Pari réussi pour Saint-Quentin-en-Yvelines. Voilà un an, l’Agglomération lançait une phase d’expérimentation d’une flotte de trottinettes électriques en libre-service sur son territoire périurbain. Un an plus tard, les trottinettes électriques Tier comptent plus de 50 000 utilisateurs et viennent de dépasser le million de trajets. Une 1re en France qui valide de bonne manière la stratégie « ambitieuse » de Saint-Quentin-en-Yvelines avec le lancement du service de micro mobilité de trottinettes électriques en libre-service.
Un an d’expérimentation
« Nous avions déjà été approchés par différents opérateurs avant 2020, mais nous voulions vraiment que le cadre légal et les offres aient une certaine maturité avant de nous lancer, explique Jean-Baptiste Hamonic (MoDem), le maire de Villepreux et vice-président de Saint-Quentin-en-Yvelines délégué aux transports et aux mobilités durables. D’autant plus lorsque nous avons constaté l’expérience négative de Paris avec ses multiples opérateurs. »
Entre-temps, la loi LOM (Loi d’orientation des mobilités), définissant plus clairement le cadre d’utilisation des trottinettes (âge, vitesse, Code de la route, etc.), a été votée et Saint-Quentin-en-Yvelines a mûri sa réflexion.
« Nous avons alors lancé un appel à candidatures, poursuit Jean-Baptiste Hamonic. Notre objectif était d’avoir un opérateur unique, pour éviter les écueils de Paris qui d’ailleurs réfléchit aussi à en avoir un seul aujourd’hui. Nous avons alors posé des critères ambitieux, en termes de sécurité. Nous voulions des garanties de l’opérateur sur une vitesse bridée, des stationnements bien définis et un usage clair de l’espace public. Nous voulions également une énergie propre et un fonctionnement clair. Tier est rapidement sorti du lot avec ses 20 km/h max, ses casques intégrés, ses stations délimitées, son suivi avec empreinte GPS des trottinettes et ses rangers qui interviennent pour le dispatch, les pannes, etc. »
1 500 trottinettes en circulation
Dans un premier temps, ce sont 300 stations « réparties sur tout le territoire, en accord avec les douze maires » qui ont été installées, et 1 000 trottinettes mises en service. Un an après, ce sont 350 stations qui existent et 1 500 trottinettes qui sont en circulation. Et, le service a trouvé son public. « Malgré les quelques remarques au départ, tout est rentré dans l’ordre, souligne l’élu. Et notre exigence de sécurité a été respectée. Nous déplorons seulement 5 % d’accidents, surtout liés d’ailleurs à des trottinettes privées qui ne sont pas bridées. Et seul 1 % de la flotte a été dégradé. »
Par ailleurs, Saint-Quentin-en-Yvelines, les villes et l’opérateur Tier ont travaillé à former les différentes polices municipales du territoire pour faire de la pédagogie et désormais aussi de la verbalisation. Grâce au GPS et au compte utilisateur, Tier peut également imputer des pénalités financières aux utilisateurs qui ne respecteraient pas les règles, notamment de stationnement.
Selon l’enquête réalisée avec Tier, les jeunes actifs et les étudiants sont fortement au rendez-vous. Mais pas seulement. Près de 30 % du report modal de la voiture s’est fait sur les trottinettes pour les 3 à 4 km pour rejoindre les gares notamment. 56 % des usagers déclarent faire des trajets domicile/travail. « Durant la crise du carburant, ce sont 20 % de plus de reports qui se sont faits, assure le vice-président aux transports. Au départ, notre cible était les salariés pour le dernier kilomètre entre le travail et les gares pour compléter le maillage des routes, des transports en commun et des pistes cyclables. Aujourd’hui, le public est bien plus large. »
Et il devrait l’être encore plus dans les années à venir. L’exemple de Saint-Quentin-en-Yvelines fait des émules. Les collectivités voisines, comme Versailles Grand Parc (VGP) ou Saint-Germain Boucle de Seine, expérimentent à leur tour les trottinettes en libre-service, ce qui permet de déployer les réseaux au-delà du territoire de l’agglomération. « Cela permet de développer une micro mobilité inter-villes, se réjouit le maire de Villepreux. En ville, comme à Villepreux, on constate également que les jeunes sans permis se sont appropriés les trottinettes pour faire leurs déplacements. Pour se rendre de la gare au centre de formation, il leur fallait 25 minutes de marche. Avec la trottinette, cela ne leur prend que 7 minutes. Nous réfléchissons avec la région Île-de-France pour mailler également les lycées. »
246 kilomètres de pistes cyclables en plus
Forts de ce succès, les douze maires de l’agglomération ont donc décidé de pérenniser les trottinettes. « Le déploiement va se poursuivre en co-construction avec les mairies, précise le maire. Nous ne nous donnons pas d’objectifs précis, mais nous voulons pouvoir répondre aux besoins des usagers. En parallèle, Saint-Quentin-en-Yvelines investit encore 37 millions d’euros pour créer 246 kilomètres de pistes cyclables supplémentaires (SQY en compte déjà 420, Ndlr). »
Et les entreprises du territoire ne veulent pas rester en retrait dans ce déploiement. Dans le cadre du PDIE (Plan de déplacement inter-entreprise), un certain nombre de négociations sont en cours avec Tier, « et nous faisons en sorte de faciliter les discussions », souligne Jean-Baptiste Hamonic. Enfin, avec l’arrivée des Jeux olympiques et paralympiques en 2024, Saint-Quentin-en-Yvelines essaye de faire en sorte que tous les sites saint-quentinois soient accessibles avec des mobilités douces. « Pour un territoire qui accueille nombre d’épreuves de cyclisme, ce serait un comble que l’on ne puisse pas venir à vélo ou en trottinette parce que le Comité olympique a passé des accords avec d’autres entreprises comme Toyota. Je pense que nous sommes en bonne voie pour trouver un arrangement. »
CREDIT PHOTOS 1 ET 2 : DR