Avec ses 600 hectares de végétations, et 150 hectares d’étang, l’Île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines est la plus grande des 12 îles de loisirs de la région Île-de-France. Or, une partie de ce véritable écrin de verdure abritant l’une des dernières zones humides de la région parisienne et de nombreuses espèces d’oiseaux rares, sert de décharge sauvage à quelques entrepreneurs mal intentionnés.
7 tonnes de déchets
Profitant de la période du Covid, ils ont régulièrement déversé des tonnes de déchets issus du bâtiment, à deux pas du Vélodrome national, du Stadium de BMX et de la colline d’Élancourt, futurs sites olympiques et de la fan zone qui prendra place en juillet prochain à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024. Venue sur l’Île de loisirs le 16 mars dernier pour constater les dégâts, Valérie Pécresse (Libres) a annoncé un plan de nettoyage du site mené par la région Île-de-France, et qui doit commencer le 3 avril.
« Vous avez compris que je suis venue annoncer une bonne nouvelle pour les habitants de Saint-Quentin-en-Yvelines. Vous avez compris que la Région a repris complètement en gestion l’île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, c’est-à-dire ses 600 hectares d’espaces naturels sensibles, magnifiques au cœur des Yvelines et la première chose que nous allons faire c’est de nous occuper de ce dépôt sauvage. Trois hectares de dépôt sauvage qui sont arrivés au moment du Covid, visiblement déposés par un réseau mafieux venant d’Europe de l’Est, avec des plaques d’immatriculation identifiées mais malheureusement pas françaises. L’objectif est évidemment de tout nettoyer d’ici le début du mois de juin », a expliqué la présidente de la Région.
Et force est de constater que malgré les dotations accordées par la Région Île-de-France au Smeag (Syndicat mixte d’études, d’aménagement et de gestion de l’Île de loisirs de SQY), rien n’a été fait pour nettoyer le site, qui s’est même encore dégradé depuis le temps, faute de surveillance. Des fonds ont cependant été débloqués à plusieurs reprises par la Région pour faire face à ce problème persistant : 51 000 euros en novembre 2021 pour des études, 230 000 euros en novembre 2022 pour nettoyer le site, auparavant occupé par un camping.
« Vous savez que l’île de loisirs était sous la responsabilité en fonctionnement du département des Yvelines et de l’intercommunalité de SQY qui n’ont pas pu faire face aux moyens qui étaient nécessaires pour nettoyer, a rappelé la présidente. Donc la Région va reprendre, la Région va payer et nous voterons les crédits [fin mars] et nous allons dès le 3 avril commencer le nettoyage. Il devrait être fini pour le mois de juin. »
Et de poursuivre : « Mais le vrai sujet, c’est d’empêcher ce réseau mafieux de revenir puisque visiblement ils estiment avoir trouvé le bon plan, le bon spot … le camping de Saint-Quentin-en-Yvelines. Nous allons mettre des barrières, gardienner, vidéo-protéger et nous allons sérieusement nous en occuper. »
700 000 euros de nettoyage
Pour Valérie Pécresse, le véritable problème « malheureusement, a été l’inaction parce que visiblement cela a démarré petit en 2020, ils se sont ensuite repassés le bon plan, et vous voyez de quelle manière cela a cru de mal en pis. Nous sommes partis d’un budget de nettoyage de 300 000 euros à plus de 700 000 euros, rien que pour nettoyer. Pour empêcher que cela ne se reproduise, […], le sujet ce n’est pas qu’ils aillent se mettre 50 mètres plus loin pour faire la même chose. Le sujet, c’est de les éradiquer. Il faut éradiquer ces voyous du paysage, ces voyous de l’environnement qui sont en général en plus des travailleurs clandestins sur le sol français. Là, on voit bien que ce sont des entreprises de construction qui ont utilisé cette décharge sauvage parce qu’elles ne voulaient pas soit payer les dépôts à la déchetterie soit tout simplement parce leur business est lui-même illégal et elles ne veulent pas laisser de traces. »
Une situation d’autant plus particulière que le retrait du département des Yvelines du Smeag, puis celui de Saint-Quentin-en-Yvelines, ont généré une période de flottement dans la gestion de l’Île de loisirs. Alors, à l’occasion de ce déplacement, la présidente de la Région a assuré que ce nettoyage n’avait « rien à voir avec les Jeux olympiques et paralympiques ». « Cela a à voir avec le fait que l’île de loisirs, l’intercommunalité et le Département n’arrivaient pas à s’en occuper, donc la Région a décidé de tout reprendre à sa charge », a-t-elle précisé.
