Quand on roulait de bon matin, quand on roulait à Saint-Quentin… à trottinette ! Les trottinettes électriques en libre accès ont été officiellement lancées le 7 mai dans l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY), avec une inauguration de ce service à Villepreux. Un service qui se veut à la fois innovant, écologique, accessible, ou encore sécurisé. Il est développé par la société Tier, choisie par SQY pour déployer quelque 1 000 trottinettes sur 300 places de stationnement, marquées d’un rectangle vert au sol et présentes dans l’ensemble des 12 communes.
« Un service accessible, c’est un service qui est utilisé sur tout le territoire, c’est pour ça que nous proposerons nos trottinettes sur les 12 communes de SQY », souligne Alexander Souter, directeur général de Tier mobility France. Accessible, mais aussi abordable, avec notamment des tarifs solidaires pour les personnes à bas revenus, pour qui les frais de déblocage, s’élevant à un euro, sont offerts sur présentation d’un justificatif, alors que l’utilisateur doit dans la formule normale s’acquitter de cette somme, venant s’ajouter à un tarif d’utilisation de 15 centimes la minute.
Des prix au mois et à la semaine sont aussi proposés aux utilisateurs plus réguliers. Un service qui se veut donc abordable, mais aussi inclusif, notamment pour les personnes à mobilité réduite, avec « un kit de trottinettes électriques à intégrer dans leur fauteuil, fait savoir Alexander Souter. Ça va se faire imminemment. »
Ce mode de déplacement se veut également fiable en matière de sécurité pour l’usager. « Nos véhicules font plus de 30 kilos, ont des doubles freins mécaniques, et sont destinés à tous types d’utilisateurs, autant novices qu’avancés », affirme le directeur général de Tier. Des casques pliables et cinq charlottes sont aussi disponibles sur chaque trottinette. Leur utilisation est fortement recommandée et n’entraîne pas de supplément. Les trottinettes Tier, toutes immatriculées, sont bridées à 20 km/h. Par ailleurs, il est interdit d’être plus d’un par trottinette, de les utiliser lorsque l’on est mineur, et d’emprunter les trottoirs avec, la circulation sur la chaussée, pour les routes limitées à 50 km/h, et sur les pistes cyclables devant être privilégiée.
Tout est contrôlé par l’application mobile Tier, notamment le paiement et le déblocage de la trottinette. « C’est le même principe à la fin du trajet. Une fois que vous avez cliqué sur l’appli, vous appuyez sur le bouton fin de trajet […]. Mais ça ne marchera que si vous êtes dans une place de stationnement dédiée, révèle Alexander Souter. Donc il faut les prendre et les rendre dans les places de stationnement. » À noter aussi que des powerboxes permettront de venir recharger et récupérer les batteries des trottinettes.
« Nos études montrent que les trottinettes sont une solution pour les premiers et derniers kilomètres, résume Alexander Souter. Jean-Baptiste Hamonic (Modem), maire de Villepreux et vice-président de SQY aux mobilités, est de cet avis : « Selon la dernière étude globale des déplacements parue en 2020, 65 %, des déplacements en Île-de-France font moins de 3 km. Des déplacements courts, donc, pour lesquels de nouvelles solutions […] peuvent venir étoffer un bouquet de services diversifiés et complémentaires à destination des Saint-Quentinois. »
Mais quid du risque de dégradations, voire de vols ? « Les trottinettes sont vraiment conçues pour être en libre accès, assure Alexander Souter. On les améliore chaque année, on les teste, et on les utilise dans de nombreuses villes, où il peut y avoir des craintes de vandalisme. […] Tout est renforcé, il n’y a pas de câble qui dépasse, le câble de frein, on ne le voit pas, il est vraiment conçu pour être sûr et résister au vandalisme. Et si quelqu’un s’amuse à la prendre, on arrive à le traquer avec des GPS intégrés dans la trottinette. » Jean-Baptiste Hamonic semble lui rassuré, mettant en avant le « retour d’expérience de l’opérateur qui constate très peu de dégradations et de vols », alors que Tier est déjà implanté dans environ 100 villes très diverses en Europe.
Expérimentation de 12 mois renouvelables
Pour le vice-président saint-quentinois, la mise en place de ce nouveau moyen de déplacement s’inscrit dans la politique de l’Agglomération en matière de mobilités. « SQY est une terre d’innovations, et notamment dans le champ des transports et des mobilités », se félicite-t-il, rappelant les réalisations récentes dans ce domaine, comme les navettes autonomes, ou les boutons holographiques dans les bus. « C’est un beau produit, bien dans la culture innovante, numérique [de SQY], et ce souci de transports que nous avons », abonde le président de SQY et maire d’Élancourt, Jean-Michel Fourgous (LR).
Des trottinettes dont le coût de déploiement s’élève à 1,5 million d’euros. L’Agglomération a participé pour le marquage au sol des stations et la communication. Pour le reste, le financement est quasi essentiellement assumé par Tier, qui a déjà procédé à des recrutements locaux. « Au lancement, on est sur 13 emplois, et ça pourrait monter jusqu’à 30 », informe Alexander Souter.
Reste à voir si ces petits engins vont rentrer dans les mœurs des habitants. Sur les réseaux sociaux, les premiers utilisateurs livrent leurs impressions. « Ma fille vient de l’utiliser, elle est contente, pour le point négatif, […] 15 centimes la minute, ça monte vite », commente une internaute, tandis que d’autres s’inquiètent de la cohabitation avec les piétons.
De toute façon, il s’agit d’une expérimentation de 12 mois renouvelables. « Si cela fonctionne, pourquoi pas pousser le service encore plus loin », suggère Jean-Baptiste Hamonic. Ou déployer d’autres modes de déplacements développés par Tier à l’étranger, comme les vélos et scooters électriques. Alexander Souter l’a d’ailleurs déclaré : « Ce n’est que le début d’une collaboration durable et sur le long terme. »