Et si on le voyait un jour sur les circuits de Formule 1 ? Arthur Lorimier en est encore très loin, mais ce jeune Ignymontain de 13 ans (il en aura 14 en mars) devrait poursuivre en 2024 son impressionnante progression qui pourrait le mener à l’avenir vers les sommets du sport automobile.

Une progression rapide pour ce jeune pilote de karting, qui n’a commencé la compétition qu’à 11 ans. « Il a la passion de devenir pilote depuis tout petit […]. À 2-3 ans déjà, il connaissait presque plus de modèles de voitures que moi, se souvient son père, Lionel Lorimier, contacté par La Gazette. Quand il nous a dit qu’il voulait devenir pilote, on s’est dit ‘‘Bon, il a le temps’’. Et on s’est vraiment intéressés à ce qu’il voulait faire quand il avait 11 ans. C’est là qu’on a appris que la plupart des gens qui font du karting et deviennent pilotes automobiles, en général, ils ont commencé plutôt vers 5-6 ans, voire […] avant pour certains. »

« Il s’est très vite mis dans le bain »

Ses parents ont donc décelé tard le potentiel de leur progéniture, eux qui ne viennent pas du sport automobile, « contrairement à beaucoup de pilotes qu’il rencontre sur la piste », souligne son père, qui avait tout de même fini par lui acheter un kart d’occasion il y a quelques années. « Au départ, je l’ai pris un peu comme une blague, mais juste pour le plaisir, sous l’angle loisir, confie-t-il. Je ne l’ai pas pris au sérieux. […] »

C’est finalement donc sa 11e année passée que le jeune garçon franchit réellement le pas du karting de compétition, et ce sans faire d’école de karting, celles-ci intégrant des enfants de 7 à 10 ans. Arthur Lorimier a donc commencé tard, mais a appris et progressé à une vitesse qui affolerait les compteurs. « Dès qu’il a été en piste, il a tourné aussi vite que des enfants même plus âgés qui avaient fait l’école de karting, et qui l’ont un peu guidé pour savoir comment il fallait prendre les trajectoires… Il s’est très vite mis dans le bain, raconte son père. Au bout de 2 mois, il était plus rapide qu’eux, au bout de 6 mois, il faisait le record de la piste. Donc on s’est dit qu’on allait vraiment le mettre en compétition pour voir ce que ça pouvait donner. »

Débutant la compétition il y a deux ans, apprenant sur le tas et au contact des autres, Arthur Lorimier a vite tapé dans l’œil de grands noms du sport automobile français. D’abord repéré par Didier Blot, ex-coach des pilotes de F1 Pierre Gasly et Esteban Ocon, il est aujourd’hui entraîné par l’Australien Darrell Smith.

Ses parents font aussi beaucoup de sacrifices pour l’accompagner dans ses compétitions, qui l’amènent à voyager dans différents pays. « On est obligés de s’organiser entre ma femme et moi pour ses déplacements. Sur les entraînements, jusqu’à cette année, c’est moi qui ai dû faire le mécano pour lui quand on va en piste », évoque Lionel Lorimier.

Un investissement en temps mais aussi en argent. « Ce n’est pas un sport très abordable, reconnaît le père. Au-delà des déplacements, il faut payer les courses, le côté matériel, les mécanos qui interviennent sur les courses… C’est encore en grosse partie nous qui payons. Depuis l’année dernière, il a commencé à avoir ses 1ers sponsors. Cette année, il en a encore eu davantage, et il se cherche de nouveaux sponsors pour faire le plus de courses possible. »

Il évoque ainsi, « cette année, pour les 10 courses qu’il a faites, […] un budget de 60 000 euros ». « Les budgets de ceux qu’il affronte, c’est plutôt 200 000, 250 000, voire certains encore plus », souligne-t-il. « Aujourd’hui, les pilotes qu’il rencontre au niveau international font plus de 25 courses par saison, alors qu’Arthur sur une saison fait entre 8 et 10 courses, souligne Lionel Lorimier. Mais comme il est très doué, il arrive quand même à avoir de super résultats. »

