Avec six binômes candidats aux élections départementales de fin juin, le canton de Trappes (Élancourt, La Verrière et Trappes) va être le plus disputé de Saint-Quentin-en-Yvelines. Il verra s’affronter les conseillers départementaux sortants de la majorité de centre-droite, une union de la gauche, la majorité présidentielle, deux listes sans étiquette et le Rassemblement national.

La droite essayera de conserver le canton de Trappes pour un mandat supplémentaire avec une nouvelle candidature d’Anne Capiaux (LR), adjointe à Élancourt, et de Nicolas Dainville (LR), le maire de La Verrière qui avait pris la place de Jean-Michel Fourgous (LR) au conseil départemental en 2017. Le maire d’Élancourt et président de SQY, sera cette fois-ci suppléant, avec Myriame Aourir (SE), présente sur la liste « Engagement Trappes citoyens » aux municipales.

« Je suis candidate parce qu’on a eu beaucoup de projets pendant ce premier mandat, qui ont besoin d’être aboutis, souligne Anne Capiaux. Un mandat passe vite, et on se rend compte qu’au fur et à mesure il y a de nouvelles mesures importantes à approfondir et à mettre en place. Donc on n’est pas arrivés au bout de nos objectifs. » Investie sur le thème de l’éducation, tant au Département qu’à Élancourt, elle insiste sur les reconstructions de collèges et le déploiement du numérique scolaire.

« Le Département, dans le champ de toutes les compétences que l’on peut énumérer, a une notion de protection », insistent Anne Capiaux (LR) et Nicolas Dainville (LR).

Nicolas Dainville cite quant à lui le doublement du pont de la Villedieu, le futur commissariat d’Élancourt, la rénovation du Bois de l’étang, la RN10, etc., autant de projets en partie financés par le conseil départemental. « Maintenant, dans le mandat qui vient, il faut les concrétiser », tranche-t-il, prévoyant aussi de nouvelles ambitions telle une maison de santé à La Verrière.

« En tant que maire de La Verrière, je me rends bien compte que le Département est le partenaire principal, avec l’Agglomération, de tous nos projets », poursuit-il. « Et c’est important d’être dans la majorité pour les porter », complète Anne Capiaux.

L’élue fait ici le lien avec ce que reprochent bon nombre des autres candidats : l’absence d’opposition au conseil départemental. « La règle démocratique veut que dans l’opposition on a cette liberté de parole, mais quand on est dans la majorité, on a cette liberté d’action, contredit Nicolas Dainville. Et, pour convaincre ses collègues de voter tel ou tel projet, c’est bien plus efficace quand on est dans la majorité. »

Les deux élus sortants rappellent aussi les autres prérogatives du Département. « Le Département, dans le champ de toutes les compétences que l’on peut énumérer, a une notion de protection, insiste Anne Capiaux, listant l’insertion, les médiateurs, le RSA, les mineurs isolés, les seniors, etc. On est là pour aider. » « Et on l’a vraiment vu pendant la crise sanitaire, où le Département était sur le terrain pour accompagner », ajoute Nicolas Dainville, en référence aux distributions de masques ou l’aide aux commerçants.

Face à la droite, la gauche partira unie pour tenter de ravir le canton de Trappes. La liste de large union de la gauche, soutenue par tous les partis de gauche, est portée par Anne-
Marie Bouquet (PCF), Élancourtoise dont c’est la première candidature, avec le maire de Trappes Ali Rabeh (Génération.s), qui attend toujours la décision du conseil d’État sur l’annulation par le tribunal administratif de son élection à la tête de Trappes ainsi que sur sa condamnation à un an d’inéligibilité. Les remplaçants de ce binôme sont Zoubida Rafiq (DVG), élue à La Verrière lors du précédent mandat et présente sur la liste de Jean-Yves Blée (DVG) aux municipales, et Boris Guibert (EELV), élu d’opposition à Élancourt.

L’ambition affichée par la gauche dans cette élection est de faire des Yvelines « un département écologiste et solidaire ».

Ali Rabeh n’a pas donné de suite favorable à notre demande d’interview. Dans les colonnes du Parisien, le maire trappiste a en tout cas estimé que c’est dans ce canton « que la gauche a le plus de chances de gagner ». « En tant que seul maire de gauche du canton, c’était ma responsabilité d’y aller », ajoutait-il auprès de nos confrères.

L’ambition affichée par la gauche dans cette élection est de faire des Yvelines « un département écologiste et solidaire ». « Le Département des Yvelines est l’un des plus riches de France, avance la liste « La gauche unie pour le 78 » sur Facebook. Pourtant, il est marqué par les inégalités sociales et n’a toujours pas pris la mesure de l’urgence climatique. »

Dans son tract, le binôme de gauche défend notamment sa volonté d’un « maillage de proximité des centres de PMI », la création d’une régie départementale de gestion de l’eau, le refus des « collèges-usines », l’élargissement du RSA aux 18-25 ans, le renforcement de « la présence d’adultes dans les collèges » et des « moyens des éducateurs de rue et des structures d’insertion », l’accélération du déploiement des pistes cyclables ou encore la généralisation de « l’alimentation bio dans les établissements collectifs ».

