Tant décriée fut une époque, la vidéoprotection, ou vidéosurveillance, s’est petit à petit installée partout dans le paysage urbain de Saint-Quentin-en-Yvelines. Aujourd’hui, toutes les communes de l’agglomération saint-quentinoise y ont recours, quelle que soit leur couleur politique. Voulue comme un outil de prévention, mais également d’aide à la résolution de certaines affaires pour la police nationale qui fait des réquisitions auprès des différentes polices municipales, la vidéosurveillance est encadrée par la loi. Elle est également l’objet d’une vigilance particulière de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), qui veille au grain pour éviter des dérives trop sécuritaires ou intrusives dans le champ de la vie privée. Désormais, les communes souhaitent pour la plupart renforcer leur réseau de caméras.

Des centaines de caméras à SQY

Consciente dès le départ de l’utilité de la vidéoprotection pour la tranquillité et la sécurité publiques de ses habitants, la municipalité d’Élancourt a opté pour cette solution dès 2008. La Ville est équipée d’une centaine de caméras disposées stratégiquement dans chaque quartier et prioritairement aux abords des lieux publics (écoles, collèges, lycées, stades, parcs…). Elles fonctionnent tous les jours, 24h/24h. « Ce système est un outil complémentaire à la présence des policiers sur le terrain, permettant davantage de sécurité en ville tout en respectant les libertés individuelles, explique la mairie sur son site internet. Les caméras sont pilotées et visionnées depuis le Centre de supervision urbain, situé au sein de l’hôtel de ville. La présence des caméras de vidéoprotection permet de diminuer les incidents et actes de délinquance sur les grands axes communaux, notamment sur les entrées et sorties de ville ainsi que sur l’ensemble des centres commerciaux. »

Élancourt (ici le centre de supervision urbain) a opté pour le déploiement de caméras de vidéoprotection dès 2008 et est équipée d’une centaine de caméras.

Si Élancourt était parmi les premières communes à s’équiper, les autres ne sont aujourd’hui pas en reste. À Montigny-le-Bretonneux, sur les 12 ASVP (Agents de surveillance de la voie publique) que compte la Ville, sept sont opérateurs de vidéosurveillance, 24h sur 24 et sept jours sur sept de nuit. La Ville possède d’ores et déjà 75 caméras et d’autres doivent être installées jusqu’à la fin de ce mandat.

À Plaisir, lors de son Facebook live du lundi 29 avril, la maire, Joséphine Kollmannsberger (LR) a expliqué que la commune était « en train de faire un développement de caméras ». Et, si chaque rue ne disposera pas de caméras, « nous avons créé un CSU, c’est-à-dire un Centre de contrôle de sécurité et surveillance urbaine, poursuit l’édile. Nous avons créé ça au sein de notre police municipale avec une cinquantaine de caméras qui vont être positionnées bientôt, en plus de celles que nous avons déjà. Deux agents seront en permanence derrière les écrans pour surveiller ce qu’il se passe. On espère bien que ça devrait bien évidemment pouvoir améliorer la sécurité dans la commune ».

Un positionnement que l’on retrouve également dans les communes des Clayes-sous-Bois et de Villepreux. Aux Clayes-sous-Bois, le maire, Philippe Guiguen (DVD) souhaite renforcer ses axes en complétant son dispositif de vidéoprotection existant avec l’acquisition de 14 nouvelles caméras en complément des 160 déjà installées (109 320 euros). Dans la commune de Villepreux, Jean-Baptiste Hamonic, le maire MoDem, annonçait lors de son dernier Facebook live, le 2 mai, que la Ville allait « déployer une nouvelle phase de caméras de vidéosurveillance ». « Nous sommes en pleine étude et nous allons avoir les conclusions incessamment sous peu, indiquait-il. Nous aurons donc de nouvelles caméras pour avancer sur les enjeux de sécurité ». Et de préciser : « Avec un regard particulier, je le dis, tourné vers le quartier des Hauts du Moulin, puisque ce quartier est le seul quartier qui n’est pas doté de caméras de vidéoprotection, car c’est le quartier le plus récent. »