Un point crucial pour l’avenir de l’Île de loisirs, que Valérie Pécresse semble vouloir à la hauteur des autres Îles de loisirs franciliennes. « Cela va nous coûter 4 millions d’euros par an mais nous allons faire de cette Île de loisirs ce qu’elle mérite d’être. Vous savez qu’il y a 500 000 Yvelinois qui viennent sur cette Île de loisirs tous les ans et ils ont le droit à une île de loisirs magnifique avec des équipements de loisirs, de sport et de santé qui soient à la hauteur de la région Île-de-France. Nous avons des Îles de loisirs, fabuleuses, à Cergy-Pontoise, en Seine et Marne, dans l’Essonne, ici, nous allons nous en occuper ainsi que celles de la Vallée de la Seine qui sont des très belles îles de loisirs qui fonctionnent très bien et qui sont très bien protégées », a-t-elle lancé lors de sa visite.
Rappelant qu’il y a eu ce mauvais choix, « pour le dire gentiment, fait par mon prédécesseur, de piscine à vagues qui n’a jamais fonctionné et que nous avons dû fermer parce qu’elle était dangereuse, coûteuse, qui fuyait », la présidente de la Région a annoncé que l’Île de loisirs devait retrouver « cette vocation de lieu de baignade ». « Dès l’été, j’ai proposé que l’on travaille aussi à des bassins écologiques démontables pour faire de l’apprentissage de la natation, a-t-elle poursuivi. Si nous avons une canicule en plein été, il faut aussi que les jeunes du territoire puissent avoir des lieux pour se rafraîchir, pour se baigner, pour apprendre la natation. Nous allons faire ce que nous avons fait à Cergy-Pontoise l’année dernière, c’est-à-dire une belle opération fraîcheur sur l’île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines cet été. »
4 millions d’euros de fonctionnement annuel
Le budget de fonctionnement sera de 4 millions d’euros par an, pris intégralement en charge par la Région, auquel s’ajoutent les investissements. « Vous savez que la Région avait déjà investi six millions d’euros sur l’Île de loisirs depuis que j’ai pris la présidence de la Région. Nous allons faire davantage. Nous allons aussi lancer une délégation de service public puisque la Région n’a pas vocation à gérer le fonctionnement de l’Île. Nous allons chercher un délégataire et nous allons investir de l’ordre de 30 millions d’euros sur cette île de loisirs : 18 millions d’euros sont demandés au futur délégataire et la Région est prête à mettre 12 millions d’euros. L’idée, avec ces 30 millions d’euros, est de faire les équipements sportifs dont Saint-Quentin-en-Yvelines a toujours rêvé et que personne ne perde de l’argent », a affirmé Valérie Pécresse.
Et la présidente de conclure : « […] Mon objectif n’est pas simplement de nettoyer pour les JOP. C’est de redonner à cette Île de loisirs ses lettres de noblesse et de lui donner les équipements qu’elle mérite. »
Une prise de position qui réjouit bien évidemment le président de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, Jean-Michel Fourgous (LR). « C’est la solution. Valérie Pécresse a les moyens, elle a un beau projet pour cette Île de loisirs, qui est l’une des plus grandes d’Île-de-France. Ce sont trois hectares sur 600 mais il fallait le faire avec méthode. Ce dernier problème va enfin être réglé avec de très gros projets sur cette île de loisirs, qui vont arriver », a -t-il souligné au sortir de la visite. Et de poursuivre : « Seule la Région pouvait régler ce problème, avec en plus le Département qui se retire et qui met une sacrée panique. C’était une sacrée épine dans le pied et nous la retirons. Maintenant c’est fini et l’on repart sur un beau projet pour cette Île de loisirs. »