase du projet, puisque 34 logements en Bail réel solidaire (BRS) – où les ménages sont propriétaires du logement, mais pas du foncier et qui permet de favoriser les parcours résidentiels et la primo-accession grâce à des tarifs plus abordables que l’accession à la propriété classique – sortiront de terre à l’emplacement actuel de ces commerces.

S’y ajouteront un parking en sous-sol, et un rez-de-chaussée d’un peu plus de 200 m², qui sera mis à disposition de la Mairie, et où « on pourrait soit accueillir des associations pour compenser la démolition de l’espace associatif, qui était en train de tomber en lambeaux, soit pour réaliser un tiers-lieu », envisage Jean-Baptiste Hamonic, qui souhaite aussi, à travers ces appartements en BRS, réaliser « un programme de mixité sociale et d’accession ».

« On ne fait pas du 100 % social, on fait du 100 % SRU, affirme l’élu. Le logement social, aujourd’hui, on sait en faire de façon beaucoup plus intelligente que dans les années 70-80, il se mélange très bien avec le privé et l’accession libre. […] Quand vous faites des résidences pour des publics cibles (seniors, handicapés, Ndlr) et du logement social pour répondre aux besoins des familles monoparentales ou des seniors seuls, il y a une vraie demande. Donc il faut faire du logement à la fois qui réponde à cette demande sociale, mais intelligemment, pour qu’on ne soit pas sur de la construction massive. »

Il reconnaît toutefois que ces constructions ne suffiront pas à atteindre les objectifs SRU de la commune, qui compte aujourd’hui 17,5 % de logements sociaux : « Si on veut arriver à 25 % en continuant à faire 25 ou 30 % de logements sociaux par programme, ce n’est pas 350 ou 400 logements que je dois construire à horizon 2025, c’est plusieurs milliers. Entre faire 300 ou 400 logements sociaux de façon intelligente en répondant à des besoins de familles villepreusiennes ou faire 3 000 logements, c’est-à-dire 6 000 habitants en plus qu’on ne sera pas capables d’accueillir, le choix est vite vu. »

À noter que les futures constructions, aussi bien les 20 logements sociaux que les 34 en BRS, seront en R+2+combles, contre du R+5 ou 6 sur la résidence actuelle. Une première réunion de présentation du projet a eu lieu le 10 novembre. Suite à la démolition du local associatif, en janvier 2022 donc, le chantier de réhabilitation doit commencer dès 2023 et s’étalera jusqu’à 2025. La construction des 20 nouveaux logements sociaux aura aussi lieu à cette période. La construction du programme en BRS sera elle lancée en 2025 pour une livraison un an plus tard. « On veut faire de ce quartier un quartier dont les habitants et la Ville seront fiers », résume Jean-Baptiste Hamonic.