Marqueur de l’identité de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) depuis sa création, la culture a toujours été une question sensible entre les différents courants politiques du territoire. Et la dernière discussion budgétaire du conseil communautaire n’a pas échappé à la règle. En cause, et sans vraiment avoir été évoquée directement, la fermeture de La Commanderie, qui jusque-là avait accueilli des résidences d’artistes, des expositions, la mission danse et d’autres manifestations à caractère culturel, avec des niveaux d’affluence fluctuants. L’équipement communautaire devrait connaître une nouvelle destinée dans les mois à venir. Les élus de gauche ont dénoncé à cette occasion la politique culturelle de la majorité.

Intervenant en tant que maire de Guyancourt et vice-président de SQY à la politique de la ville, François Morton (DVG) a souligné que la culture perdait « un peu plus de 500 000 euros ». « Nous sommes en période de crise et ce n’est certainement pas terminé, il faudrait peut-être revoir nos priorités, a-t-il poursuivi. Ceux qui souffrent le plus à SQY, ce sont avant tout nos habitants et, pour aller jusqu’au bout de mon discours, dans l’accompagnement des habitants, il y a aussi la culture, et je ne vous cache pas que je suis peiné, et je suis modéré, sur le choix que la majorité va faire ce soir et je ne peux qu’en être désolé. »

Une position reprise par le maire de Magny-les-Hameaux, Bertrand Houillon (Génération.s), qui dénonce « […] une diminution de 700 000 euros de participation de l’agglomération pour la culture de proximité sur des équipements de proximité ». « Il avait été décidé par l’Agglomération de supprimer cet accompagnement des équipements culturels de proximité, il y a maintenant quelques années, a-t-il pointé. On voit que le choix a été fait d’un Salon du livre qui a été sur un certain coût, 500 000 euros (annulé cette année, Ndlr). Cette année, il y aura un festival de musique qui a aussi un certain coût (annulé également, Ndlr). À titre personnel, j’aurais préféré que nous mettions l’argent sur de la culture de proximité qui permet d’avoir une culture toute l’année plutôt que d’avoir une culture “one shot”, sur un événement. C’est un choix, sur un fonctionnement dans le cadre d’un budget de crise. »

La Commanderie, fermée depuis le 31 décembre, va faire l’objet d’un nouveau projet visant à « améliorer l’apprentissage de la culture », affirme Jean-Michel Fourgous.

« Nous aurions pu faire d’autres choix, a renchéri Sandrine Grandgambe, 1re adjointe Génération.s à Trappes. Nous pensions être déjà à l’os sur la culture, mais non, vous avez encore réussi à baisser de 25 % le budget culture, moins 500 000  euros. »

Et pourtant, lors de la rédaction des statuts de l’Établissement public de coopération intercommunale (EPCI), la communauté d’agglomération de SQY a bel et bien fait le choix de porter une véritable politique culturelle, a rappelé son président, Jean-Michel Fourgous (LR). « Je vous rappelle que la culture ne fait pas partie des compétences obligatoires de l’agglomération et que nous avons choisi de la maintenir. Il faut aussi que nous fassions des choix. D’autres collectivités vont réduire les aides même dans le domaine de la culture. »

Avant de remettre l’église au centre du village : « Nous avons eu des échanges directs mais, sur La Commanderie, nous avons fait bouger le projet. Ce projet est en train de se monter et il va toucher 4 000 professeurs en formation avec l’Éducation nationale et concerner environ 100 000 enfants pour développer leur culture scientifique. L’ancien projet concernait entre 100 et 300 personnes et cela va coûter moins cher. Nous gérons l’argent des contribuables avec l’objectif de toucher un maximum de personnes. On va améliorer l’apprentissage de la culture. Il se monte avec des acteurs sérieux. »

Éric-Alain Junes, vice-président à la culture, souligne que « la fermeture de la Commanderie fait réagir en tant que réceptacle de la mission danse et de la mission science. Mais ces missions vont être remises en œuvre avec la volonté de poursuivre la mission danse, qui est un des marqueurs culturels forts de SQY et de développer la mission scientifique dans un territoire d’innovation comme à SQY. Il faut aussi diffuser la culture scientifique. »

