Les 15 et 16 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris était rongée par les flammes. L’édifice a brûlé pendant près de 15 heures. Un important chantier de restauration a alors été entrepris pour ressusciter le monument. Neuf ateliers de maîtres-verriers et serruriers d’art se sont notamment vu attribuer un ou plusieurs marchés pour restaurer les vitraux. Parmi eux, MurAnése, situé à Saint-Rémy-lès-Chevreuse. À sa tête, Emma Groult, qui dirige une équipe de quatre personnes.

« On a été missionné dessus dès l’incendie. On était là sur la phase de sécurisation, et là, on a répondu à l’appel d’offres, donc ça doit faire un peu moins d’un an qu’on intervient vraiment sur la phase de restauration, évoque cette conservatrice-restauratrice de vitraux, qui en général intervient principalement pour les monuments historiques et les musées dans toute la France et dans quelques pays limitrophes. Juste après [l’incendie], j’ai coordonné tout ce qui était travaux de dépose de vitraux avec l’ensemble des ateliers. On était à l’époque sept ateliers, on est désormais neuf. » La restauration concrète a commencé depuis avril dernier, « mais on a suivi depuis 2019 l’avancée des travaux », ajoute-t-elle, rencontrée dans son atelier le 4 janvier.

L’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame de Paris tient à souligner « qu’aucun des vitraux de la cathédrale […] n’a été détruit ou abîmé dans l’incendie ». « Ils sont plutôt en bon état, confirme Emma Groult. C’était surtout un gros empoussièrement, lié à l’incendie mais pas que, aussi à la pollution atmosphérique pour tout ce qui était parties extérieures, et en intérieur, on avait aussi tout ce qui est lié à la présence de tant de visiteurs, qui génère pas mal de poussières sur les vitraux, les parements… »

Les vitraux sont issus des 39 baies hautes de l’édifice, de la nef, du chœur et du transept, ainsi que de la sacristie. L’atelier de Saint-Rémy-lès-Chevreuse s’est lui vu confier quatre verrières, provenant essentiellement du transept nord de la cathédrale. Ces vitraux sont « déposés en raison des contraintes du chantier », puis « nettoyés et restaurés en atelier avant d’être reposés », fait savoir l’établissement public. « On a eu la phase de dépose des vitraux qui était dans l’urgence, juste après l’incendie, mais nous, on avait aussi des vitraux à déposer là, au printemps dernier, car on est au niveau du transept, détaille Emma Groult. On va chercher les vitraux, on les emmène en atelier et, sur Notre-Dame, on avait une phase supplémentaire par rapport à d’autres chantiers, c’est la décontamination. Ensuite, c’est un travail plutôt classique de restauration avec du nettoyage, des reprises de casse quand on en a, des collages, etc. »

« Tout sera reposé avant l’été »

Un travail pour lequel il faut s’armer de patience. Une verrière, représentant environ 120 m² de vitraux, nécessite dix mois de travail pour cet atelier, qui gère aussi la restauration d’autres vitraux, comme ceux de la cathédrale de Chartres ou de la Villa Majorelle à Nancy. L’atelier a désormais terminé la restauration de la première verrière de Notre-Dame. « On devrait reposer dans le 1er trimestre 2023, on n’a pas encore de date, indique Emma Groult. La suite viendra et tout sera reposé avant l’été. Là, on a une verrière entière terminée. La suite continue en parallèle, mais en revanche, pour la repose, on est obligés d’échelonner. Il y a des procédures, et surtout, c’est un chantier où il y a une coactivité très grande, donc parfois, on ne peut pas travailler tant que d’autres n’ont pas terminé. Tout le monde intervient partout en même temps, donc c’est toujours compliqué. »

« C’est un travail minutieux, mais on a aussi le travail du serrurier, qui travaille lui à Angers. Il a aussi des interventions, et on est bloqués tant qu’on n’a pas d’informations de sa part. C’est un travail de plusieurs corps de métiers ensemble. En monuments historiques, on est toujours parfois un peu en attente des informations tant que les autres n’ont pas terminé, c’est pour ça que ça s’étale dans le temps », estime-t-elle.

Elle et ses équipes se disent en tout cas « assez fiers » de prendre part à la restauration d’un tel monument, « et on est d’autant plus fiers d’avoir été là dès le début, et de pouvoir mener jusqu’au bout ce grand projet un peu fou ». Et qui devrait s’achever, si tout se passe comme prévu, en 2024, avec la réouverture de la cathédrale.