Une nouvelle journée de mobilisation nationale dans l’enseignement avait lieu la semaine dernière et, parmi les établissements touchés, de nombreux à SQY. Comme le collège de la Couldre, à Montigny-le-Bretonneux, qui affichait 70 % d’enseignants grévistes le 6 février. Principal motif de mécontentement : la baisse continue des dotations horaires.

« On a une dotation horaire qui diminue d’année en année », rappelle, au nom du corps enseignant, Aurélie Gaubert, professeur d’EPS au sein du collège, évoquant les chiffres qui leur ont été annoncés en janvier pour 2024-2025, à savoir une dotation globale de 480 h, contre 486,5 pour l’année scolaire actuelle 2023-2024. « On perd à nouveau 6 h 50 […], sachant que la réforme qui doit tomber pour les 6e et 5e (formation de groupes de niveau en français et maths, Ndlr) nous fait un besoin de 17 h supplémentaires. Donc ça fait plus d’une vingtaine d’heures de perdues », déplore-t-elle.

Une situation d’autant plus mal vécue que ce collège de 470 élèves est intégré à un plan de mixité sociale et accueille ainsi des élèves issus de quartiers plus défavorisés. « On en a 10 à 15 %, et on considère qu’on n’a pas les moyens qui vont en face, que ce soit pour l’enseignement ou la vie scolaire », confie Aurélie Gaubert, citant notamment la disparition d’un demi-poste d’assistant d’éducation. « Ça explose. Il y a deux ans, au lieu d’accueillir 5 élèves, on en a accueilli 13 », complète Karine Bonnet, professeur de français.

« Ce qui n’est pas normal, c’est quand même de financer une réforme en prenant à d’autres matières, s’indigne-t-elle. Au-delà des aspects comptables, on nous dit : ‘‘On va faire mieux’’. Mais en fait, on fait mieux en enlevant aux autres, et ça crée des tensions entre nous. » Sa collègue Patricia Lannier, professeur d’anglais, illustre sa matière : « On avait réussi à avoir des demi-groupes sur deux niveaux, et il faut qu’on les supprime. »

Aurélie Gaubert est très inquiète : « On a des enseignants qui font ce métier par vocation pour la plupart. Pour certains, leur poste est menacé de sous-service […] Donc il y a des collègues qui pensent à une reconversion et qui ne se seraient jamais projetés comme ça il y a quelques années. »

Les enseignants ont obtenu un rendez-vous avec la Dasen le 26 février. Ils y demanderont « un rétablissement de la dotation horaire à l’identique », mais ne se font « pas trop d’illusions », glisse la prof d’EPS. « Ils nous ont fait entendre que de toute façon, il n’y avait pas les moyens, poursuit-elle. Et en fait, cette année, en septembre, on nous annonçait un potentiel sur l’établissement de 37 pactes, c’est l’équivalent de 37 h année. Donc on nous dit qu’il n’y a pas de moyens, et d’un autre côté, on nous dit qu’il y a 37 h disponibles comme ça. »

Les professeurs envisagent, suivant les annonces qui seront faites, de reconduire leur grève. « Si on ne dit rien, c’est qu’on acquiesce, donc on obtiendra des heures quoi qu’il arrive », affirme Karine Bonnet. Sollicitée, l’Éducation nationale ne nous a pas répondu avant la mise sous presse de cette édition.


Une opération « collège mort » au Mesnil-Saint-Denis 

Le 7 février, des parents d’élèves et enseignants organisaient une opération « collège mort » au collège Philippe de Champaigne, au Mesnil-Saint-Denis, qui accueille jusqu’à « 50 % d’élèves de La Verrière », selon une lettre des représentants de parents d’élèves, adressée au recteur de l’académie de Versailles, mais aussi à la ministre de l’Éducation nationale et au Premier ministre. Autrement dit : aucun cours n’était donné ce jour-là dans l’établissement. Objet du courroux : la fermeture annoncée de deux classes en septembre prochain. « Le collège accueille […] 33 % d’élèves en difficulté. […] Les professeurs ne pourront continuer à les aider au mieux comme ils le font actuellement si le nombre d’élèves par classe venait à augmenter considérablement », peut-on entre autres lire dans ce courrier. Une pétition en ligne sur change.org a récolté 952 signatures en une semaine au 7 février.