Notamment une 2e place au championnat du Danemark, du 11 au 13 août dernier. « J’étais plutôt content, car c’est une piste que je ne connaissais pas. […] Au Danemark, quand je finis 2e, pendant la course, je dépasse le 1er. Lui, c’est sa piste d’entraînement », juge Arthur Lorimier, qui est en sport-étude à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), où il n’a cours que le matin et peut se consacrer au karting et aux entraînements l’après-midi (pratique sur la piste du Speed park, entraînement physique, simulateur…), tandis que lors de ses compétitions à l’étranger, il s’absente pendant 5-6 jours, et récupère les cours à son retour.

Arthur Lorimier, 2e du championnat du Danemark et 3e au classement général du championnat d’Europe, rêve de continuer sa progression en 2024, avant de conduire une monoplace.

Lionel Lorimier retient néanmoins comme course référence de son fils le championnat d’Europe en Angleterre en septembre. Le classement a été moins bon qu’au Danemark (4e), mais Arthur Lorimier, blessé, y a montré d’importantes facultés de champion : «  Arthur se blesse à l’épaule, précise Lionel Lorimier. Malgré ça, il arrive à faire le meilleur tour en course, alors que dès qu’il descendait du kart, il était en pleurs. C’est là où on s’est dit qu’au-delà du fait qu’il arrive à être capable de s’habituer très vite aux pistes, même en étant physiquement diminué, il arrive à trouver le mental pour réussir à faire un super résultat. Il finit 4e , en étant collé aux trois 1ers, avec le meilleur tour en course, mais il n’a pas réussi à les dépasser, car il faut aller chercher encore plus, et il n’a pas voulu prendre plus de risques, car cette 4e place lui permettait d’être 3e au championnat d’Europe [au classement général]. »

Le jeune Ignymontain pourra se servir de cette expérience pour remplir ses objectifs en 2024, à savoir « prendre un budget pour faire toutes les courses, […] faire des podiums au championnat d’Italie, faire ma 1re victoire, podium au championnat du monde, et champion d’Europe, du Danemark et de Suède », énumère le jeune homme, ambitieux au moment d’aborder une année charnière. « Arthur va avoir 14 ans. C’est un passage important dans l’univers du karting. C’est à partir de cet âge-là qu’on peut concourir en seniors. Jusqu’à présent, il concourait en juniors, explique Lionel Lorimier. Depuis le début, il dit qu’il veut concourir avec les meilleurs dès qu’il peut, pour continuer à progresser. Son objectif à lui, c’est de se dire ‘‘Plus je me frotte aux meilleurs, mieux je serai préparé pour ensuite passer à la monoplace et ensuite continuer ma progression’’. »

Car conduire une monoplace est bien l’objectif ultime d’Arthur Lorimier. « Ça commence par la F4, puis F3, F2 et F1, rappelle son père. C’est un objectif à court terme, puisque pour faire la 1re course en F4, il a besoin d’avoir 15 ans. Lui, il les aura en mars 2025. […] La préparation se fait dès cette année, car les championnats de F4 sont très relevés, donc on ne peut pas se permettre de dire qu’on n’a jamais roulé en F4, qu’on vient faire le championnat et qu’on va avoir des bons résultats. »

Et Arthur Lorimier, au vu de ses performances en karting a déjà été remarqué par les ex-pilotes de F1 Patrick Lemarié et Jacques Villeneuve, qui lui ont permis d’aller tester le pilotage de F4 l’été dernier, et pourra peut-être lorsqu’il aura l’âge tenter leur concours, Feed racing. « Le meilleur remporte le volant et gagne sa place en F4, payée par ce concours l’année suivante », glisse Lionel Lorimier, soulignant que lors de ses essais en F4, Arthur « s’est montré plus rapide que pas mal de pilotes de karting qui ont déjà 16 ou 17 ans ». Pour en savoir davantage sur ce jeune pilote et continuer à suivre sa progression, rendez-vous sur lorimier.racing.

CREDIT PHOTOS : Lionel Lorimier

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