Retour aux urnes pour les électeurs de la 11e circonscription des Yvelines, qui comprend les villes d’Élancourt, La Verrière, Trappes, ainsi que Bois-d’Arcy, Fontenay-le-Fleury, Le Mesnil-Saint-Denis et Saint-Cyr l’École. Les habitants de ces sept communes devront désigner leur nouveau représentant à l’Assemblée nationale, suite à la démission de Nadia Hai (LREM) de son poste de députée. Le premier tour de cette élection législative partielle se tiendra donc le 20 septembre, et le deuxième tour, si nécessaire, le 27 septembre.

Ce scrutin est la conséquence de la nomination, début juillet, de Nadia Hai comme ministre déléguée chargée de la Ville dans le gouvernement Castex. Normalement, un député nommé ministre est automatiquement remplacé par son suppléant. Sauf que le suppléant en question, Moussa Ouarouss (LREM), a été mis en examen dans une affaire de trafic de stupéfiants. Nadia Hai a donc décidé de mettre fin à sa fonction de députée pour éviter le remplacement, provoquant donc une élection. Même si son suppléant, qui ne réside plus dans les Yvelines, avait rapidement expliqué sur Twitter qu’il ne souhaitait pas siéger à l’Assemblée.

Dès le lendemain de l’annonce d’une élection législative partielle, Othman Nasrou (Libres), chef de file de l’opposition à Trappes et premier vice-président du conseil régional, a rendu publique son intention d’être candidat. Dans la foulée, il a été recadré dans un communiqué de Pierre Bédier (LR), président de la fédération LR des Yvelines et président du conseil départemental. Ce dernier a jugé l’annonce d’Othman Nasrou « solitaire et précipitée », souhaitant que le candidat de la droite émerge d’une « décision collective ».

D’autant que l’élu trappiste n’était pas le seul en lice : Philippe Benassaya (LR), maire de Bois-d’Arcy, vice-président de Versailles grand parc et conseiller départemental, souhaitait aussi être candidat. Finalement, un accord a été trouvé à la mi-juillet après une semaine de négociations en coulisse : les deux hommes partiront ensemble, avec Philippe Benassaya en candidat titulaire, et Othman Nasrou comme suppléant. Tous les deux semblent vouloir miser sur leur expérience d’élus.

« On est deux élus de terrain, et deux élus qui représentent deux collectivités de proximité, qui, je pense, ont fait preuve de beaucoup d’efficacité ces derniers mois et ont obtenu pas mal de résultats dans les différentes crises que nous avons connues, notamment la crise sanitaire, estime Philippe Benassaya, joint la semaine dernière. Je pense qu’il faut que l’Assemblée nationale n’ait plus d’élus hors sol […]. Il faut faire monter à l’Assemblée des élus qui travaillent sur le terrain, qui sont dans la proximité, qui ont dû faire face à des crises, et qui ont donc de l’expérience. »

D’après le maire de Bois-d’Arcy, cette « expérience doit servir le pays », notamment sur les questions « de sécurité, de jeunesse, d’environnement, de développement économique », mais aussi « de solidarité et de seniors », « des sujets sur lesquels on travaille déjà au quotidien et non pas uniquement parce qu’on est en campagne ».

S’il venait à remporter l’élection, Philippe Benassaya devrait en tout cas abandonner sa fonction de maire, en raison du non-cumul des mandats. « Ce serait un crève-cœur, c’est sûr, parce que les Arcysiens m’ont fait confiance, mais aussi une super opportunité pour la ville », concède-t-il. Il devrait également choisir entre siéger en tant que conseiller municipal ou conseiller départemental, même s’il semblerait plutôt privilégier sa ville. En plus de son parti, Philippe Benassaya est soutenu par l’UDI, Libres, Génération terrain, et « cinq maires » sur les sept que compte la circonscription annonce-t-il.

Le maire de Bois-d’Arcy a donc été le premier candidat déclaré, mais d’autres se sont depuis positionnés. Pour tenter de prendre la suite de Nadia Hai, qui avait gagné la circonscription en 2017 face à Jean-Michel Fourgous (LR) et Benoît Hamon (Génération.s), LREM a désigné son candidat fin juillet.

L’élection législative partielle est la conséquence de la nomination, début juillet, de Nadia Hai comme ministre déléguée chargée de la Ville dans le gouvernement Castex.

Il s’agira de Pierre Luce (LREM), référent yvelinois du parti présidentiel depuis début 2019. « La 11e circonscription est un territoire que je connais, explique Pierre Luce, habitant à Maurepas, ayant vécu et travaillé à Élancourt notamment. Je suis très sensible aux problématiques rencontrées par la population et c’est un des territoires où il me faisait le plus envie de me présenter. »

Si cette élection partielle est sa première candidature, cet ingénieur informatique n’en est pas à sa première campagne politique. Marcheur de la première heure, il a créé le premier comité local d’En marche à SQY en 2016 et participé activement à la campagne présidentielle, avant d’être notamment directeur de campagne de Didier Baichère (LREM). C’est maintenant en tant que candidat qu’il se présentera le 20 septembre.

