Du nouveau dans la restauration collective maurepasienne. Depuis le 1er janvier, la commune a retenu trois nouveaux prestataires après un appel d’offres : Sodexo pour la restauration scolaire, Dupont restauration pour les seniors, et Ansamble pour les crèches. Trois nouveaux prestataires, ce qui signifie aussi la résiliation du contrat avec la Semau, qui collaborait avec la Ville depuis le début des années 90.

« Le bâtiment commençait à accuser de son âge et avait besoin de lourds travaux d’entretien pour s’adapter aux nouvelles normes sanitaires qu’on nous demandait, justifie le maire de Maurepas, Grégory Garestier (DVD). En plus, ce bâtiment était situé sur l’écoquartier [des 40 Arpents]. La question qui s’est posée, c’était : ‘‘Est-ce qu’on déplace un outil de production ou est-ce qu’on arrête et on choisit un autre prestataire ?’’ »

La Ville a donc choisi la 2e option. « Si on avait déplacé l’outil de production, on aurait dû le reconstruire, et le coût aurait été exorbitant, surtout que la Semau ne produisait des repas que pour Maurepas. C’était à peu près 1 700 ou 1 800 repas par jour, poursuit le maire. On aurait dû reconstruire un outil de production chiffré aux alentours de 6 millions d’euros, qu’il aurait fallu intégrer dans les coûts d’achat du repas […]. Le coût unitaire de la matière première était élevé par rapport à des prestataires comme Sodexo, qui achètent en grands volumes, car ils produisent dans leur cuisine centrale pour d’autres collectivités, […] et nous, [les prix de la Semau] ça commençait à devenir insupportable pour la charge de la collectivité. »

Évoquant des prix qui grimpaient à « plus de 6 euros le repas » pour la Ville, l’élu qui, jusqu’à octobre, était également PDG de la Semau, société publique locale dont Maurepas était actionnaire majoritaire, a alors mandaté un liquidateur judiciaire pour une liquidation amiable sous le régime conventionnel. Ainsi, les 13 salariés de la Semau ont été licenciés. Mais Grégory Garestier assure que « les choses ont été faites correctement » et que « la plupart des salariés ont retrouvé du travail ».

Du côté des syndicats, le son de cloche est radicalement différent. Selon Yannick Margerie, défenseur syndical à la CFDT, contacté par La Gazette, un seul salarié est « en période d’essai » avec la Ville. Sinon, « aucun n’a retrouvé un emploi », affirme-t-il. D’après, le défenseur syndical, les salariés sont « très en colère ». « Certains ont 20, 24 ans, 25 ans [d’ancienneté]. Ils ont fait marcher la boutique, précise Yannick Margerie. Ils sont très déçus et pensent que le maire aurait pu avoir une écoute. » Les ex-salariés contactés vont aussi dans ce sens. Selon Pierre David qui était responsable magasinier à la Semau, seul lui et un autre ex-collègue ont retrouvé un emploi.

Yannick Margerie ajoute au sujet des revendications : « J’ai négocié, car le plan social propose la CSP, la prise en charge de la mutuelle, et ensuite, par nombre d’années d’ancienneté, [des] mois supplémentaires à l’indemnité de licenciement. […] Il y avait des bas salaires dans cette entreprise, donc on demandait 5 mois de salaire pour l’ensemble des salariés, avec un plancher de 10 000 euros. Ils (le liquidateur, Ndlr) ont refusé. »

Il balaie aussi l’argument du coût de reconstruction et de la vétusté des locaux : « C’est un choix politique, je pense qu’on veut faire des économies. Si toutes les cuisines françaises étaient aux mêmes normes qu’à la Semau, on n’aurait rien à dire. » Concernant le prix des repas, il souligne aussi qu’ « il faut comparer dans les prix, c’était à 1re vue des repas différents que ceux que Sodexo va donner ».

Le maire, lui, fait savoir que « depuis le changement de prestataire au 1er janvier, les enfants ont 20 % de bio et 30 % issus des produits des circuits courts, labellisés, qui correspondent à la loi Egalim ». Il rappelle aussi que la Ville souhaite, sur le site des locaux de la Semau, aménager un parc urbain.

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