La nuit tombe, et plus aucun élève n’est présent au lycée Villaroy de Guyancourt ce jeudi 14 mars aux alentours de 19 h, pourtant environ 25 enseignants sont rassemblés devant les portes de l’établissement pancartes en main. Ce soir-là, ils ont occupé le lycée jusqu’à 23 h, en opposition à la reforme du lycée qui doit entrer en vigueur cette année, portée par le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer. Les professeurs de Villaroy dénoncent des « mensonges autour de la communication du ministère » et « des conditions de mise en œuvre déplorables ».

La reforme Blanquer prévoit notamment qu’à la rentrée de septembre 2019, les filières générales S, ES ou L disparaîtront pour les élèves entrant en première (ceux actuellement en seconde, Ndlr) : les lycéens devront choisir trois enseignements de spécialité en première puis deux en terminale. Le bac qu’ils passeront sera également modifié puisqu’il comprendra quatre épreuves, un « grand » oral, des séries de partiels en première et en terminale, et du contrôle continu.

La semaine dernière, des mobilisations ont eu lieu devant plusieurs lycées à travers la France en opposition à cette reforme. Et donc notamment à Saint-Quentin-en-Yvelines, devant le lycée Villaroy. Elle a réuni environs 25 professeurs, regroupés dans un collectif, sur les près de 80 que compte l’établissement guyancourtois. Un
chiffre dont se félicite Adrien Retailleau, prof de SES, non syndiqué et membre du collectif : « On est un lycée qui n’a pas l’habitude de se mobiliser. »

Ce soir-là, ils ont prévu d’occuper le lycée en signe de leur protestation contre les changements qu’impliquent la reforme Blanquer. « On est un collectif qui s’oppose à la réforme du lycée, on souhaite démontrer les mensonges de cette reforme », résume Adrien Retailleau, qui fait office de porte parole, avant de dresser la liste des points qu’ils remettent en question.

« Ils disent que le bac sera allégé, mais les élèves seront sous pression : dès janvier [2020], ils auront des notes qui compteront pour le bac », insiste-t-il, reprochant qu’il n’y ait « pas du tout » eu de concertation autour de cette réforme. Les enseignants dénoncent également le « flou » qui selon eux entoure cette réforme. « On ne connaît pas la teneur exacte du bac, […] on ne connaît pas la nature des épreuves, on ne sait pas comment préparer les élèves », peste Adrien Retailleau.

Selon lui, les professeurs sont également désemparés dans l’accompagnement des élèves de seconde dans leur choix des enseignements de spécialités. « L’enseignement supérieur ne sait pas nous dire quelles spécialités choisir pour la poursuite au supérieur, assure le prof de SES. Sauf que nos secondes sont en train de faire leurs vœux, donc on leur conseille d’une certaine manière les mêmes choses que les filières qui existent. »

Le mot d’ordre du collectif est en tout cas clair. « On souhaite le retrait de la réforme, ou au moins un moratoire pour qu’elle soit discutée », explique le porte parole du collectif. Le 14 mars, la vingtaine d’enseignants mobilisés sera restée jusqu’ à environ 23 h dans l’établissement selon eux, et envisage déjà de futures actions.