« J’ai à cœur de m’attaquer aux problèmes qui perturbent le quotidien des Français et plus particulièrement dans la circonscription. Je suis très sensible à la valeur travail qui permet de s’émanciper, le travail de la majorité présidentiel sur ce thème me touche beaucoup », insiste le candidat LREM à propos de ses axes de campagne, mentionnant également l’éducation. Il voit le rôle de député comme celui d’une « sorte de relais entre le national et le local » : « C’est un travail avec les associations, les élus, les citoyens, pour adapter localement les mesures qui sont votées au parlement, voir comment on peut mettre en place les dispositifs […] pour que tout le monde en bénéficie. »

Mais pour devenir ce fameux « relais », Pierre Luce aura fort à faire face aux autres candidats. « Je n’ai pas de complexe, j’apporte une certaine fraîcheur, tranche-t-il, non sans un léger tacle à peine voilé à ses opposants. Je serais entièrement dédié à ce mandat, je n’aurais pas d’autres mandats qui vont me divertir de mon mandat de député. »

Le 12 août, un troisième candidat s’est officiellement déclaré : Jérémy Bizet. Il part sous la bannière de France écologie, un « petit parti » dont il est vice-président et qui « se définit plutôt hors clivages, ni droite ni gauche », défendant une « écologie réaliste et positive ». Jérémy Bizet se présente « pour qu’il y ait une candidature écologiste » à ce scrutin, et a déjà été candidat à plusieurs élections législatives dans les 2e et 11e circonscriptions des Yvelines.

« Je me demandais si les écologistes allaient se présenter, et je me suis dit que de toutes manières, il n’y avait même pas à se poser la question : l’heure est grave pour l’écologie, affirme Jérémy Bizet, habitant de Cernay-la-Ville ayant fait ses études à SQY, qui « connaît » donc la circonscription. Il faut que les gens puissent affirmer haut et fort qu’ils veulent un changement politique et que ce n’est plus la gauche et la droite qui comptent. »

Il souhaite logiquement faire campagne sur l’environnement – avec pour projet de défendre l’agriculture biologique, le « localisme », les commerces de proximité, etc. -, et se voit comme une « solution alternative » aux autres candidats. Son objectif est en tout cas clair : « On se présente toujours pour être élu parce qu’on a envie que les idées qu’on défend soient majoritaires. » Jérémy Bizet a reçu le soutien du Mouvement écologiste indépendant et du mouvement Espéranto pour l’Europe, fondé par son suppléant Vincent Jacques. Avec sa candidature, il affiche la volonté de « rassembler les écologistes » et est toujours en discussion avec d’autres mouvements.

À gauche de l’échiquier politique, aucun candidat ne s’est encore déclaré mais les noms de l’ancien député Benoît Hamon et de Sandrine Grandgambe (Génération.s), première adjointe à Trappes et conseillère régionale, sont souvent évoqués. D’après 78actu, le PCF et le Front de gauche sont favorables à une « candidature de rassemblement ».

La France insoumise nous a quant à elle indiqué par mail son intention d’être présente dans cette élection, « sous la forme d’un soutien ou d’une participation », mais n’avait pas arrêté sa position en fin de semaine dernière. « Le PS ne présente pas de candidat, on défend l’idée d’avoir un seul candidat de la gauche », nous a par ailleurs expliqué Boris Venon (PS), premier secrétaire fédéral adjoint du parti.

Les forces de gauche de la 11e circonscription travaillent en effet de concert pour essayer de partir unies. Selon nos informations, une réunion de représentants locaux du PCF, du PS, de EELV, de la France insoumise et de Génération.s a eu lieu le jeudi 20 août pour échanger sur cette possibilité. Aucune décision n’aurait été prise durant cette réunion et un nouveau rendez-vous des forces de gauche était prévu en début de semaine pour trancher la question d’une candidature commune, si elles arrivent à un consensus.

Le Rassemblement national (ex-Front national) sera également dans la course. Le RN a indiqué dans un communiqué envoyé ce lundi que Laurent Morin (RN), ex-1er adjoint de Mantes-la-Ville quand cette commune était dirigée par l’extrême droite et désormais responsable départemental du parti en remplacement de Mathilde Androuet, serait candidat. « Le Rassemblement national a donc investi M. Laurent Morin dans cette circonscription hautement symbolique de l’urgence de faire revenir la France dans certaines banlieues, estime le communiqué. […] Laurent Morin, a été choisi pour son expérience politique dans des zones aux problématiques similaires. »

La liste complète des candidats devrait en tout cas être rapidement connue puisque le dépôt des candidatures a commencé ce lundi 24 août et se termine le vendredi 28 août. Pour le scrutin du 20 septembre, l’abstention sera par ailleurs à surveiller. L’élection législative partielle à venir aura été précédée des grandes vacances ce qui fait une courte campagne, sans oublier la crise sanitaire en cours, ni la dernière étape du Tour de France qui se déroulera le même jour que le premier tour et passera notamment par la circonscription.

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