Entre la gauche et la droite, LREM a décidé de mettre son grain de sel dans le canton en présentant un binôme. Il est constitué de Christophe Buhot (LREM), maire de la commune voisine du Mesnil-Saint-Denis et animateur du comité local d’En marche dans le canton, et Aïcha Borges (LREM), Trappiste qui fut conseillère municipale à Toussus-le-Noble. Leurs remplaçants sont Carine Tounkara (LREM), travaillant à La Verrière et élue à Sartrouville, ainsi qu’Hervé Farge (LREM), élu d’opposition à Élancourt et président de l’APMSQ.

S’ils étaient élus, Christophe Buhot souhaite « reconstituer un débat démocratique au niveau du Département ». « L’idée, c’est aussi de mettre le zoom sur des vraies réalités, ajoute Aïcha Borges. Les compétences du Département, c’est avant tout le social et la solidarité. Aujourd’hui, il est parti un peu loin dans d’autres prérogatives, et il nous semble évident qu’avec la crise sociale, le Département a un rôle majeur pour relancer l’économie et accompagner les familles. »

« Les compétences du Département, c’est avant tout le social et la solidarité, avancent les candidats LREM. Aujourd’hui, il est parti un peu loin dans d’autres prérogatives. »

Ils souhaitent par exemple que le Département investisse davantage dans les éducateurs de rue afin de trouver « un équilibre entre la sécurité et la fermeté d’un côté, et l’accompagnement des familles et des jeunes », expose le maire du Mesnil.

Membres du parti présidentiel, ils veulent faciliter le lien entre le gouvernement et le canton. « On sait que la sécurité, ce n’est pas la compétence du Département, mais on se positionne en tant que marcheurs, parce qu’on a des liens privilégiés avec les parlementaires et Nadia Hai, qui portent des choses au niveau national sur les rodéos urbains, le gaz hilarant, les mortiers… », cite en exemple Aïcha Borges, qui veut aussi accompagner la mise en place de dispositifs de l’État pour « que ça arrive à l’habitant ».

« Vis-à-vis des habitants, notre ambition, c’est de remonter toutes les problématiques de terrain, […] qu’on puisse proposer des solutions avec eux au Département et au-delà, qu’ils aient le sentiment d’être entendus et qu’on leur rende des comptes », complète Christophe Buhot. Dans cette logique, ils préconisent la création d’un conseil départemental des jeunes.

Se décrivant comme « pragmatique » et « en prise directe avec le terrain et les gens qui dirigent », le binôme LREM évoque également la « transition écologique », « le manger-mieux au collège », le « bien-vieillir » ou encore « la culture pour tous ». « Notre résumé, c’est de dire que le Département doit s’occuper de ses habitants […] », conclut Christophe Buhot.

Comme dans les autres cantons, le Rassemblement national (RN) est présent dans celui de Trappes, avec la candidature de Christophe Gense (RN), Clétien novice en politique, et Nelly Billard (RN). « Je me présente parce que je veux changer les choses au niveau départemental sur la thématique de la protection de l’enfance, insiste Christophe Gense, confiant avoir lui-même eu « des soucis avec le Département » à ce sujet. Ce n’est pas pour moi, c’est pour aider ces familles qui sont en conflit avec l’Aide sociale à l’enfance (ASE, qui est une compétence obligatoire du conseil départemental, Ndlr). »

Une grande partie des propositions de Christophe Gense, se présentant « un peu » comme un candidat « anti-système », ont donc attrait à l’enfance ou à la parentalité. Il propose ainsi un meilleur contrôle « des différents intervenants qu’il y a dans l’écosystème de la protection de l’enfance », ou encore « créer une sorte de charte du respect des droits des familles et des parents ».

« Je me présente parce que je veux changer les choses au niveau départemental sur la thématique de la protection de l’enfance », explique Christophe Gense (RN).

Il souhaiterait aussi que les dépenses du Département dans le cadre « la coopération internationale », soient utilisées ailleurs, par exemple dans « la médecine de proximité pour anticiper et éviter des situations compliquées au niveau des familles ».

Sur la sécurité, Christophe Gense avance que le Département doit être « un levier pour soutenir les municipalités » et juge « qu’il y a un manque de communication et de sensibilisation sur les effets dramatiques que peut avoir le harcèlement au collège ». Comme tous les autres candidats du RN, il estime aussi que l’accueil des mineurs isolés étrangers, est une « problématique » : « Pour nous, un euro d’impôt yvelinois, c’est un euro dans les intérêts des Yvelines, c’est du bon sens. »

Outre ces quatre binômes, deux autres listes sans étiquette se présentent aux départementales. Nous n’avons malheureusement pas réussi à les contacter avant la mise sous presse de cette édition. Il s’agit d’un binôme composé de Robert Nagarettiname et d’Emmanuelle Remant, et d’un autre représenté par Gwladys Lussert et Hocine Touati.