Des centres de supervision urbains

La ville de Coignières est dotée d’un système de vidéoprotection par fibre optique, qui fonctionne 24h/24, 7 jours/7. Un réseau de 19 caméras a été déployé sur 10 sites, dans les secteurs situés aux abords des établissements scolaires, du village et de son centre commercial, de la gare, ainsi que des équipements sportifs et culturels. « Cette répartition stratégique, qui résulte d’un diagnostic de sécurité, s’est portée sur les lieux qui concentrent les plus forts passages ou qui sont majoritairement les plus exposés aux risques potentiels d’incivilités, infractions et dégradations. Ce dispositif s’attache à concilier la sécurité des citoyens et le respect des libertés publiques et privées. Concrètement, seuls les lieux publics sont filmés ; les zones privées sont en effet irréversiblement masquées », assure la municipalité de Coignières sur son sit internet.

Mais elle va plus loin car ses caméras dédiées aux voies de circulation permettent « l’identification des plaques d’immatriculation des véhicules ». Une signalétique composée de 8 panneaux a été implantée sur le territoire communal, afin d’informer les citoyens de l’existence de ce système sur la Ville. « Ce dispositif de sécurité vient renforcer les actions de prévention qui sont menées sur la Ville par l’équipe des policiers municipaux et des agents de surveillance de la voie publique (ASVP). In fine, ce moyen de prévention, qui permet de lutter contre la délinquance de proximité, contribue à renforcer le sentiment de sécurité des concitoyens. Il concourt de surcroît à créer les conditions favorables au maintien d’une cité conviviale, fédératrice d’une vie sociale partagée par tous », souligne la mairie.

Un coût financier non négligeable

Dans la commune de Guyancourt, le maire, François Morton (DVG), souhaite poursuivre le déploiement des caméras de vidéosurveillance, dont une quarantaine est d’ores et déjà installée. Mais il entend le faire en concertation non seulement avec les polices nationale et municipale, mais également avec les habitants. Car, « lorsqu’on me dit qu’il faudrait mettre dix ou 15 caméras de plus, pourquoi pas, on peut y réfléchir, mais sachez que c’est 500 000 ou 750 000 euros qui n’iront pas ailleurs, dans l’éducation [par exemple]. Ce que j’aime, c’est que mes administrés aient conscience du coût que ça a, car c’est leurs impôts qui paient ça. Une caméra, lorsqu’on l’installe et sa maintenance, c’est entre 40 000 et 50 000 euros », explique l’édile.

Et François Morton de conclure qu’à chaque fois qu’une caméra est implantée, « il faut qu’on réfléchisse en fonction de quelles problématiques, quels usages, tout ça doit être pensé. Et puis, une caméra, c’est aussi des gens qui les regardent, ça demande des ressources humaines importantes. […] C’est important d’avoir un centre de surveillance urbain qui fonctionne correctement, avec des agents correctement formés, et là, on est sur d’autres types de problématiques, que toutes les communes connaissent actuellement, c’est le recrutement des policiers municipaux, des ASVP … ».

La ville de Trappes, qui s’y est mise plus tardivement, compte bien rattraper son retard en passant de zéro à 70 caméras entre le début et la fin de ce mandat. Jusqu’ici, la vidéosurveillance à Trappes « était catastrophique : quasiment aucune caméra ne surveillait la voie publique, et celles qui existaient pour surveiller les bâtiments municipaux étaient presque toutes vétustes ou en panne », d’après les éléments évoqués par la mairie dans sa publication consacrée au bilan de mi-mandat 2020-2026. « C’est un grand plan, confié à un cabinet d’experts, qui est donc en cours de mise en œuvre pour doter la ville du nombre de caméras suffisant et assurer la tranquillité des Trappistes », assure la publication.

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