Et à SQY, la culture est loin d’être délaissée, selon l’élu à la culture : « La culture à SQY est un poste de dépense important, car rien qu’au travers du réseau des médiathèques cela représente déjà en investissement et en personnel un budget conséquent de l’Agglomération. C’est même le 1er budget si l’on ramène ça aux investissements et au fonctionnement. »

Et de poursuivre : « Dire que la culture est le parent pauvre de l’Agglo, c’est totalement faux. Maintenant, la vraie question est quelle culture et pour quoi faire. Le positionnement de SQY est de mettre en place une action culturelle qui se démarque de celle des villes et vient en complémentarité. On ne se substitue pas, nous nous inscrivons de manière complémentaire. On le voit bien au travers des grosses structures que sont les médiathèques et la scène nationale. S’agissant des associations, nous ne subventionnons pas des associations communales, mais des actions à partir de critères déterminés comme la portée intercommunale, l’innovation, le rayonnement, etc. »

Il existe toujours des subventions à l’adresse des communes. En 2014, avec le changement de majorité, la nouvelle majorité avait souhaité effectuer un tri « parce que certaines communes voyaient une part de leur action culturelle financée par SQY, ce qui n’est pas le but. Nous avons rendu à César ce qui lui appartient et SQY s’est positionné sur un mode un peu différent de ce qui se faisait avant avec des disparités entre communes qui commençaient à devenir trop criantes. Nous avons encore quelques spécificités, comme à La Verrière où l’Agglo aide un peu plus le fonctionnement du Scarabée », précise Éric-Alain Junes.

Désormais, toutes les salles de spectacles peuvent bénéficier du portail culturel qui permet aux Saint-Quentinois de choisir leur spectacle partout dans l’agglomération. Ils ont une vision globale de toute l’offre culturelle de SQY et, avec le système de billetterie, ils peuvent réserver leur place. Et au-delà de cela, SQY possède un fleuron : la scène nationale.

« Elle est plébiscitée par les habitants de SQY, qui font la majorité du public, mais elle est aussi reconnue comme étant l’une des scènes nationales de tout 1er rang par sa programmation et son taux de remplissage record (> 90 %), assure le vice-président à la culture. On le doit à la programmation, mais aussi au travail considérable des équipes du théâtre de SQY au travers des actions d’éducation artistique et culturelle à destination des communes, etc. Le théâtre de SQY est un lieu de bouillonnement culturel qui irrigue le territoire (programmations décentralisées, etc.). Outre la subvention (1,7 million d’euros), SQY entretient et met à disposition le bâtiment. Sans oublier la rénovation et extension avec de nouvelles fonctionnalités, l’accueil au public, l’ouverture sur la ville dans le cadre de la rénovation de l’hypercentre. »

Enfin, il y a le Musée de la ville et la médiathèque du Canal (Mumed) sur lesquels plus de 7 millions d’euros ont été investis pour les rendre attractifs et opérationnels et les 15 millions d’euros qui vont servir à construire les deux nouvelles médiathèques, l’une à Plaisir et l’autre à Magny-les-Hameaux.

« SQY a une véritable action culturelle avec des équipements fort, un réseau des médiathèques, une scène nationale, etc. On peut toujours faire mieux et c’est notre ambition de faire toujours mieux », conclut Éric-Alain Junes.


Des œuvres d’art partout sur le territoire

Dans le cadre de ses missions et de ses compétences, l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines gère et met également en valeur des œuvres d’art urbain disséminées un peu partout sur le territoire :
– À Guyancourt : Le jardin des Gogottes, fontaine-sculpture des Garennes, Éolienne, La Grande Girouette, Laiton, Marbre Gris, Ascendance Oblique, Carré urbain, Structure, Vague de lumière, Alliance, La Fleur, Les Guetteurs, Repas des géants.
– À Magny-les-Hameaux : Grille de Florence Vallay.
– À Montigny-le-Bretonneux : Meta, La Perspective, La porte de Paris, Le Temps, L’Oiseau, plafond de la passerelle SNCF, Le pont de Gratteloup, Voilure, La Famille, Intérieur Extérieur.
– À Trappes : Distance Lumière, sculpture Grassias, Cephée.
– À Élancourt : Hommage à la Paix, La Main divine, Source de la Sagesse, La Mère, Le Carillon sculpture et structure musicale, Mur courbe et axiale, Réflexion d’espace discontinu, Sculpture Béton Max Herlin, Arborescence polymorphique, sculpture en pierre Otani.


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