Bientôt une police intercommunale entre deux villes de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY). À partir du début d’année 2023, Plaisir et Les Clayes-sous-Bois vont mutualiser leurs effectifs de gardiens de la paix municipaux. Des effectifs surtout composés d’agents de Plaisir, puisque la commune plaisiroise compte actuellement une vingtaine de policiers municipaux, tandis que Les Clayes-sous-Bois n’a que deux ASVP (Agents de surveillance de la voie publique), « une qui est en formation et l’autre en arrêt », indique-t-on en mairie, ajoutant que l’« on est en cours de recrutement ». Les deux communes avaient déjà, le 1er juillet dernier, créé un Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance (CISPD), qui pouvait être vu comme une première étape avant cette mutualisation.
« Assez légitime et judicieux », selon la maire de Plaisir
Du côté de Plaisir, la maire, Joséphine Kollmannsberger (LR), assure que l’« on a un accord total sur ce que nous voulons faire » avec Les Clayes-sous-Bois sur la police municipale. « On y réfléchit depuis que le nouveau maire est arrivé aux Clayes-sous-Bois (Philippe Guiguen, Ndlr) car on s’est vite rendu compte que nous avions une montée, pas d’insécurité, mais d’incivilités forte sur la collectivité. Et surtout, on a un manque de policiers nationaux malgré nos relances et nos quelques revendications sous forme de regroupements d’élus que nous avons faits devant le commissariat. On n’a jamais eu de retours positifs de la part du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin (lire encadré), sur des apports de policiers nationaux supplémentaires », explique l’édile, plaisiroise, contactée par La Gazette.
Et de poursuivre : « On travaillait très en proximité avec la Police nationale et la commissaire, et on se rendait compte que, finalement, nous, on fait déjà de la prévention, et malgré tout cela, on avait déjà du mal à couvrir l’intégralité du territoire. On avait des policiers municipaux, Les Clayes-sous-Bois n’en ont plus, et donc, on s’est dit que les deux villes étant dans une vraie porosité au niveau des quartiers – on ne voit pas le début et la fin des villes –, il nous semblait assez légitime et judicieux de nous regrouper pour, non seulement avoir ensemble plus de moyens pour créer une police municipale digne de ce nom, et aussi trouver davantage de policiers municipaux engagés. »
Même son de cloche du côté des Clayes-sous-Bois. Philippe Guiguen (DVD) se réjouit également du futur regroupement des deux polices. « Il existe une véritable logique à mutualiser nos polices municipales, souligne le maire. Si la structure de nos populations n’est pas tout à fait la même, nous avons une véritable continuité de territoire. La ville de Plaisir possède un Quartier en politique de la ville (QPV) et nous avons le quartier de l’Avre qui, sans être en QPV, connaît également des difficultés. Notre volonté, commune, est bien d’apporter une réponse de proximité, de prévention et de sanction, le cas échéant. »
Si, aujourd’hui, la police municipale des Clayes-sous-Bois, créée en 2001, ne compte plus que deux ASVP, « elle est montée jusqu’à sept personnes (policiers municipaux et ASVP, ndlr), rappelle le maire. Or, ici comme ailleurs, nous nous trouvons confrontés à des problèmes de recrutement récurrents. Il manque quelque 1 500 postes en Île-de-France », poursuit-il. Une mutualisation des polices municipales devrait ainsi permettre notamment de résoudre ce problème d’effectifs. « Même si ses effectifs ont également un peu diminués, la police municipale de Plaisir est tout de même relativement bien structurée, assure l’édile. Cela nous facilitera donc également les recrutements. Par ailleurs, point positif, le chef de la police municipale de Plaisir nous semble également être la personne adaptée à cette mission. » Et dans les réflexions que mènent conjointement les deux villes, la question de l’armement de la police a d’ores et déjà été actée.
Joséphine Kollmannsberger abonde d’ailleurs, au sujet des capacités améliorées de recrutement de la police de Plaisir, que cela est notamment dû au « fait que notre police devienne un peu plus consistante avec un encadrement de qualité et [au] fait aussi d’armer notre police ». Sur ce dernier point, elle précise que la police municipale plaisiroise n’est pas encore factuellement armée : « On a eu les accords, les agents ont été reçus, […] maintenant il y a toutes les formations à faire, précise la maire. Et il y a des aménagements au sein de la police municipale, car on ne range pas des armes comme ça, dans un placard libre. On a des aménagements pour que l’on puisse répondre à tous les engagements que l’on prend, que l’on soit aux normes. Tout ça se fait en partenariat étroit avec la préfecture, la Police nationale. »
Autre question facilitée par la mutualisation, les moyens de vidéosurveillance mis à disposition des policiers. Joséphine Kollmannsberger évoque notamment « une étude par rapport à nos caméras » et le projet « d’avoir un CSU (Centre de supervision urbain, Ndlr), c’est-à-dire des caméras et des personnes qui sont derrière pour la surveillance du territoire ». Selon Philippe Guiguen, la Ville des Clayes-sous-Bois n’arrive pas les mains vides et met 140 caméras de vidéoprotection « dans la corbeille de la mariée », sourit le maire. « Nous en avons d’ores et déjà budgété d’autres cette année », indique également l’édile clétien, qui précise au sujet du CSU qu’ « un centre de supervision mutualisé sera créé à Plaisir », mais que « nous garderons également le nôtre car il est récent et innovant ». « Nous avons d’ailleurs tracé tous les chemins de fuite avec la Police nationale, ce qui permet de mémoriser l’ensemble des plaques d’immatriculation », ajoute le maire.
