Alors qu’il se prépare à accueillir l’Open de France, qui aura lieu du 21 au 24 septembre, le Golf national abrite aussi des activités que l’on ne soupçonnerait pas. Depuis quelques années, deux potagers, de 250 m² pour l’un et d’une centaine pour l’autre, ont été plantés. À l’origine du projet, Arthur Lecomte, référent paysage et environnement du Golf national, rencontré sur place le 30 août.
L’idée lui est venue durant le 1er confinement. « On manquait cruellement de visibilité sur l’évolution de notre activité, rappelle-t-il. Du coup, j’avais à cœur de développer des aspects de la discipline qui allaient favoriser son acceptation sur le plan social et la possibilité d’être considérés comme importants. […] Je me suis dit que ce qui allait nous manquer, c’est vraiment le rapport qu’on a à la ressource en eau, la gestion durable des parcours, et le fait d’être réceptifs, de ne pas s’adresser uniquement à une élite. »
Arthur Lecomte a ainsi réfléchi à un moyen de « toucher des publics qui ne sont pas forcément directement orientés vers le golf, mais qui pourraient éventuellement s’y intéresser à partir du moment où ça leur a été présenté de façon enrichissante ». « Y compris chez des gens qui par la suite se sont positionnés comme activistes, après les confinements, où il y a eu beaucoup plus de réactions sur l’utilisation de la ressource en eau, poursuit-il. Je savais qu’on serait attaqués un jour là-dessus, vu le contexte environnemental. »
Il a ainsi réalisé ces potagers, l’un près d’une zone pour loger des employés du golf, l’autre proche du parcours de l’Oiselet. Des potagers aménagés selon le principe de la permaculture, donc autosuffisants. « Pas une goutte d’eau n’est rajoutée, c’est uniquement la pluie, assure Arthur Lecomte. Zéro intrant, zéro arrosage. »
Afin de parvenir à faire pousser des légumes en adoptant ce mode de culture sur des sols ingrats, plusieurs couches de différents éléments, dites « lasagnes », ont été disposées par terre. « Le sol est composé de différentes épaisseurs. Au début, c’était plutôt du gros bois, et ensuite, on a des choses de plus en plus fines, jusqu’à arriver sur des petits copeaux, des petits brins d’herbe ou de la laine de mouton qui représentent des déchets assez flexibles assez souples, faciles à manipuler et qui remplissent les moindres espaces », explique Arthur Lecomte.
D’autres projets et d’autres potagers en permaculture envisagés
L’idée étant de reconstituer les éléments composant les sols d’une forêt. « En faisant ces recompositions de sols, on crée des niches écologiques qui abritent des être vivants, et ces êtres vivants apportent ou représentent l’humidité et la gestion qui d’habitude sont faites par des machines, décrit le référent paysage et environnement. Ils passent leur temps à se reproduire, aérer, respirer. Le vivant est composé majoritairement d’eau. […] On crée les conditions qui sont favorables au fait de ne pas arroser. »
Grâce à cette technique, poussent courges (suspendues sur des tonnelles), tomates, plantes aromatiques, aubergines, choux, poivrons, blettes, oignons, groseilles, concombres, salades, radis ou encore pommes de terre. Les récoltes sont fournies au personnel et au restaurant du golf.
Selon Arthur Lecomte, un projet comme celui-là était quasi unique. « Il y en a eu probablement d’autres (des potagers sur un golf, Ndlr), mais sans arrosage ni aucun intrant, avec cet aspect esthétique, je ne pense pas qu’il y en ait beaucoup », affirme-t-il.
Mais le référent paysage ne s’est pas arrêté là. Il a aussi aménagé an avril dernier un green en permaculture, qui sera prêt dans le courant de l’automne et servira de zone d’entraînement au petit jeu de joueurs débutants. Les « lasagnes » pour cette réalisation ont nécessité 15 jours de travail, contre une semaine à dix jours pour celles des potagers. « Après, quand on regarde le temps de travail que représentent une surface traditionnelle en arrosage et l’application d’intrants, c’est beaucoup et ça ne s’arrête jamais », souligne-t-il.
Il laisse aussi entendre que d’autres potagers verront le jour au sein du golf. « Peut-être pas sur des formats aussi paysagers que celui-là, précise-t-il. Les autres, si on était amenés à en faire, et on va probablement le faire, […] seront peut-être un peu plus sauvages, mais garderaient d’après moi une grosse dimension esthétique, car, quand le potager est bien conçu au départ, il n’a besoin que du fait de semer ou de planter, et d’une phase de récolte. »