Grandes banderoles bien tendues, ils sont une quarantaine à manifester devant la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale des Yvelines (DSDEN). Le 10 mars, une intersyndicale – composée de la CGT éduc’action, du Snes-FSU, Snep-FSU, Snuep-FSU, et de Sud éducation – s’est mobilisée à Guyancourt contre le nombre de suppressions de postes, bien que provisoire, dans le second degré.

« Il y a un nombre de suppressions de postes, que ce soit des enseignants, des CPE et des infirmières, qui n’est pas normal en plein Covid-19, surtout avec une rentrée scolaire incertaine en 2022 », revendique Ouarda Benkhanouche, du Snes-FSU et CPE au lycée Jean-Rostand à Mantes-la-Jolie. Au sein de cet établissement, un poste de CPE devrait être supprimé pour la rentrée. En guise de protestation, la personne concernée a entamé une grève de la faim. À l’inverse, les lycées des Sept Mares et Dumont d’Urville, à Maurepas, devraient se partager un poste de CPE. Et une création aura bien lieu dans deux lycées de Conflans-Sainte-Honorine. Ce jeu des chaises musicales serait le fruit d’une question de moyens et de besoins.

Au total, 169 postes vont être supprimés et 152 vont être créés dans les Yvelines sur 8 000 postes d’enseignants déjà existants. Les professionnels en poste visés par les suppressions vont donc être basculés dans d’autres établissements qui nécessitent une création, car ils sont en pénurie, selon Luc Pham, le directeur académique des Yvelines, contacté le lendemain de la manifestation par La Gazette.

Or, après avoir fait la différence entre suppressions et créations, il reste 17 postes qui vont disparaître du département, pour être ouverts ailleurs. « Il est dit que le 78 est sur-doté. Mais c’est les autres départements qui sont encore pire que nous. C’est un nivellement par le bas », critique Céline Pereira, professeure de mathématiques au collège Les Molières des Essarts-le-Roi, et trésorière au Snes-FSU. Cette dernière siège au Comité technique spécial département (CTSD), qui gère notamment les créations de postes.

Mais ces chiffres sont provisoires car évolutifs. « Ça ne veut pas dire qu’à la fin de l’année ce seront les mêmes chiffres », nuance le directeur académique. Dans tous les cas, des suppressions et des non-créations auront bien lieu, et c’est ce qui motive ce rassemblement. « Il y a une absence de création de postes d’assistantes sociales, de médecins, de psychologues », souligne Céline Pereira. Mais, c’est la politique budgétaire ministérielle qui serait à déplorer. « Ce sont des revendications nationales. Ça ne se décide pas ici », explique Luc Pham.

La suppression des trois postes de CPE

En revanche, la répartition des suppressions et des créations de postes est l’affaire de l’Académie. Pour le moment, selon Céline Pereira, 11 postes d’enseignants en mathématiques vont être supprimés, mais aussi six en lettres classiques, un en allemand, sept en Sciences industrielles de l’ingénieur (SII)… Des créations devraient aussi avoir lieu, selon Luc Pham, à savoir huit postes en plus en histoire-géographie, quatre en anglais, trois en hôtellerie et tourisme, trois en éco-gestion vente, ou encore trois en Sciences économiques et sociales (SES) dans les Yvelines.

Ces décisions sont le résultat des besoins des établissements, au regard de leur changement de programme, de l’évolution démographique, du nombre de classes et des choix des élèves en termes de spécialités. « Depuis que les maths ne sont plus dans le tronc commun, le nombre d’élèves a diminué dans cette filière car le programme est difficile », analyse le syndicat Snes-FSU. De plus, l’affectation d’un enseignant dans un autre établissement pose problème. Les syndicats rassemblés devant la DSDEN dénoncent une aggravation des conditions de travail. « La personne peut être affectée loin de chez elle », anticipe Delphine Romagny, secrétaire départementale du Snes 78.

Et pour les suppressions qui ne sont pas compensées par une création ? Le directeur académique temporise : « C’est à la marge et c’est souvent des postes qui ne sont pas occupés. Ils touchent des fois des personnes. […] Mais des solutions sont déjà trouvées. » En effet, dans ces suppressions, seuls trois enseignants en poste devraient être concernés à l’échelle des Yvelines, selon Luc Pham. D’ailleurs, la suppression des quatre postes de CPE pose réellement problème pour l’intersyndicale, car une seule création aura lieu. « C’est significatif et exceptionnel », affirme Céline Pereira. « En raison de la crise sanitaire, ils auraient aimé avoir plus de postes, comprend le directeur académique. […] Je l’ai fait en conscience », assume-t-il. Selon lui, il y avait des besoins plus urgents ailleurs, hors des Yvelines.