La mutualisation devrait entrer en vigueur fin 2022 ou début 2023. « On en est aujourd’hui à être pratiquement prêts pour signer un protocole d’accord entre Les Clayes et Plaisir. On pense le faire début 2023 ou au mieux fin 2022 de façon à commencer à mettre en place tout ça, fait savoir Joséphine Kollmannsberger. Bien évidemment, ce n’est pas parce qu’on va signer un protocole d’accord qu’on va se retrouver tout à coup avec une trentaine de policiers, ça ne va pas se faire du jour au lendemain, mais on aura une mise en place beaucoup plus cohérente et forte. »
La mutualisation « permettra de faire des rondes notamment dans les gares »
Reste maintenant aussi à savoir où s’installera la police devenue intercommunale. À priori, les élus sont assez clairs sur le fait que les postes de chacune des deux villes subsisteront, « même si on fait une fusion, il y aura malgré tout deux lieux, un aux Clayes et un à Plaisir », affirme Joséphine Kollmannsberger. Philippe Guiguen confirme que, d’ici au premier semestre 2023, le poste principal de police municipale se trouvera à Plaisir « et nous gardons également un poste aux Clayes-sous-Bois ». Il ajoute, enthousiaste au sujet de se rapprochement des effectifs de forces de l’ordre : « Nous souhaitons, la maire de Plaisir […] et moi-même, que l’on voie du “bleu’’ dans nos villes. La police municipale doit être présente sur le terrain. Cela nous permettra de faire des rondes notamment dans les gares jusqu’au dernier train, chose que nous ne pouvions pas faire jusqu’à présent. »
Enthousiasme partagé par Joséphine Kollmannsberger. « L’union fait la force », glisse-t-elle. Mais pour d’autres communes de SQY, l’union n’avait pas fait long feu. Pour rappel, la police commune entre Maurepas et Coignières n’avait même pas duré un an et demi, de février 2018 à juin 2019. Destin différent cette fois entre Plaisir et Les Clayes ?
Renforts de policiers nationaux : la maire de Plaisir « ne [s]’interdit pas » une nouvelle manifestation devant le commissariat
Dans la circonscription de police de Plaisir, comprenant Saint-Cyr-l’École, les Clayes-sous-Bois, Villepreux, Plaisir, Bois-d’Arcy, et Fontenay-le-Fleury, le mécontentement perdure au sujet des renforts de policiers nationaux. En avril 2021, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, annonçait le renfort de 128 gardiens de la paix dans les Yvelines, mais aucun affecté dans la circonscription plaisiroise. Face à la grogne et au courrier des élus des six villes concernées, qui s’étaient même rassemblés devant le commissariat de Plaisir, le locataire de la place Beauvau avait finalement annoncé l’arrivée de quatre représentants des forces de l’ordre. Insuffisant selon les six maires de la circonscription.
Interrogée par La Gazette le 15 septembre dernier, soit près d’un an après une nouvelle manifestation des élus plaisirois sur le sujet (lire nos éditions du 27 avril, 1er juin et 22 septembre 2021), la maire LR de Plaisir déplorait l’absence d’avancées sur la question. « Je sais bien que la ville de Plaisir n’est pas prioritaire par rapport à d’autres, mais je considère que le territoire de notre commissariat est aujourd’hui en véritable grande difficulté, estime Joséphine Kollmannsberger. On est dans une montée en puissance d’incivilités et de problématiques que la population a de plus en plus de mal à accepter et auxquelles on ne peut pas répondre. Donc je refais un appel à Gérald Darmanin, j’en ai parlé au député de la 12e [circonscription] Karl Olive, de façon à ce qu’il sensibilise notre ministre pour s’intéresser à notre territoire. […] Je ne m’interdis pas de refaire prochainement de nouveau devant le commissariat un rassemblement avec mes collègues pour refaire de nouveau un appel officiel au ministre. »
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